De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari La crise du Caucase a prouv� au monde entier, nations alli�es ou ennemies, la solidit� des institutions russes et l�existence d�une ligne de conduite claire, pr�cise et de vision � long terme. En un mot, la pr�sence d�un Etat au sens plein du terme. D�s les premi�res incursions g�orgiennes en territoires oss�te et abkhaze, les ripostes militaire, diplomatique, politique et m�diatique se sont mises en branle, r�gl�es comme du papier � musique. Au niveau militaire, le plan d�action adopt� a �t� excellent, puisqu�en quelques heures, l�arm�e g�orgienne a non seulement perdu toutes les places occup�es, auparavant et aussi recul� en profondeur jusqu�aux quartiers les plus recul�s de Tbilissi, la capitale. Les Russes ont jet� le d�sarroi dans les rangs adverses et contraint le pauvre Saakachvili, pr�sident g�orgien, � appara�tre, m�diatiquement, comme un vagabond, un chef d�Etat accabl� et ne sachant pas � quel parrain occidental se vouer. Le soutien am�ricain qu�il esp�rait ne vint pas. Du moins, le type de soutien qu�il attendait. Les USA ont, certes, verbalement �t� tr�s mena�ants, mais ils se sont bien gard�s de franchir la ligne fatidique. Les Russes ont saisi cette occasion fournie par la partie adverse pour �taler, comme dans une foire, leur savoir-faire militaire et ont �pr�sent� � en grandeur nature, dans le r�el, de nouveaux types d�armements aussi r�cents qu�inconnus jusqu�ici. Et surtout d�une redoutable efficacit�. Aux plans diplomatique et politique, le duo aux affaires � Moscou, Medvedev-Poutine, a �t� tout simplement brillant. Aux maladresses am�ricano-g�orgiennes et aux d�chirements de l�Europe des 27, le pr�sident et le Premier ministre russe ont construit une m�canique rh�torique de riposte imparable, sans faille aucune. Une d�marche articul�e sur quelques �l�ments-pivots. D�un, c�est la G�orgie qui a entam� les hostilit�s. De deux, la Russie ne peut pas accepter le fait accompli. De trois, les sanctions, si sanctions il devait y avoir, seront r�ciproques. Comprendre par l� que Moscou fermera son robinet �nerg�tique alimentant les 27 et mettra en p�ril les int�r�ts tant am�ricains qu�europ�ens. Nonobstant, bien �videmment, sur une r�flexion tournant autour du fait de savoir si la Russie pouvait ou pas continuer � apporter sa collaboration, pr�cieuse, sur les dossiers afghan et iranien. Et il ne s�agit l� que du premier paquet de mesures qui �taient envisag�es. R�sultat : les Am�ricains ont abandonn� Saakachvili � son triste sort et l�Europe des 27, r�unie en conclave extraordinaire, a pondu un texte tellement ambig� et sentant tellement la trouille que d�aucuns ont consid�r� comme une motion de soutien � la Russie plut�t qu�� la G�orgie. La presse russe n�a pas, d'ailleurs, rat� l�occasion pour railler et maugr�er Bruxelles. Mais c�est sans doute au plan de la communication que Moscou a plant� les banderilles les plus mortelles. Tout d�abord, en s'adressant � ses citoyens, ceux de Russie ou ceux d�Oss�tie et d�Abkhazie. Ensuite, en alimentant les m�dias occidentaux d�informations v�rifiables. Et lorsque Vladimir Poutine dira, une semaine apr�s le d�but du conflit, que ce sont des parties am�ricaines (Pentagone, Maison- Blanche) qui ont pouss� Tbilissi vers la confrontation, la tension changera, carr�ment, de camp. La Russie a d�montr� au Caucase, que n�est pas Etat qui veut.