La salle des d�lib�rations de l�APW de Mila a abrit�, jeudi apr�s-midi, une rencontre passionnante et par moments poignante autour d�un th�me bien d�actualit� �le syst�me de la carte Chifa�, entre un concepteur et fervent d�fenseur de ce syst�me, en l�occurrence le Dr Acheuk Youcef Chawki, directeur de la Cnas de Mila, et le Dr Hitache Hakim, m�decin interniste � Constantine, soutenu lui, par un parterre de confr�res presque tous acquis � sa vision des choses. Dans une communication br�ve et circonspecte, le Dr Acheuk a bross� un tableau reluisant de ce syst�me bas� sur les nouvelles technologies de l�information et de la communication qui all�gera, � coup s�r, toutes les proc�dures de gestion des dossiers de la prise en charge financi�re de l�assur� social et permettra �galement une prise en charge m�dicale qualitative, rapide et efficace. C�est donc tout un symbole d�int�gration de la Cnas dans l��conomie fond�e sur la connaissance, avec, de prime abord, de multiples avantages allant de l�automatisation et la facilitation des remboursements � une meilleure ma�trise des d�penses et un moyen efficace de lutte contre la fraude et les abus, en passant par la facilitation de l�acc�s � l�historique du malade. Avec ses 7 millions d�assur�s sociaux, 28 millions de b�n�ficiaires, 35 milliards de dinars en forfaits h�pitaux, 54 milliards de dinars en produits pharmaceutiques, 3 en conventions de services sp�cialis�s et plus de 50 millions d�ordonnances rembours�es par an, la Cnas a-t-elle le droit de tourner le dos aux nouvelles technologies ? Chose que le Dr Hitache n�entend pas de la m�me oreille, lui qui dans une communication intitul�e �analyse critique du syst�me Chifa�, a tir� � boulets rouges sur les concepteurs et la conception, si conception il y a, puisqu�il soutient que ce projet n�est qu��une copie � copier-coller � du syst�me Sesam-Vitale fran�ais, lanc� dans un contexte socio�conomique tr�s peu favorable, d�o� son hypoth�tique avenir�. Pour le Dr Hitache, malgr� l�importance du syst�me priv� qui repr�sente plus de 50% du syst�me national de sant�, il n�existe aucun rapport ni lien entre l�administration sanitaire et le m�decin priv� et quant aux rapports avec les caisses sociales (Cnas- Casnos), ils sont souvent conflictuels car parler de partenariat dans ce cas-l� rel�ve tout simplement de la th�orie et de l�hypocrisie. Quel est le statut de ces caisses d�abord ? se demande-t-il, pour r�pondre ensuite : �Ce ne sont pas des administrations publiques, mais des organismes de droit priv�, donc financi�rement autonomes et sont r�put�es commer�antes. Le malade et le m�decin y subissent au quotidien le m�pris et les d�passements des agents et autres m�decins conseils : rejets verbaux d�ordonnances, modification des prescriptions et posologies, changement des dur�es d�arr�t de travail, contr�les a priori non r�glementaires et autant d�autres mesures arbitraires. La Cnas se comporte en sup�rieur hi�rarchique et du m�decin priv� et du malade. Et voil� que maintenant elle nous convie � d�battre de la carte Chifa, d�battre ? Mais cette carte est d�j� chez l�assur� social ! Tout est ficel�, les lois sont vot�es et le syst�me est en marche, mais sans le m�decin, donc � blanc !� Parlant de la tarification des actes m�dicaux, le Dr Hitache l�a qualifi�e d�obsol�te et humiliante. �Cette question semble aujourd�hui au c�ur de toutes les pr�occupations, occultant pratiquement l�aspect qualitatif de notre syst�me de sant�. Il est cependant important de rappeler que la Cnas s�est gard�e depuis plus de 20 ans de revoir la tarification, et ce, � son avantage exclusif. Le m�decin priv� s�est retrouv�, par la force des choses, contraint de pratiquer des tarifs officieux certes mais bien en de�� de la valeur r�elle des actes m�dicaux. Le m�decin a donc bel et bien �t� impliqu� malgr� lui et � son pr�judice dans une politique sociale d�cid�e par d�autres. Doublement p�nalis�, il est injustement accus� de pratiquer des prix �lev�s, de profiter des malades et subit du coup une perte de client�le repr�sent�e par des patients aux revenus modestes.� Parlant du syst�me Chifa, cens� �tre le dernier maillon et l�aboutissement de toutes les r�formes de sant� et de s�curit� sociale, le communicant rel�ve qu�il a d�j� le m�rite de mettre � nu toutes les incoh�rences et les contradictions de nos politiques de sant� et de s�curit� sociale. �Ce syst�me que l�on veut nous infliger, tel qu�il est con�u, est tout simplement une d�localisation int�grale de la gestion et du contr�le des abus et fraudes de la Cnas vers les structures de sant� mais � la charge de ces derni�res et sans aucune contrepartie ou d�dommagement. D�abord sur le plan purement logistique, il est demand� au m�decin priv� de s��quiper � ses frais en mat�riel informatique lourd conforme au cahier des charges de la Cnas, d�acqu�rir une formation informatique g�n�rale et sp�cifique pour l�utilisation de la carte Chifa et du logiciel de la Cnas, toujours aux frais du m�decin (alors qu�elle est prise en charge par la caisse pour les pharmaciens). Ensuite : de faire un tas de menus travaux et autres proc�dures qui ne concernent en fait que la Cnas et � son seul b�n�fice �, mart�le le Dr Hitache sous les ovations de ses confr�res, avant de d�clarer que les concepteurs de la carte Chifa ont tellement mal fait que le syst�me �chouera de lui-m�me, sans avoir recours � un quelconque rejet ou r�ticence de la part des autres partenaires. �Sous pr�texte d�une faillite imminente de la s�curit� sociale, on a pouss� l��go�sme jusqu�� faire endosser aux m�decins tous les maux et malheurs de cette caisse. Sont-ils vraiment responsables de la mauvaise gestion de cette derni�re ? Et pourquoi ne pas appliquer ces mesures d�aust�rit� aux vrais responsables de cette situation financi�re, peu reluisante, de la Cnas ? Par une telle politique du fait accompli et un arsenal r�pressif exceptionnel, on a voulu r�duire le m�decin � un esclave au service de la Cnas�, conclut-il. Un d�bat passionnant, parfois houleux, a mis aux prises les uns avec les autres. Le Dr Acheuk, seul contre tous mais ma�trisant parfaitement son sujet, a bien d�fendu sa cause, estimant que certains aspects des assertions du Dr Hitache l�ont vraiment choqu� car infond�es, diffamantes et font souvent dans l�anticipation car la carte Chifa est un syst�me, tandis que le conventionnement est une autre paire de manches, n�gociable au pr�alable. Fin diplomate et bon orateur, le directeur de la Cnas de Mila rassure tout le monde en terminant en disant ceci : �Tout nouveau syst�me fait peur et pose quelques contraintes d�ordre pratique, ce syst�me qu�on est en train de mettre en place ne sera appliqu� que graduellement et corrig� au fur et � mesure. Le jour o� vous verrez le docteur Acheuk Youcef Chawki remettre le tablier pour se d�marquer de cette fonction, dites-vous alors que quelque chose ne tourne pas rond.�