Un soleil g�n�reux inondait Alger mardi pass�, ce m�me soleil qu'Oscar Niemeyer a su �taler sur l'�uvre architecturale qu'il imagin�t � Bab- Ezzouar, l'Universit� des sciences et de la technologie Houari-Boumedi�ne (USTHB). Du b�ton arm� faisant surface �� et l� sur des milliers de m�tres carr�s, sous des formes g�om�triques �pur�es, � l'image de son plus �tonnant et imposant �difice, le village universitaire. Immense hall ferm� sur ses quatre c�t�s, recevant la plus grande partie de sa lumi�re d'un grand cercle de quelques m�tres de diam�tre en son centre ouvert sur le ciel. �Pour les adeptes de science fiction, il est facile d'imaginer ce grand cercle lumineux et vitr� comme le � centre de commande du vaisseau m�re�, imagine Salah en souriant, un �tudiant en premi�re ann�e qu'en a rencontr�. Il s'�tonne encore de cette architecture �dr�lement futuriste pour une construction qui a plus de trente ans d'�ge�. Salah nous dit que ce n'est que la seconde fois, depuis des mois qu'il est � Babez (nom que donnent famili�rement les �tudiants � l'USTHB), qu'il foule le sol du village universitaire. �Je n'ai pas grand-chose � y faire, je n'utilise pas le bureau de poste, mon dossier de bourse n'est pas fait et la cantine n'est pas ma tasse de th�. Je n'ai pas encore pris l�habitude de prendre avec mes stylos une cuill�re � soupe pour d�guster leur gastronomie�, ironise- t-il. Avant de continuer d'un air plus s�rieux cette fois : �Aujourd'hui, c'est sp�cial, je suis venu jeter un coup d'�il sur le festival de Manga� Je suis un passionn�, un vrai otaku (passionn� de Manga et jeux vid�o en japonais). Il y a pas mal de trucs sympas.� Le premier festival de Manga en Alg�rie Intitul� Metal Manga 2008, il a eu lieu la semaine derni�re au village de l'USTHB. Une initiative de trois jeunes otaku : Yacine Haddad, Brahimi Salim et Benssaddek Massinissa. Le premier est �tudiant et mangaka(dessinateur de Manga), il vient de publier ses premi�res planches sous le pseudonyme de Samy Kun, dans le magazine du second otaku, connu, lui, sous le pseudonyme de Sayan (super guerrier), un jeune licenci� en droit qui vient de lancer sa petite entreprise d'�dition pour sortir son magazine sp�cialis� en Manga et jeux vid�o, Laabstore. Le troisi�me est �tudiant et membre de l'Organisation nationale des �tudiants alg�riens (ONEA). Il s'occupe de l'�v�nementiel et a aid� les deux premiers � coordonner la r�alisation de ce festival avec la direction de l'universit�. Il restait un autre acteur pour rendre l'�v�nement attractif et interactif, le sponsor. C'est le repr�sentant en Alg�rie d'une grande marque de produits �lectroniques japonais qui s'y colle, avec banderoles g�antes � l'entr�e du village, stand de pr�sentation des produits anim� � coups de tombola et d'�crans plats surdimensionn�s. Tout un programme En r�alit�, le sponsor a fait plus que de la simple figuration, il a aid� � mettre sur pied la moiti� du festival, qui est la partie concours. Le concours de dessin de Manga, ouvert � tous les dessinateurs en herbe qui ont vu leurs chefs-d'�uvre affich�s pendant toute la semaine du festival, et le concours de jeux vid�o, deux grands tournois de deux jeux diff�rents qui ont rassembl� des dizaines de participants qui passaient les qualifications jour apr�s jour sous les encouragements de centaines d'�tudiants venus en supporters r�els et anim�s de jeux virtuels. La seconde partie �tait celle de l'expo-vente des Mangas anim�s (dessins anim�s) t�l�charg�s le plus souvent d'Internet puis regroup�s et grav�s sur des DVD, c�d�s entre 100 et 150 DA l'unit�. Mais c'est incontestablement les Mangas �papiers � qui ont le plus attir� les curieux et les connaisseurs. Tr�s rares sur le march� alg�rien en raison de leur prix exorbitant, ces versions originales, d'o� sont adapt�s la plupart des mangas anim�s, sont de petits livres de poche qui, � la diff�rence des BD europ�ennes ou Comics am�ricains, sont peu ou pas color�s, un choix esth�tique (qui caract�rise le Manga) qui donne la primeur aux mouvements et � l'action, notamment dans les sc�nes de combat pr�sentes m�me dans les sh�jo, appellation donn�e aux Mangas sentimentaux destin�s, selon les �diteurs japonais, aux jeunes adolescentes. Etait pr�sent avec un stand charg� de nouveaut�s, le seul grand diffuseur de Mangas en papier en Alg�rie, BMPS Diffusion, qui offrait au toucher et � la contemplation cet objet si longtemps r�v�, m�me pendant le festival puisque les prix d'un seul tome variait entre 700 et 1 300 DA, quand on sait que certaine s�ries peuvent d�passer, en peu de temps, les 40 tomes, l'entreprise d'assouvir sa passion devient impossible. Une lueur d'espoir montre son premier rayon, selon Mehdi La�chaoui, un des jeunes responsables de la diffusion au sein de BMPS Diffusion, les n�gociations vont bon train avec les �ditions fran�aises d�tentrices des droits de traduction, et les prix des Mangas papiers devraient consid�rablement chuter d'ici peu. Manga en version DZ En attendant, les jeunes mangaka alg�riens ont d�cid� de passer � l'offensive, comme l'a fait Yacine Haddad en publiant son propre Manga dans le Magazine Laabstore. Ce sympathique �tudiant, qui semble tout droit sorti d'un Manga humoristique, est tellement enthousiaste quant � la force cr�ative des jeunes Alg�riens qu'il a initi�s pendant ce festival un atelier de dessin de Manga, en alliant technique et p�dagogie, pour ceux qui veulent comme lui franchir le pas. Il restera n�anmoins un autre pas � franchir, celui de l'�dition, comme tente de le faire le jeune �tudiant en m�decine, Mohamed, connu sous le pseudonyme de Natsu, un talentueux mangaka qui a cr�� des dizaines de planches � � vrai dire toute une histoire � et qui essaie depuis des ann�es de trouver preneurs parmi les �diteurs alg�riens, en vain. Encore un art qu'on barre Ce festival, qui s'est cl�tur� par un miniconcert m�tal o� ont �t� jou�s quelques g�n�riques de Mangas anim�s connus, tels que Naruto ou Bleech, a permis de montrer � quel point le Manga et la culture japonaise � travers les jeux vid�o et films sont pr�sents chez les jeunes otaku. Des jeunes qui, gr�ce leurs dessins, courts m�trages et le brassage des cultures, cr�ent de nouvelles interpr�tations, un art nouveau, de plus en plus pr�sent dans la culture des jeunes Alg�riens, mais qui paradoxalement demeure d�laiss� par les �ditions et productions, ignor� par la t�l�vision alg�rienne d'aujourd'hui, qui pourtant, et quelle ironie, a �t� � la base de sa cr�ation. Certes, les Mangas anim�s continuent � �tre diffus�s sur l'unique, mais les jeunes pr�f�rent le plus souvent les regarder d�s leur sortie japonaise, troquant les longues ann�es que prendra le doublage dans les pays du Moyen-Orient, contre les sous-titr�s que fabriquent parfaitement les passionn�s et parmi eux encore des� Alg�riens. Comme la Sayonara Team, une �quipe alg�rienne qui sous-titre des Mangas en diffusion mondiale sur les sites de partage de vid�o, tels que Youtube ou Dailymotion, et qui a pour projet de faire bient�t des sous-titres en arabe, voire en dialectal ! Y. H. C'est quoi le Manga ? C'est le mot qui d�signe la bande dessin�e japonaise, qui respecte certains codes visuels diff�rents de ceux des BD europ�ennes ou Comics am�ricains. La traduction litt�rale du mot manga, un mot japonais compos�, �man� qui signifie involontaire ou libre, �ga� est l'esquisse ou le dessin. Le mot peut donc avoir plusieurs traductions telles que �esquisse libre� ou �dessin involontaire�. Le mangaka est celui qui dessine le Manga.