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SA�D SADI FACE � UNE CINQUANTAINE DE JOURNALISTES DE LA PRESSE NATIONALE ET INTERNATIONALE � PARIS : �Il faut d�abord sortir de la client�lisation de la soci�t� alg�rienne�
R�pondant � une invitation du Club des journalistes alg�riens en France, CJAF, Sa�d Sadi a fait salle comble : 49 journalistes de m�dias alg�riens, fran�ais, allemands, canadiens, �miratis, marocains, italiens, suisses, mexicains ou qataris sont venus l��couter et l�interroger sur la r�vision constitutionnelle et la position de son parti quant aux perspectives politiques du pays, depuis le coup de force du 12 novembre dernier. De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Le leader du RCD se pr�sentera-t-il � la prochaine �lection pr�sidentielle ? Il n�a pas �chapp� � cette question. La r�ponse a �t�, � chaque fois, la m�me : �Le probl�me aujourd�hui n�est pas un probl�me d�homme mais celui d�un r�gime que les jeux client�listes renforcent et qui lui permettent de se r�g�n�rer. M�me s�il ne l�a pas dit tr�s clairement, le docteur Sadi a donn� l�impression qu�il n��tait pas partant � la pr�sidentielle d�avril prochain. Pourquoi le RCD qualifie-t-il la r�vision constitutionnelle du 12 novembre de viol de la d�mocratie et de coup d�Etat ? Oui il y a eu coup d�Etat politique, a-t-il r�pondu. Car, selon lui, ce qui s�est pass� le 12 novembre � Alger, que l�on se place du c�t� de la mani�re dont cela s�est d�roul� ou du point de vue de ses auteurs, l�on ne peut le qualifier autrement que d�un putsch. S�agissant des auteurs, ce qui s�est pass� le 11 novembre �interpelle et �claire un peu l�histoire de l�Alg�rie ind�pendante�. C�est le m�me groupe qui, appuy� par l�arm�e des fronti�res, a renvers� et d�barqu� le GPRA, l�instance l�gitime en 1962. C�est aussi le m�me groupe qui a fait le coup d�Etat de 1965 et dans les deux cas, l�on retrouve un certain Abdelaziz Bouteflika et le m�me groupe, ce qui chez nous est appel� �le groupe d�Oujda�. En mati�re de pratique politique, nous ne sommes donc pas devant une nouveaut�. Mais au-del�, explique le docteur Sadi, le 12 novembre dernier, il y a eu violation patente de la Constitution. L�orateur expliquera par le menu d�tail qu�alors que l�ancienne Constitution qui pr�valait jusqu�� cette date fatidique �tait clairement explicite et que s�agissant des amendements qui attentent � l�ex�cutif, le texte disposait d�un recours au r�f�rendum, l�Assembl�e ne pouvant toucher qu�� des amendements mineurs, la r�vision introduite chamboule compl�tement l�ex�cutif alg�rien. Ouyahia � Sa�d Sadi : �Nous nous sommes arrang�s pour que l�opposition ne devienne jamais majoritaire� ! La disparition du poste de chef de gouvernement qui pr�sentait ant�rieurement son programme devant l�Assembl�e qui pouvait le sanctionner (�a figurait dans le texte m�me si cela ne s�est jamais fait), est accompagn�e du fait que seul, aujourd�hui, le chef de l�Etat a le droit de porter un programme. Autrement dit, explique Sa�d Sadi, ils ont cr�� une v�ritable impasse institutionnelle sur laquelle il a interpell� le chef du gouvernement, aujourd�hui Premier ministre, en lui disant : �Supposez que demain, � l�occasion de l�gislatives, il y ait un renversement de majorit�, celle qui devient majorit� serait dans l�obligation d�appliquer le seul programme du chef de l�Etat, que par d�finition elle combat.� La r�ponse du Premier ministre est des plus �difiantes : �De toute fa�on, nous nous sommes arrang�s pour que l�opposition ne devienne jamais majoritaire� ! �a a l�avantage d��tre clair, nous dit encore Sa�d Sadi qui consid�re que le Parlement a commis une forfaiture et qu�il a endoss� une responsabilit� qui �chappe totalement � ses pr�rogatives. Ce dont est porteur ce coup de force, c�est �la confiscation politique et celle du patrimoine symbolique de la nation�. Par les nouvelles dispositions, on interdit, en effet, aux Alg�riens de parler de tout ce qui a trait � la guerre d�ind�pendance �sachant que le r�gime alg�rien fonde toute sa l�gitimit� non pas sur son bilan politique et �conomique, ni sur son projet, mais il se d�cr�te l�gitime depuis 1962, au motif qu�il est l�unique h�ritier du sacrifice commun des Alg�riens�. Depuis 1962, la crise alg�rienne, selon le RCD, repose sur un triptyque � la m�canique infernale : �confiscation de la m�moire, qui a men� � la confiscation de la volont� populaire par la fraude �lectorale qui a produit la confiscation de la richesse nationale par la corruption�. Comment ne pas violer la Constitution lorsque la majorit� des d�put�s viennent � cette responsabilit� par le bourrage des urnes ? Et comme il fallait s�y attendre, Sa�d Sadi a longuement d�velopp� la question de la surveillance internationale qu�il demande depuis d�j� quelque temps pour toutes les consultations dans le pays et qui lui a valu beaucoup de r�actions. A la remarque qui lui a �t� faite sur le g�nie du r�gime pour camoufler la fraude, quels que soient les observateurs et leur nombre, il a, entre autres, r�pondu : �Il n�y a plus d�Etat en Alg�rie, il n�y a plus d�administration et je le d�plore parce que cela est porteur d�un gros risque en terme d�effondrement chaotique.� Face � cette situation, il faut que tout le monde exige une surveillance internationale �massive et qualifi�e�. Le pr�sident du RCD expliquera que depuis la fraude de 2004, �l�Alg�rie aura � son corps d�fendant particip� � quelque chose de positif. A la suite de l�escroquerie qui a consist� � pr�senter le groupe qui �tait � Alger comme �tant une commission de surveillance d�l�gu�e par l�ONU, ce qui n��tait pas le cas, la Commission et le Parlement europ�ens ont d�cid� de mettre en place un syst�me de surveillance international standardis� qui se base sur un certain nombre de param�tres, dont le nombre d��lecteurs et l��tat des listes �lectorales ; le nombre de bureaux de vote ; la situation s�curitaire, la cr�dibilit� de l�administration� �. Il s�agirait donc d�authentiques commissions de surveillance qu�il faudra exiger, mais pas seulement pour la pr�sidentielle, mais pour tous les scrutins. Comment, dit encore M. Sadi, demander � un Parlement de ne pas violer la Constitution si vous laissez les d�put�s arriver � cette responsabilit� par le trucage et le bourrage des urnes ? Il ne faut pas faire de cette demande d�observateurs une question taboue. Maintenant pour ce qui concerne la pr�sidentielle de 2009, M. Sa�d Sadi est bien conscient qu�il est un peu tard, la commission devant travailler au moins 3 � 4 mois sur place. Mais, pr�conise-t-il, cette surveillance internationale doit �tre fortement exig�e, ne serait-ce que pour savoir quel est le v�ritable taux d�abstention. �Si l�on n�est pas install� dans les jeux claniques, en quoi une surveillance internationale g�nerait-elle ?� s�interroge M. Sadi. Je n�ai aucun scrupule � faire appel � toute organisation ou structure pour que la transparence pr�vale. �Il faut sortir de la client�lisation de la soci�t� alg�rienne. Tant que l�on n�a pas clarifi� ce d�bat, je crains que la confusion ne persiste et que l�on soit broy� par une noria clanique alors que le 12 novembre nous interpelle pour une nouvelle mise en perspective de la nation.� �On ne m�entra�nera pas dans le sas d�attente que le bon militaire fasse le bon putsch� Mais quel avenir, aujourd�hui, aux forces d�mocratiques dans le pays ? A cette question r�currente, le pr�sident du RCD a eu cette r�ponse : �Il faut d'abord lever ce tabou qui consiste � dire qu�en dehors du r�gime, on ne peut rein faire. Un des r�les de l�opposition est d�interpeller tout le monde, la classe politique, �videmment, mais aussi la soci�t� civile pour que l�on dise simplement o� vous vous situez ? Si vous vous situez dans les luttes claniques, il n�y a rien de p�joratif, mais on doit le savoir et savoir si vous �tes persuad� qu�en jouant X contre Y, vous allez arriver � un moment � r�cup�rer tout ou partie de la d�cision qui vous permettrait de faire ce qui vous para�t bon. Si vous vous installez dans l�opposition et �tes convaincu que l�Alg�rie, au bout de 50 ans d�ind�pendance, m�rite une alternative � la mesure de sa lutte d�ind�pendance, alors l�, oui le r�le de l�opposition, � la faveur du 12 novembre dernier, est de d�claniser la soci�t�.� Et Sadi de pr�ciser : �Je ne suis pas de ceux qui disent que Bouteflika n�a pas le droit de se pr�senter. Il n�a, par contre, pas le droit de violer la Constitution, il n�a pas le droit de confisquer la T�l�vision alg�rienne, il n�a pas le droit d�imposer sa tribu au sommet de l�Etat, comme il n�a pas le droit d�entra�ner l�Alg�rie dans une pr�dation � ciel ouvert sans que la justice se saisisse d�un dossier. � Mais, ajoute-t-il, �celui qui me dit on ne veut pas de Bouteflika et je vais ramener mon chef, je ne suis pas oblig� de m�aligner derri�re son chef. Il n�est pas interdit, lorsque le citoyen alg�rien voit dans la plus totale transparence, sur la base de quoi des partis, des responsables se sont alli�s, de d�gager un consensus mais que cela se fasse avant mais pas apr�s l�acc�s au pouvoir�. �Je ne pr�tends pas �tre repr�sentant exclusif, complet et accompli de la d�mocratie alg�rienne, mais l�on ne m�entra�nera pas encore une fois dans le sas que le bon militaire fasse le bon putsch.� Peut-on faire de la politique en Alg�rie avec l�omnipr�sence du DRS ? A cette question on ne peut plus directe, la r�ponse est aussi directe : �Je n�ai aucune casserole qui tra�ne et le DRS ne g�ne que ceux qui ont des choses � se reprocher. � Cela dit, l�hypoth�se qu��met Sa�d Sadi en �tant qu�observateur du terrain� est que �nous sommes en train de passer d�un r�gime militaire � un r�gime policier�. Il en veut pour preuve le budget exponentiel du minist�re de l�Int�rieur et l��cart de moins en moins important entre ce budget et celui de la d�fense. Mais naturellement, cela ne veut pas dire que la d�mocratie va y gagner. Plus le pouvoir alg�rien est d�l�gitim�, plus la France a des marges de man�uvres importantes Quand il a �t� questionn� sur les �ventuels deals qu�aurait pass�s Bouteflika avec la France, M. Sadi a r�pondu que la tradition veut que quand la droite est au pouvoir en France, on s�en tient aux relations d�Etat � Etat. C�est un peu cynique, commente-t-il, mais c�est ainsi. Aujourd�hui, et depuis un moment, la France est en crise et l�environnement international ne favorise rien. Du point de vue des dirigeants fran�ais, l�id�e est tr�s simple : plus le pouvoir alg�rien est faible et d�l�gitim�, plus ils ont des marges de man�uvres pour pouvoir aspirer ce qui les int�resse. Il y a une rentabilit� �vidente sur le cours terme mais continuer � jouer sur ce registre-l� n�est plus simplement une erreur mais une faute politique. Jouer le court terme, ne retenir que l�aspect mercantile entre l�Alg�rie et la France est une erreur, m�me si, intellectuellement, � et M. Sadi pr�cise qu�on le lui a fait savoir sur le registre de la confidence �, les autorit�s fran�aises ont �t� tr�s choqu�es par ce qui s�est pass� le 12 novembre. Mais en l�occurrence, rajoute M. Sadi, les aveux de couloir ne nous int�ressent pas.