Toujours aussi tonique, Souakri se rel�ve de plusieurs interventions chirurgicales. Malgr� ses 33 ans, jug�e d'�ge avanc� comme pour tout sportif d'�lite, Salima s'accroche et s'appr�te � relever un nouveau d�fi, celui des Jeux olympiques de P�kin o� elle nous promet une surprise avant de mettre un terme � sa carri�re. Aux derniers Championnats du monde, qui se sont d�roul�s � Rio de Janeiro, une championne du monde japonaise ne comprenait pas les raisons de l'absence de notre championne au pays de Pel�. Voici les explications de Salima Souakri... Le Soir : On ne s'attendait plus � revoir Souakri sur un tatami. Apr�s les multiples interventions chirurgicales, est-ce le retour ? Salima Souakri : Retour oui bien s�r, sinon qu�est-ce que je fais l�. Il est vrai que beaucoup pensaient que j��tais finie. Je n�ai pas �t� g�t�e avec mes 5 fractures au genoux. Avec l��ge, ce n�est pas �vident et il faut � tout prix �viter de se blesser. Pour cela, il faut beaucoup d�amour pour reprendre. Je me suis promis de ne pas sortir par la petite porte car j�estime que j�ai �t� parmi les meilleures. Ne pas s�entra�ner pendant trois jours est pour moi un calvaire, alors imaginez un an et demi sans entra�nement loin des tatamis, l�angoisse psychologique et physique. Je retiendrai l�aide de Kahina Sa�di, la championne d�Afrique qui m�a soutenue durant cette dure �preuve. Il est clair que je n�avais pas le moral pour rebondir, j�avais perdu tous mes rep�res moralement et physiquement je venais en plus d�avoir une rupture des ligaments crois�s. Le minist�re de la Jeunesse et des Sports et la F�d�ration nationale de judo m�ont envoy� en France avec l�aide de M. Berraf, pr�sident du Comit� olympique. Alors cela va mieux et c�est donc dans la perspective des Jeux olympiques de 2008 � P�kin qu�on vous a revue � la c�l�bre salle du Rama, EI-Mouradia ? Pourquoi le choix de cette salle ? Dieu merci, je vais mieux. Je pr�pare effectivement les J.O de P�kin � travers les championnats en Alg�rie fix�s pour les 23 et 24 janvier et le championnat d�Afrique qui se d�roulera au mois de mai � Casablanca au Maroc. Pourquoi le club Rama ? Parce qu'il y a de bons sparring- partners et des entra�neurs tr�s s�rieux, un staff technique vraiment � encourager. C'est une salle o� on peut s'entra�ner et travailler dans de bonnes conditions. Ceci dit, il ne faut pas que j'oublie mon club, le MCA o� je suis depuis 15 ann�es et qui m'a toujours respect�e, sp�cialement, M. Djouad, le pr�sident qui n'a jamais l�sin� sur les moyens pour m'aider et croire en moi. Tout le monde s'accorde � dire que Salima Souakri aurait pu �tre plusieurs fois championne du monde, malheureusement vous �tes au judo ce que Poulidor �tait au cyclisme, � savoir l'�ternelle seconde voire 5e lors des grandes joutes internationales... Comment expliquez- vous ces ratages ? J'aime bien l'exemple de Poulidor, mais vous savez, le sport �a peut �tre aussi un coup de chance. Il arrive que le jour J on est mal en point, ou c'est le contraire et l� on peut casser la baraque. Savez-vous que sans fausse modestie, je suis la premi�re femme � avoir remport� le tournoi de Paris qui est un mini-championnat du monde gar�ons et filles �quivalant en quelque sorte au Roland Garros du tennis. Par ailleurs, j'ai r�colt� en 2006 beaucoup de points qui m�aideront � ma qualification aux J.O de P�kin. Quels sont les regrets que vous avez aujourd'hui par rapport � votre carri�re ? En fait, je n'ai pas vraiment de regrets. J�ai une telle passion du judo que je n'ai pas fait attention aux int�r�ts bassement mat�riels. A 17 ans apr�s les J.O de Barcelone et la m�daille de bronze d�croch�e en Argentine, il me semble que c'est cette ann�e l� qu'il fallait qu'un responsable ait le courage de m'envoyer quelque part. Sachez que je me suis toujours entra�n�e seule sans aucune prise en charge ni entra�neur sp�cialis�. Ceci dit, il ne faut pas faire la fine bouche. Comment avoir des regrets quand on a eu 12 titres africains, une m�daille de bronze mondiale, une m�daille d'or aux Jeux m�diterran�ens � l'�ge de 17 ans, une m�daille au tournoi de Bercy, je ne crache pas dessus mais je sais qu'avec une meilleure prise en charge, j'aurais mieux fait. On parle beaucoup de Kahina Sa�di, M�riem Moussa et Soraya Haddad qui vous vouent une grande admiration ; pensez-vous qu�elles repr�sentent une digne rel�ve ? Effectivement, nous avons une tr�s bonne rel�ve. Il y a Kahina Sa�di, Rachida Ouardane, Madani Souhir et bien d'autres ; des athl�tes auxquelles je pr�vois un bon avenir et souhaite plein de succ�s. On se quitte sur un dernier mot ? Absolument. Je tiens � saluer et embrasser du fond du c�ur mes amis handicap�s de l'Association El Wafa. Ce sont des citoyens qui ont besoin d'aide. Chez nous, l'handicap� est g�n� par le regard du passant. Nous n'avons aucun am�nagement urbain qui leur permet de vivre comme des gens normaux. J'aimerai que l'on pense � eux et que les autorit�s mettent du leur pour leur venir en aide.