A la veille du tomber de rideau sur la semaine culturelle comm�morant le 15e anniversaire de l�assassinat de Tahar Djaout, deux �diteurs de presse, un ancien et un actuel, qui ont plus ou moins c�toy� l�auteur de l�Expropri�, sont venus � la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi- Ouzou t�moigner du v�cu de leur exconfr�re, de son �uvre litt�raire et de son combat journalistique, notamment � travers le journal Rupturedont il �tait le fondateur et qui symbolisait sa d�marche. Rupture ! Il ne s�agissait pas d�un simple logo choisi au hasard mais d�une ligne �ditoriale r�ellement en rupture non seulement avec le syst�me politique en place en compromission avec l�islamisme politique, avec le climat politique ambiant de son �poque mais aussi avec la fa�on d��crire, d�interpr�ter et de pr�voir les �v�nements. Tahar Djaout racont� par Omar Belhouchet appara�t comme un journaliste au style incisif, limpide, passant du litt�raire au combatif, aux positions tr�s courageuses, offensives et radicales, pol�miste mais �tranger � l�intol�rance et � l�invective. Il s�agit d�un homme, d�un journaliste et d�un combattant aux convictions profondes, dira encore le directeur du journal El Watan parlant de sa perspicacit�, de sa vision � long terme, de ses id�es et analyses sur les dangers qui mena�aient le pays. Abrous Outoudert, ex-directeur du journal Libert�, �voque de son c�t�, les souvenirs de lyc�ens et universitaires partag�s avec l�auteur de l�Expropri�, �uvre majeure et pr�lude aux autres romans du m�me auteur. Le contenu s�ditieux, pour l��poque de la pens�e unique, de l�Expropri� s�est heurt� � deux reprises � la censure de la commission de lecture charg�e de l�imprimatur au sein de l�Entreprise nationale d��dition, rappellera l�ex-directeur de Libert� qui, se trouvant � l��poque au minist�re de l�Information et de la Culture, a v�cu de tr�s pr�s les p�rip�ties ayant pr�sid� � la sortie du premier roman de Tahar Djaout qui n��tait pas � son premier succ�s, affirme A. Outoudert signant le prix obtenu par le m�me auteur dans un concours litt�raire lui donnant le droit � un voyage � l��tranger qu�il d�clina, son intention �tait seulement de prouver ses aptitudes et qualit�s litt�raires, pr�cisera le conf�rencier. Les deux �diteurs eurent l�occasion de s�exprimer, �galement, sur le patriotisme de Tahar Djaout, comme le fera Mohamed Balhi, journaliste et �crivain, r�pondant en cela aux propos injurieux de Tahar Ouettar affirmant que l�assassinat de Djaout n�est une perte que pour sa famille et pour la France. Belhouchet et Outoudert se sont �lev�s �nergiquement contre ces propos indignes d�un �crivain de l�envergure de Tahar Ouettar. Derri�re ces propos, il y a, selon Belhouchet, un revirement politico-id�ologique de Tahar Ouettar, consid�r� de gauche, correspondant � tout un courant de pens�e au sein du FLN favorable � un compromis avec l�islamisme politique vigoureusement d�nonc� par Tahar Djaout. Pour Mohamed Balhi qui traitait, le lendemain, de la litt�rature de Tahar Djaout, il s�agirait, en revanche, d�une simple vengeance contre un impair qu�aurait commis Djaout, lors d�un colloque litt�raire, omettant de citer certains �crivains parmi lesquels figurait Tahar Ouettar. En tout �tat de cause, le patriotisme de Djaout ne fait pas l�ombre d�un doute, et ce, pour tous ceux qui ont eu � traiter de l��uvre litt�raire et journalistique de l�auteur des Vigiles, des Chercheurs d�os , du Dernier Et� de la raison, du fondateur et animateur de l�hebdomadaire Rupture. N� le 11 janvier 1953, enfant de la guerre de Lib�ration, Tahar Djaout en a terriblement souffert durant son enfance � travers son p�re, premier prisonnier du village, et deux oncles froidement assassin�s par l�arm�e d�occupation selon M. Gasmi, enseignant et ami d�enfance de Tahar Djaout. Sa profonde alg�rianit� est �galement soulign�e par la plupart des invit�s de l�association Tussna se r�f�rant � l�ensemble de ses �uvres litt�raires et � ses �crits journalistiques. Mammeri �tait le p�re spirituel de Djaout, Faukner, Flaubert, Mohamed Kherdine, Mohamed Dib et Kateb Yacine comptaient parmi ses auteurs pr�f�r�s, diront la plupart des conf�renciers.