La commune de Tarik-Ibn-Zyad est sortie � maintes reprises de l'anonymat � l'occasion des massacres qui se sont produits dans la r�gion et, derni�rement, lorsque les forces de l'ANP ont �limin� 10 �l�ments d'un groupe arm� et r�cup�r� 15 armes. Reportage r�alis� par Karim O. Mais qui conna�t Tarik-Ibn- Zyad et les conditions de vie de la population qui y survit ? C'est pourquoi nous sommes all�s visiter cette commune. Pour l'histoire La commune de Tarik-Ibn- Zyad, situ�e � l'extr�me sud-ouest de la wilaya d�A�n-Defla, sur la RN14, � 37 km au sud de Khemis-Miliana, s'�tend sur une superficie de 406 km2. Ce qui fait d'elle, de ce point de vue, la commune la plus grande des 36 que compte la wilaya d�A�n-Defla, mais aussi, assure-t-on, de tout le pays. Elle a �t� �lev�e au rang de chef-lieu de commune par le d�cret du 31 juillet 1957 sous le nom de Marbot (J. B. A. M., 1782- 1854) ; le pouvoir colonial de l'�poque rendant ainsi hommage � ce mar�chal de camp qui a suivi le duc d'Orl�ans en Alg�rie. Devenue Tarik-Ibn-Zyad, apr�s le recouvrement de l'ind�pendance, en hommage � cet illustre chef militaire, commandant dans l'arm�e de Moussa Bnou Noussa�r, gouverneur du Maghreb. Tarik Ibn Zyad, qui, � la t�te d'une arm�e de 12 000 hommes, a lib�r� la p�ninsule Ib�rique de l'oppression des Wisigoths. La commune de Tarik-Ibn- Zyad s'est toujours trouv�e tr�s �loign�e du chef-lieu de la wilaya � laquelle elle �tait rattach�e : Orl�ansville d'abord (�poque coloniale), El-Asnam devenue Chlef, puis A�n-Defla en 1984, en quelque sorte le parent pauvre �loign�. Cet isolement, la pauvret� criante, auxquels les �lus locaux font face, se sont consid�rablement accentu�s durant la d�cennie 1990, du fait des exactions commises par les groupes arm�s qui s�vissaient dans toute la r�gion. Rares sont les endroits o� un attentat terroriste n'a pas �t� commis : faux barrages, assassinats, massacres, incendies, destructions� Tout le monde ici garde en m�moire la longue liste des souvenirs douloureux. A Mou�lha en 1993, 4 citoyens ont �t� assassin�s � un faux barrage, en 1995 � Tanout, 3 moudjahidine assassin�s par �les occupants � d'un camion de distribution de lait. En 1996, c'est le parc communal avec tout son mat�riel qui a �t� incendi�, au douar Guetatcha. En 1997, ce sont 29 citoyens qui ont �t� assassin�s, �gorg�s pour la plupart. �Ce jourl�, alors que j'�tais cach�, j'ai vu l'un d'�eux� �gorger mes parents et ma s�ur� Alors que son couteau d�goulinait du sang de ses innocentes victimes, le bourreau cueillit une grappe de raisin et se r�gala en rigolant�, nous raconte un jeune. Plus r�cemment encore, en 2006, ce sont quatre ing�nieurs de l'hydraulique qui ont �t� assassin�s� Et la liste est longue. Aujourd'hui, Tarik-Ibn-Zyad pr�sente dans sa configuration les diff�rentes �tapes de son histoire. Au centre, un noyau de b�tisses qui s'agglutinent autour des b�timents officiels, avec tout autour, de chaque c�t� de la RN 14, des habitations toutes aussi modestes et une autre ceinture de �dchour�, des logis en toub, avec des toits de fortune, formant un cercle � la p�riph�rie. �Ce sont toutes des familles qui ont quitt� leurs terres, fuyant l'ins�curit� de l'�poque et qui sont venues s'installer sur les promontoires qui surplombent la ville.� Sur le plan d�mographique, l'�volution pr�sente une courbe en dents de scie : de 13 000 �mes en 1987, elle est pass�e � 9 748 habitants au recensement de 1998 pour remonter � 10 677 en 2008, soit � peine un regain de population d'� peine un millier d'habitants en une d�cennie, la d�croissance d�mographique de moins 3 500 s'expliquant par l'exode vers des r�gions relativement plus s�curis�es et aussi par l'absence de moyens de survie. Sur le plan des ressources propres, la commune ne peut faire face qu'� 4 mois de salaire sur 12 pour son personnel. Pour le reste, elle ne vit que de subventions, indique-t-on. Si � une certaine �poque, l'�levage et l'arboriculture rustique �taient prosp�res et permettaient � de larges couches de la population de vivre, l'ins�curit� suivie il y a quelques ann�es de l'abattage syst�matique du cheptel caprin, � cause de la brucellose, ont pr�cipit� les populations des diff�rentes localit�s dans un exode massif vers d'autres villes et villages. Aujourd'hui, les habitants de Gtatcha Guetarnia se disent pr�ts � retourner sur leur terre, si la garnison de la Garde communale �tait r�tablie, par ce qu'elle avait �t� d�saffect�e et l'amorce du retour entam� stopp�e net. Etant donn� la d�mesure de la superficie, ces localit�s, Bouyakoub, Dhra� El-Halfa, Semana (Caille), Zemmour, Tifrene sont tr�s �loign�es les unes des autres et les distances sont estim�es en dizaines de kilom�tres, comme par exemple entre A�n-Taghzoult � l'ouest et Aghbal, � l'est, des localit�s distantes de 36 km. Ces distances, avec des routes totalement ou en partie non bitum�es, posent de grands probl�mes aux enfants scolaris�s. Comme l'APC ne peut pas assurer des navettes quotidiennes aux �l�ves habitant des zones �loign�es, ils sont admis en internat. Structures �ducatives Tarik-Ibn-Zyad poss�de un lyc�e, un CEM et 13 �coles primaires dont 3 sont ferm�es depuis longtemps, voire m�me d�truites par les attentats terroristes et les populations ayant abandonn� leurs terres. Pour le CEM, le d�ficit est tellement �norme que les autorit�s locales n�ont trouv� d'autre solution que de transformer une �cole primaire en annexe du CEM, ce qui aura une incidence sur l'enseignement primaire. Formation professionnelle Le jeunes gar�ons et filles de Tarik-Ibn-Zyad n'ont � la place d'une vraie structure de formation professionnelle, qu'un baraquement o� des filles, qui n'ont pas eu la chance de suivre une scolarit� normale, viennent apprendre les rudiments de la couture. Le CFPA de Bordj Emir- Khaled, plus �quip� et mieux dot�, revenait � Tarik-Ibn-Zyad mais depuis, c'est Bordj-Emir- Khaled qui a �t� �lev� au rang de chef-lieu de da�ra apr�s le d�coupage de 1984, et le CFPA est au chef-lieu de da�ra. Habitat Pas moins de 900 habitations pr�caires sont recens�es dans la p�riph�rie imm�diate de la commune, et 450 demandes de logements sociaux se trouvent en instance au niveau de l'APC. La commune n�a b�n�fici� que de 2 programmes : le premier est celui de 1997, de 40 logements dont 30 seulement ont �t� r�alis�s, les 10 restants � l'arr�t, et le second, de 1998 de 40 aussi mais compl�tement r�alis� et livr�. Aucun projet n�a �t� inscrit dans ce cadre depuis 1998, en dehors des 53 dossiers d'aide � la construction agr��s sur les 130 d�pos�s. Alimentation en eau potable La commune est aliment�e � partir de la source de la montagne d'Aghbal � une eau, dit-on ici, que jalouseraient d'autres sources de grande renomm�e � qui se trouve � 16 km � l'est de Tarik-Ibn-Zyad et qui arrive en ville par simple gravitation, mais l'entretien de la conduite n'est pas ais�, indique-t-on. D'ailleurs, l'espoir d'une opportunit� �conomique pour la commune se dessine dans la construction d'une usine de conditionnement d'eau min�rale, un investissement que projette d�effectuer un priv�. �Le dossier est ficel�, nous fait savoir le P/APC. Toujours dans le domaine de l'hydraulique, la commune de Tarik-Ibn-Zyad poss�de sur son territoire l'un des plus grands barrage de la wilaya, celui de Der Der, sur l'oued du m�me nom. Cependant, se d�sole-t-on, cet infrastructure ne profite en rien � la commune. L'eau du barrage alimente la wilaya de Tissemsilt voisine du sud de la wilaya de A�n-Defla. Les paysans ne b�n�ficient m�me pas de l'eau d'irrigation de ce barrage. Certes, l'�ventualit� d'une prise d'eau pour l'irrigation de la commune a �t� �voqu�e lors de la visite du ministre de la P�che, mais ce projet est rest� un simple v�u pieux. Il faut noter aussi que le plan d'eau regorge de poissons, certains d�passant 10 kg : carpe, mulot, barbot� �Ce poisson meurt de vieillesse�, dit-on. Pourtant le barrage de Der Der, une fois le site r�habilit�, peut devenir une source de richesses pour tous, mais l'initiative tarde � venir de la part de la Direction du tourisme. Les activit�s sportives Le stade existe m�me si de grands am�nagements restent � faire. Le Widad Riadhi de Tarik- Ibn-Zyad (WRTZ) existe aussi. L'ann�e derni�re a �t� pour l'�quipe locale une ann�e blanche, faute de moyens financiers. Cependant, selon le P/APC, un tournoi a �t� organis� durant deux mois et a permis de d�gager une �quipe qui va s�engager dans la comp�tition. La ville dispose aussi d'un baraquement en guise de salle polyvalente qui �tait ferm�e, faute d'encadreurs. Depuis peu, une jeune �quipe de karat� se pr�pare aux comp�titions. La mer est hors de port�e des jeunes de la commune. Alors on r�ve d'une piscine, l'eau ne manque pas et l'�t� est torride. Les transports Les transporteurs agr��s assurent la liaison El-Khemis � Theniet-El-Had dans la wilaya de Tissemsilt et les cars qui passent affichent tous complet. Restent les J5 o� les conditions laissent consid�rablement � d�sirer. Il semble que la Direction des transports a �omis� de faire agr�er des lignes de la wilaya � destination sp�ciale vers Tarik. Pour les cars de passage, aucune indication sur les horaires n'est donn�e. La centaine d'�tudiants et d'�tudiantes affrontent les pires difficult�s puisqu'ils ne sont pas h�berg�s dans les cit�s universitaires, le crit�re fix� voulant que le lieu de r�sidence soit situ� � plus de 50 km pour b�n�ficier d'une chambre, Tarik-Ibn-Zyad se trouvant � 37 km du centre universitaire de Khemis-Miliana. L�APC lance un appel � la DOU pour qu'une d�rogation leur soit accord�e. Couverture sanitaire La commune dispose d'un F3 en guise de salle de soins. Etant donn� que la population de la commune arrive � peine � d�passer 10 000 �mes, la r�alisation d'une polyclinique demeure un r�ve, � moins d'une d�rogation. Des r�alisations tout de m�me Cependant, malgr� �l'oubli� et �l'isolement�, la faiblesse des moyens, avec les subventions accord�es dans le cadre des PCD, des choses ont �t� r�alis�es � Tarik -Ibn-Zyad. L'APC a r�alis� la premi�re tranche du r�seau d'assainissement de ha� Tanout, la deuxi�me tranche �tant inscrite. Ha� Tanout va devenir le nouveau centre-ville avec la construction d'une nouvelle mairie. L'assiette a �t� d�gag�e et le projet est inscrit. Il faut noter aussi l'am�nagement de l'entr�e sud, vers Theniet-El- Had. On notera aussi que Tarik - Ibn-Zyad est la porte sud de la wilaya, ce qui ne peut que plaider en sa faveur pour b�n�ficier de plus d'attention. Menaces sur la ville Tout un quartier du centre ville vit sous la menace d'�tre d�truit par la chute de blocs de pierres, suspendus � une centaine de m�tres au sommet d'une colline et qui ne sont retenus que par des arbustes. Il suffirait d'une forte averse pour que ces rochers, qui p�sent plusieurs tonnes, ne d�gringolent en contre-bas sur les habitations o� vivent plusieurs familles. La municipalit� fait face aussi � un grave fl�au, qui s�vit dans les quartiers de Brarma, situ� � 3 km au sud de la ville, quartiers tr�s pauvre o� les d�ficients mentaux et les non-voyants ne se comptent plus. Des probl�mes dus, selon les �quipes m�dicales qui se sont pench�es sur la question, � des mariages consanguins. Pendant des d�cades.