Le président russe, Dmitri Medvedev, a signé hier l'accord de cessez-le-feu, au lendemain de sa signature par son homologue géorgien, Mikhaïl Saakachvili. Cet accord en six points conclu sous l'égide de la France est censé stopper le conflit entre Russes et Géorgiens. Cependant, les termes de ce plan, semblent flous, et font déjà polémique. Le président français, Nicolas Sarkozy, a semble-t-il éclairci un point. Dans une lettre adressée, hier, au président géorgien, le chef d'Etat français a indiqué qu'il autorisait la présence des forces russes hors Ossétie du sud dans un périmètre allant jusqu'à 10 km de Tbilissi, la capitale, contredisant ainsi les propos de son ambassadeur. Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a déclaré à la presse que le contenu du document sur le règlement du conflit en Ossétie du Sud, signé par le président géorgien, Mikhaïl Saakachvili, se distingue de celui qui a été concerté par les présidents russe et français. L'accord autorise les troupes russes basées en Ossétie du Sud et en Abkhazie à y rester pour assurer la sécurité. Rien n'indique, si cela concerne les forces de maintien de la paix qui étaient là avant le conflit ou toute l'armée russe. De plus, aucune limite n'a été établie concernant l'effectif nécessaire du contingent de maintien de la paix russe et sur sa durée. Sur ce point, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a fait savoir que son armée « restera aussi longtemps qu'il le faudra en Géorgie et se retirera au fur et à mesure de la mise en place du contingent de maintien de la paix prévu par l'accord ». Il a également rappelé que l'accord « ne fixe pas de plafond pour le contingent de maintien de la paix qui restera en place en Ossétie du Sud à l'issue de ce retrait ». Encore plus compliqué, dans ces forces de maintien de la paix figuraient des soldats de l'armée géorgienne, or le numéro deux de l'état-major russe, le général Anatoli Nogovitsyne, a insisté sur le fait : « Notre chef de l'Etat a dit clairement que la partie géorgienne qui se présenterait à l'avenir comme force de maintien de la paix est aujourd'hui, après ce qui s'est passé, inacceptable en Ossétie du Sud. » Il a également réaffirmé tout son soutien à ces deux républiques autoproclamées d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. La veille, le président russe avait expliqué à la chancelière Angela Merkel, lors de leur rencontre, que les Ossètes et les Abkhazes ne faisaient confiance qu'à la Russie pour assurer la sécurité dans sur leur territoire. Echange d'accusations Sur le terrain, la situation est aussi floue que l'accord de paix. Le camp géorgien accuse toujours les Russes de renforcer leurs positions sur leur territoire. Le ministère de l'Intérieur géorgien a indiqué avoir noté plusieurs mouvements de troupes russes dans les villes de Katchouri, et à Akhalgori, situées au nord-est de Gori. Le chef de la diplomatie russe a annoncé le retrait de ces troupes dans la ville d'Igoéti. Sergeï Labrov a précisé que la poursuite du retrait dépendrait de la situation sécuritaire sur le territoire géorgien. Gori est toujours, selon Tbilissi, sous occupation russe. Selon le porte- parole du ministère, Chota Outiachvili, « la situation est encore plus alarmante qu'hier. Les Russes se livrent à des pillages à Akhalgori et à Katchouri. A Akhalgori, il y a des maraudeurs russes et ossètes ». Autre accusation provenant de la Géorgie : la destruction d'un pont ferroviaire stratégique à une cinquantaine de kilomètres de Tbilissi. Cette information a tout de suite été démentie par Moscou. De son côté, l'armée russe a confirmé avoir pris la possession de plus de 100 blindés géorgiens, dont 65 chars et 5 véhicules armés de missiles sol-air, dans la zone de conflit entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud. Le procureur général de ce territoire séparatiste a demandé à la Géorgie l'évacuation d'une centaine de soldats encore présents sur le territoire. En attendant le retrait des troupes géorgiennes ou russes, selon les deux camps, demain, le président du Comité international, de la Croix-Rouge, Jacob Kellenberger, se rend aujourd'hui à Tbilissi pour rencontrer le président géorgien. Il se rendra également dans la capitale d'Ossétie du Sud, Tshinkavali, et dans la capitale d'Ossétie du Nord, Vladikavkaz, pour évaluer les besoins et l'urgence humanitaire. Mardi, il finira sa visite à Moscou. Lors de ce séjour, d'après un communiqué du CICR, Jacob Kellenberger devrait « souligner l'importance de protéger, en accord avec les lois humanitaires, tous ceux qui ont été victimes du conflit ». Cette urgence humanitaire semble être le seul point d'accord entre le deux parties depuis le début du conflit. L'Ukraine propose ses radars aux Occidentaux Après la Pologne qui avait conclu un accord d'implantation d'éléments du bouclier antimissile américain sur son territoire, c'est l'Ukraine qui vient de proposer ses radars antimissile à des pays européens. Auparavant, ses radars antimissile étaient utilisés par la Russie. Moscou avait résilié, en début d'année, le contrat concernant les deux pays voisins. La déclaration du chef de la diplomatie ukrainienne intervient deux jours après l'accord entre les Etats-Unis et la Pologne, sur les positions prises au moment même du conflit russo-géorgien sont un signal clair et net que ce système d'antimissile avait pour cible la Russie. Depuis le début de ce conflit, la Pologne et l'Ukraine, ont vivement critiqué les agissements de l'armée russe. Viktor Iouchtchenko, le président ukrainien a demandé à la Russie d'entamer d'urgence des discussions sur sa flotte de la mer noire positionnée à Sébastopol, dans le sud de l'Ukraine. Selon Kiev, ces navires russes ont servi pendant la guerre contre la Géorgie. Par son positionnement, l'Ukraine espère que ses décisions de rapprochement vis-à-vis de l'Union européenne l'aideront, comme souhaité, à devenir membre de l'UE et de l'Otan.