Pour la premi�re fois depuis la fin des ann�es 1960, la commune de Guenzet Nath Yala, dans le nord de la wilaya de S�tif, organise une v�ritable activit� culturelle. En r�alit�, la journ�e de Youm El Ilm n�est qu�une occasion pour relancer � la faveur de la nouvelle configuration de l�Assembl�e communale, l�action culturelle presque inexistante dans cette contr�e montagneuse. Et pourtant, ce pays rec�le une m�moire immense particuli�rement dans la r�sistance des populations de cette partie de la Petite Kabylie contre l�oppression fran�aise notamment. Pour ce faire, le moment phare de cette activit� est la conf�rence sur le nationalisme. Dans cette commune, o� l�Islam tol�rant et respectueux des consciences fait partie de la culture qui cimente la solidarit� et la coh�sion entre les Yalaouis, lorsque l�on �voque le nationalisme, cette conviction est forc�ment expurg�e de tout chauvinisme et autre anath�me. Chez les Yalaouis, il a obligatoirement un sens noble. Il a �t� l��me des braves qui refusent de courber l��chine et qui refusent la fatalit� de la soumission. Il n�est point un viager que l�on n�gocie contre des subsides comme le font malheureusement de mani�re ostentatoire ceux qui, depuis l�ind�pendance, r�gentent notre pays mais qui ont leurs comptes bancaires dans les �tablissements financiers parisiens. Ici, les hommes forts de leur amour pour leur patrie d�fendent la pierre. Cette noble pierre qui a fa�onn� leur caract�re de guerrier aux c�t�s d�El-Mokrani. Le colonel Amirouche n��tait-il pas comme un poisson dans l�eau entre les Yalaouis ? Lui l�homme de la Wilaya III se sentait comme chez lui lorsqu�il venait inspecter ses troupes dans les montagnes rocailleuses d�Adrar, de Thilla, de Sidi- M�hand Ouyahia� Il savait qu�il avait en face de lui des hommes d�honneur pour qui la mort est meilleure que la d�faite. Le refus de se rendre et le sacrifice de l�h�ro�ne Malika Ga�d � qui Amirouche a conseill� de rejoindre le maquis sont un exemple parmi tant d�autres. Il suffit de questionner les moudjahidine de Bouira sur la bravoure de cette femme. Ne jamais se plaindre, ne jamais courber l��chine, ne jamais d�vier de la droiture quitte � le payer de sa vie. C�est la pens�e des enfants de Guenzet. Les Yalaouis avaient le caract�re dur. Comme les pierres qu�ils d�fendaient. Cette r�solution a enfant� des hommes qui ont particip� � faire l�histoire de l�Alg�rie et pas ceux que rejette l�histoire de notre pays. Cette noblesse a �t� ch�rement pay�e. 600 martyrs recens�s pour une population qui ne d�passait pas les 6 000 �mes. En 1974, Houari Boumediene avait tenu � faire un voyage � travers les chemins difficiles creus�s dans les montagnes jusqu�� Guenzet. Lui, le nationaliste, voulait absolument voir cette extraordinaire contr�e qui avait tant donn� � la R�volution de Novembre. Sur place, il avait d�couvert quelques simples hameaux �pars construits en pierre d�sesp�r�ment accroch�s � la montagne rocailleuse. Les mots qu�il pouvait prononcer ne pouvaient pas d�crire son �motion. Il avait gard� le silence significatif. Des entrailles de ces pierres justement ont surgi des hommes qui ont particip� grandement � fa�onner l�Alg�rie. M�hamed Bouguerra, chef de la Wilaya IV, est n� � Khemis Miliana parce que son p�re du village de Titest de ce pays avait �t� mut� dans cette ville. Sa�d Kihal, secr�taire g�n�ral du PPA, a �t� le premier martyr alg�rien � mourir sous la torture des tortionnaires fran�ais. Salah Bouakouir avait pr�c�d� Ali la Pointe et Hassiba Ben Bouali pour donner l�exemple sur la fa�on de r�sister, les armes � la main, jusqu�� la mort. L�arm�e fran�aise, consciente que cette r�gion �tait un creuset du nationalisme engag�, avait br�l� des corps � l�aide des chalumeaux, ex�cut� sommairement, enferm� et d�port� hommes femmes et enfants, mobilis� l�artillerie et l�aviation pour bombarder des villages et des hameaux entiers, r�duit � la faim sans pour cela go�ter � la satisfaction d�entendre les Yalaouis g�mir ni courber l��chine.