L�importation de ciments par le secteur public est-elle opportune ? Judicieuse ? En exportant du clinker, mati�re premi�re du ciment, notre pays qui cherche � importer du ciment gris, ne risque-t-il pas de se retrouver avec un ciment dont le prix reste cher ? Ch�rif Bennaceur � Alger (Le Soir) - Les groupes cimentiers nationaux ont lanc� r�cemment un appel d�offres international pour l�importation de un million de tonnes de ciment gris. Les douze cimenteries publiques, regroup�es au niveau de trois entreprises r�gionales du Centre, de l�Est et de l�Ouest, veulent ainsi faire face � la hausse pr�visible de la demande durant les prochains mois. Une demande estim�e de l�ordre de 14 � 15 millions de tonnes par an, alors que la production nationale escompte livrer quelque 18 millions de tonnes de ciments en 2008. Et, d�autant que les grands chantiers lanc�s dans le secteur du b�timent et des travaux publics sont appel�s � acc�l�rer leur cadence de r�alisation pour �tre livrables � l�horizon 2009. Devant prendre effet � partir de septembre, cette op�ration d�importation doit s��taler sur une p�riode de 10 mois. Un doute persiste n�anmoins sur la pertinence de cette op�ration. Etait-il opportun de lancer une op�ration d�importation en p�riode estivale, alors que ce produit conna�t une forte tension au niveau mondial ? Des sp�cialistes estiment qu�il aurait �t� plus judicieux de le faire � la fin de l�ann�e, en novembre ou en d�cembre. En lan�ant cette op�ration, ses concepteurs auraient-ils mal �labor� leurs pr�visions ? A-t-on bien cern� les cons�quences de cette op�ration sur le march� national, d�autant que ce dernier subit de plus en plus la mainmise d�op�rateurs �trangers ? Cela dans le contexte o� le cimentier fran�ais Lafarge, pr�sent dans notre pays, a d�j� commenc� � exporter du clinker dans le cadre d�un contrat de livraison de 250 000 tonnes sur le march� europ�en. Une premi�re quantit� de 20 000 tonnes a �t� d�j� export�e le week-end dernier, � partir du port de Djendjen (wilaya de Jijel) et une quantit� identique le sera dans quelques jours. Il faut rappeler que le clinker est une mati�re premi�re, un constituant � 90% du ciment. Il est obtenu par calcination d�un m�lange d�acide silicique d�alumine, d�oxyde de fer et de chaux. Une fois broy�, le clinker donne une poudre qui entre dans la composition des ciments. Or, l�exportation du ciment ne doit pas se faire au d�triment de la satisfaction pr�alable de la demande nationale, d�autant qu�une affaire d�exportation de ciment gris, dans des sacs de ciment blanc, avait �t� d�voil�e m�diatiquement voil� quelques mois. Les doutes sur la l�gitimit� d�une telle op�ration d�importation par le secteur public demeurent donc l�gitimes. Le recours � l�importation d�un mat�riau de construction, dont une mati�re premi�re est d�j� produite dans notre pays et export�e, devient ainsi source d�incompr�hension. Une op�ration d�exportation qui rel�ve certes de l�initiative d�un op�rateur priv�, mais qui concerne cependant toute l�Alg�rie. En exportant du clinker, notre pays, qui cherche � importer du ciment gris, ne risque-t-il pas de se retrouver avec un ciment dont le prix sera plus �lev�, cher ? A-t-on pris en consid�ration le fait que les fournisseurs mondiaux de ciment participeront � cet appel d�offres et qu�il faudra savoir n�gocier avec eux ? A-t-on omis le fait que les atouts dont b�n�ficient les groupes industriels publics, mais aussi �trangers (co�ts bas pour l��nergie et l�eau, acc�s au foncier, avantages fiscaux�) doivent �tre bien valoris�s sans que le jeu soit pour autant biais� ? Oublie-t-on �galement le fait qu�il n�y a plus de construction de cimenteries en Europe, dans un souci de pr�servation de l�environnement essentiellement ? Autant de questionnements et autant de r�ponses � trouver pour lever le doute sur cette op�ration d�importation, au-del� de son objectif li� � la r�alisation du programme quinquennal.