Le pr�sident k�nyan Mwai Kibaki a annonc� hier la nomination du chef de l'opposition Raila Odinga au poste de Premier ministre, en rendant publique la composition d'un gouvernement de coalition devant r�gler la sanglante crise post-�lectorale qui a �branl� le pays. Ce gouvernement de �grande coalition�, selon l'expression de M. Kibaki, devra s'attacher selon lui � �construire un nouveau Kenya�, apr�s les violences politico-ethniques qui ont suivi la contestation par l'opposition de l'�lection pr�sidentielle du 27 d�cembre, entach�e de graves irr�gularit�s. �Construisons un nouveau Kenya o� la justice est notre bouclier (...) et o� la paix, la justice et l'abondance existeront � travers notre pays�, a ajout� M. Kibaki lors d'une allocution retransmise en direct par les t�l�visions k�nyanes depuis la pr�sidence � Nairobi, en pr�sence notamment de M. Odinga. Dans le cadre du gouvernement de coalition, Uhuru Kenyatta - fils du premier pr�sident du pays Jomo Kenyatta et repr�sentant le camp pr�sidentiel - et Musalia Musavadi, repr�sentant le Mouvement d�mocratique orange (ODM) de M. Odinga, ont �galement �t� nomm�s vice- Premiers ministres. Le camp pr�sidentiel et l'ODM se r�partissent les porte-feuilles minist�riels dans ce cabinet, conform�ment � un accord conclu le 28 f�vrier entre MM. Kibaki et Odinga, sous la m�diation de l'ancien secr�taire g�n�ral des Nations unies Kofi Annan, pour mettre fin aux violences politico-ethniques. La contestation par l'opposition de la r��lection de M. Kibaki a plong� le Kenya - pays jusque lors consid�r� comme un mod�le de stabilit� dans une r�gion particuli�rement troubl�e - dans une crise politique majeure, qui a fait 1.500 morts et plus de 300 000 d�plac�s, essentiellement dans les semaines qui ont suivi le scrutin. Depuis la signature de cet accord, les n�gociations entre les deux camps avaient �t� marqu�es par la m�fiance et les accusations r�ciproques de vouloir saboter l'application du texte. L'accord avait certes �t� ent�rin� � l'unanimit� par le Parlement le 18 mars, mais les tractations sur la formation du gouvernement s'�taient ensuite enlis�es. MM. Kibaki et Odinga avaient finalement affirm� le 3 avril �tre tomb�s d'accord sur la taille et la composition de ce gouvernement pr�voyant la cr�ation d'un poste de Premier ministre destin� � M. Odinga. Mais deux jours plus tard, leurs deux camps avaient une nouvelle fois affich� leurs d�saccords profonds sur l'attribution des postes cl�s du gouvernement, entra�nant une suspension des discussions. Face � la perspective d'un nouveau blocage politique susceptible de provoquer d'autres violences, la communaut� internationale avait multipli� ces derniers jours les pressions sur les dirigeants k�nyans pour qu'ils trouvent un terrain d'entente sur le partage des porte-feuilles minist�riels. Les craintes de nouvelles violences avaient �t� raviv�es par des manifestations fustigeant les retards dans l'annonce du cabinet. Ces manifestations ont �clat� en d�but de semaine � Nairobi dans le bidonville de Kibera, fief de M. Odinga o� les affrontements politico-ethniques et la r�pression polici�re du d�but de l'ann�e avaient �t� particuli�rement meurtriers. En d�but de semaine, Washington, alli� traditionnel du Kenya, avait r�clam� la formation �sans plus de d�lai� d'un gouvernement de coalition. En l'absence d'un tel gouvernement, les Etats- Unis ��tabliront leur propre jugement sur les responsabilit�s ayant conduit � l'�chec dans la mise en oeuvre de cet accord et agiront en cons�quence�, avait pr�venu la secr�taire d'Etat am�ricaine, Condoleezza Rice.