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DECODAGES
A-T-ON BESOIN OU PAS DES INVESTISSEMENTS DIRECTS �TRANGERS ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 09 - 2008


Par Abdelmadjid Bouzidi
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Rappelons-nous les d�cennies 1960 et 1970 qui ont �t� marqu�es par une hostilit� d�clar�e de la plupart des pays du Sud envers les entreprises multinationales.
L�investissement direct �tranger �tait per�u comme la pire exploitation que pouvaient subir les travailleurs des pays �sous-d�velopp�s � de la part du capitalisme mondial. Rappelons-nous les th�ories du �centre� exploiteur et de la �p�riph�rie � exploit�e, ch�res notamment � Samir Amin ou encore celles de �l��change in�gal� d�Emmanuel. Bref, le d�veloppement �conomique ne pouvait �tre que le �compter sur soi� et la strat�gie de �selfreliance� faisait flor�s. Depuis les ann�es 1980, l��chec des mod�les de d�veloppement de type sovi�tique et le triomphe de l��conomie de march� ont entra�n� un changement d�analyse, y compris chez les �experts� et autres sp�cialistes des �conomies en d�veloppement, et la plupart des gouvernements du Sud tendent de plus en plus � faire de l�IDE une composante de leurs strat�gies de d�veloppement et des multinationales un partenaire efficace pour la propagation du progr�s technique. Leur pr�occupation n�est plus de combattre les multinationales, mais bien au contraire celle de savoir comment faire pour attirer les investissements de celles-ci sur leurs territoires, comment faire de ceux-ci des sites attractifs des IDE. Et les statistiques corroborent cette nouvelle strat�gie des pays du Sud. Entre 1986 et 1990, les pays du Sud recevaient 18 % des flux mondiaux d�IDE. En 2001 et 2002, ils en recevaient 25 %. Et en 2005, pr�s de 30 %. Et ces chiffres sont d�plor�s par les gouvernements du Sud, qui les trouvent nettement insuffisants par rapport � leurs besoins. �L�IDE constitue aujourd'hui la principale composante des flux de capitaux vers les pays en d�veloppement. En 1980, l�IDE repr�sentait 6 % du total des entr�es de capitaux dans les pays en d�veloppement, en 1990 25 % et en 2005 60 %�. (F. Sachwald - IFRI). La crise financi�re mexicaine de 1994-95, la crise financi�re asiatique de 1997-98 et bien s�r la crise de la dette latino-am�ricaine des ann�es 1980 ont montr� aux yeux de ces gouvernements du Sud que l�IDE �tait plus stable que d�autres formes de flux de capitaux priv�s (investissements de portefeuille, pr�ts bancaires ...). L�IDE, pour le pays h�te, n�est pas seulement, soulignent les experts, un rapport de flux financier non g�n�rateur de dette. Il est aussi un transfert de technologie, un acc�s � des informations sur les march�s internationaux, une int�gration au processus de mondialisation. Ainsi, l�id�e selon laquelle l�IDE est un �paquet� de ressources, qui peut agir comme catalyseur de d�veloppement pour le pays h�te, s�est impos�e malgr� quelques r�sistances irr�ductibles de penseurs anticapitalistes. Bien �videmment, il nous faut souligner pour notre part que l�IDE correspond d�abord aux nouvelles strat�gies des multinationales, dans leur conqu�te de nouveaux march�s et dans leur recherche de taux de profit les plus �lev�s possibles : les d�localisations, les processus d�outsourcing, d�externalisation sont d�abord et avant tout des r�ponses des multinationales � la crise de l�accumulation. Mais l�IDE peut aussi �tre globalement, aujourd�hui plus qu�hier, positif pour les pays en d�veloppement. Pr�cisons cependant tout de suite, sous certaines conditions. Il faut d�abord que le pays h�te ait une r�elle capacit� d�absorption, c�est-�-dire un contexte �conomique local qui permet de tirer b�n�fice de l�IDE. Et les �l�ments constitutifs de ce contexte favorable concernent en premier lieu le capital humain, le niveau de formation et de qualification des collectifs de producteurs locaux. Une capacit� d'apprentissage locale �suffisante� est une condition n�cessaire pour assimiler localement les technologies introduites par les multinationales. �Lorsque le retard technologique du pays h�te est grand, les multinationales vont op�rer dans des enclaves et les retomb�es sur la productivit� des entreprises locales seront bien limit�es. � Pour capter les externalit�s des IDE, il faut que le pays h�te dispose d�un capital humain et d�infrastructures de base importantes. De plus, l�IDE, sous forme de simples filiales de la multinationale tourn�es pour le seul march� local, sans connexion avec l�entreprise m�re, qui, elle, est int�gr�e aux r�seaux mondiaux, diffusera peu d�effets technologiques, manag�riaux... dont pourraient profiter les entreprises locales. Le pays h�te doit ici mettre en place un cadre r�glementaire qui permet la fluidit� filiale-maison m�re et qui ne doit pas isoler la filiale dans le seul contexte local. Une autre condition et non des moindres, pour que l�IDE soit utile et efficace pour le pays h�te, est celle qui a trait au climat des affaires local : la corruption, l�absence de l�gislation claire sur la propri�t�, le non-respect de la concurrence diminuent consid�rablement l�effet positif de l�IDE sur l��conomie d�accueil.
Pour r�sumer, trois observations :
1/ Les pays du Sud, qui ont l�ambition de devenir des �conomies �mergentes int�gr�es positivement � la mondialisation de l��conomie, ont int�r�t � attirer sur leur territoire le maximum d�IDE. Et nous avons vu comment l�attractivit� se construit.
2/ L�IDE n�apporte pas par lui-m�me et ne contient pas en lui-m�me le d�veloppement �conomique, le progr�s technologique et l�am�lioration de la productivit� de l��conomie d�accueil. Pour tirer b�n�fice de l�IDE, cette derni�re doit remplir des pr�requis : l�gislation sur la propri�t� claire et transparente, lutte d�termin�e contre la corruption, formation d�un capital humain local et soutien � la recherche-innovation. Il y aura alors partenariat �wine-Wine� (gagnant-gagnant).
3/ L�IDE ne doit pas �tre vu comme un simple apport de capitaux (ce dont certains pays peuvent se passer). L�IDE, c�est le transfert de technologie, c�est l�acc�s aux march�s ext�rieurs, c�est l�acc�s � l�information internationale, c�est l�int�gration par le haut � la mondialisation. Il faut bien entendu y aller, mais bien pr�par�, dans le cadre d�une strat�gie appropri�e qui r�pond aux contraintes du pays d�accueil et qui maximise les gains esp�r�s, en sachant bien que l�IDE a aussi un co�t pour le pays h�te. Chercher � minimiser ce co�t par une l�gislation appropri�e, un choix judicieux des investisseurs et une transparence dans les actes de partenariat constitue assur�ment la d�marche la plus appropri�e pour les pays r�cipiendaires.


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