Le 15e café médical de l'association des médecins privés de la wilaya de Mila (AMP), organisé, jeudi dernier, à la salle des conférences de l'APW, et ayant pour thématique « Le système Chifa », a donné lieu à des joutes oratoires passionnées, passionnelles, voire virulentes. « Le système Chifa, obligatoire pour la CNAS et les assurés, est certes un processus long, appelé à être généralisé vers la fin 2010 mais, avec 7 millions d'assurés, 28 millions de bénéficiaires, 40 milliards de dinars en forfait hôpitaux et 60 milliards de dinars en produits pharmaceutiques, la sécurité sociale nationale reste l'un des sept meilleurs au monde de par les créneaux qu'elle couvre », a souligné le Dr Chawki Acheuk-Youcef, directeur de la CNAS de Mila. Ce dernier parlera aussi de la nomenclature, qui est passée de 1 600 à 7 000 actes médicaux, et de la carte Chifa, qui est un outil de gestion n'ayant rien à voir avec le volet des conventionnements avec les praticiens, lequel sera appliqué ultérieurement. L' « Analyse critique du système Chifa », thème brillamment développé par le Dr Hakim Hitache, spécialiste en médecine interne au CHU de Constantine, se situera aux antipodes du tableau en rose, brossé par le représentant de la CNAS. Trouvant scandaleux les lourdes sanctions pénales, prévues contre les praticiens « usant de faux diagnostics », et considérant « inadmissible » que la sécurité sociale parle de chiffre d'affaires de médecin, il n'en tirera pas moins à boulets rouges sur la facturation de la carte Chifa et sur le rôle d' « espion » qui lui est imparti, et qui ne s'arrêtera pas là puisqu'elle a accès aux informations concernant les professionnels de la santé, y compris les praticiens cabinards. Le paradoxe de la TVA qu'on applique au malade et pas au médicament et les monstrueuses disparités de remboursement des frais de consultation du patient sur la base de 50 DA, s'agissant d'un généraliste et 100 DA pour le spécialiste, ont été, entre autres, autant de problématiques mises à nu par l'intervenant. N'a-t-on pas placé la charrue avant les bœufs ? Et a-t-on préparé un environnement favorable à la mise en œuvre du système Chifa ? C'est sur ces préoccupations que plusieurs participants à cette conférence-débat ont focalisé leurs interventions et déploré leur exclusion dans l'élaboration de ce projet.