On ne pouvait pas terminer l'ann�e sans l'ultime �b�tisier� arabe de l'ann�e. Et j'entends par b�tisier, non pas les maladresses t�l�visuelles habituelles mais de vraies pi�ces de b�tises d�bit�es par des gens apparemment intelligents. Pourquoi pas un n�ologisme pour qualifier les insanit�s qui nous sont servies, comme �stupidier� par exemple. C'est un terme beaucoup plus pr�cis et plus seyant que le b�tisier, avec ses airs bon enfant. Qu'apprend-t-on donc en cette fin d�cembre � parcourir les titres des cens�s nous informer sur les r�alit�s du monde ? Que tout va mal dans le pire des mondes arabes, mais qu'une arm�e des anges est en marche pour �craser les ennemis de la Nation arabe. Chaque pays croit avoir rep�r� son avant-garde, quelque part entre Aden et Casablanca. La solution miraculeuse existe et nous en voyons tous les jours la preuve dans l'avanc�e irr�sistible de ses signes. On le voit dans la retentissante victoire remport�e par un praticien de la �rokia� sur des journalistes pr�somptueux. Oui, c'est manquer de discernement que de d�noncer le charlatanisme m�dical dans un pays sous la mainmise des charlatans. Il faut vraiment croire que le journalisme contribue � faire �clater la v�rit� dans des pr�toires qui n'ont pas �t� n�cessairement d�sign�s � cette fin. Et puis, enfin, chers confr�res, quelle mouche vous a piqu�s � d�noncer la �rokia� qui se pratique au grand jour, y compris dans des cabinets m�dicaux modernes ? Il n'y a plus lieu de parler de pratique ill�gale de la m�decine, d�s lors que tous les autres m�tiers se parent du sceau de l'ill�galit� et du mensonge. La �rokia� et son pendant archa�que, la �hidjama�, ou saign�e, sont d�sormais en position dominante. Ces pratiques, qui n'exigent ni de longues �tudes ni dipl�mes, n'ont eu besoin que d'un seul label pour s'imposer, celui de la �m�decine proph�tique�. A partir de l�, quel magistrat, nourri de telles certitudes depuis l'�cole primaire, oserait condamner un acte de �rokia�? Quelle assembl�e, quelle chambre des youyous, quel ordre de m�decins, et j'en passe, auraient aujourd'hui de dire qu'un m�decin est un m�decin et qu'un chenapan est un chenapan ? M�me s'il y a des m�decins, il faut l'admettre, qui sont un peu les deux. A ces constantes (thawabite) m�dico-religieuses, on ajoutera maintenant la r�sonance du youyou comme acte �lectif et d'all�geance de la �choura�. Encore un mot extirp� de son contexte pour nous �tre servi comme panac�e universelle � nos soifs de d�mocratie et de libert�. Il faut dire qu'un youyou, � la stridence reconnue, a beaucoup plus de volume et d'effet lorsqu'il est pouss� dans une chambre d'enregistrement et qu'il �mane du plus profond d'une gorge qui a d�j� rendu de multiples services. Un cri du c�ur jailli d'une gorge profonde. Les commentateurs de la presse nous disent que ce youyou, r�percut� par les journaux t�l�vis�s (1), �mane d'une ancienne journaliste de la t�l�vision, plus pr�cis�ment d'une liseuse de journal t�l�vis�. De mon point de vue, cette dame s�natrice a plus servi les int�r�ts du pouvoir, et les siens subs�quemment, qu'elle n'a honor� la profession. C'est pourquoi je sugg�re aux animateurs du prochain �stupidier� de ne pas le cataloguer sous le terme de �youyou de cons�ur� (2) mais sous celui de �youyou de s�natrice � (du tiers pr�sidentiel note du traducteur). �a sonne mieux et �a ne fait pas siffler les oreilles des journalistes qui ne souffrent pas encore d'acouph�ne. Avec beaucoup plus de r�sonance encore, puisque les cha�nes satellitaires arabes l'ont relay�e, on nous a ass�n� cette information destin�e aux Arabes na�fs, cr�dules et qui attendent l'arm�e des anges. Les services de renseignement du Fatah palestinien ont espionn� l'Alg�rie pour le compte de la France. Pire : ces m�mes services ont sous-trait� des informations de premi�re main pour le compte de plusieurs services, dont ceux des Etats-Unis et d'Isra�l. Bien s�r, les m�dias arabes ont aval� goul�ment ces informations sans s'arr�ter au fait qu'elles �manaient de Mohamed Nezzal, membre du bureau politique du Hamas. Comme vous le savez, le Hamas a pris le pouvoir � Gaza depuis juin 2007 apr�s en avoir chass� le Fatah. Selon Mohamed Nezzal, ces informations proviennent des archives que le Fatah a abandonn�es lors de sa d�route militaire � Gaza et que le Hamas a r�cup�r�es. Le dirigeant de la branche int�griste palestinienne a affirm� que les documents concernant l'Alg�rie �taient � la disposition des autorit�s de ce pays. Voil� comment, une semaine apr�s nous avoir serin� des �v�rit�s� sur le danger des anciens officiers fran�ais qui ont infiltr� le FLN, on nous sort un autre scoop: celui des Palestiniens �hizb-Fran�a�. Etant peu enclin � ajouter du cr�dit � l'histoire des �taupes� fran�aises qui ont infiltr� l'ALN (3), je ne me sens pas oblig� de croire les accusations d'un dirigeant du Hamas. D'autant plus que les deux factions rivales sont engag�es dans une lutte � mort pour prendre en main les destin�es du peuple palestinien. Comme d'aucuns ont pris en main de fer les n�tres au lendemain de l'ind�pendance. Pr�s d'un demi-si�cle apr�s, nos leaders de partis et nos ministres ne trouvent pas d'autres d�rivatifs que de pi�tiner le drapeau isra�lien, sous le d�me de la salle Harcha. Cette fa�on de susciter et de stimuler l'exaltation pu�rile des foules en dit long sur le niveau global de nos �lites. Un ancien chef du GIA s'est m�me port� volontaire, comme au bon vieux temps, pour aller envahir Isra�l. �a ne vous rappelle rien, �a ? Et si �a ne marche pas comme il y a dix-sept ans, on se rabattra sur quelques intellectuels la�ques. En cherchant bien, on doit en d�nicher encore quelques-uns pour permettre � nos djihadistes d'�tancher leur soif de sang. Puisque nous en sommes � ce niveau, je propose � votre r�flexion le d�bat qui agite en ce moment le Bahre�n, au sujet du mariage de jouissance (zaouadjal- muta�). Ce mariage tr�s r�pandu au sein de la communaut� chiite tend � se d�mocratiser davantage par ses co�ts de plus en plus r�duits. Selon la correspondante du magazine Elaph � Manama, le mariage de jouissance revient aujourd'hui � 7 ou 8 dollars pour une demi-heure ou une heure de sacrifice � V�nus. Un th�ologien chiite qui appelle, sans rire, ce type de mariage �adult�re satisfaisant�, a sugg�r� n�anmoins de le r�glementer. Il s'agit, en effet, d'assurer l'avenir des enfants qui naissent de ces mariages en reconnaissant leur l�gitimit�. Toujours ce souci des formes qui emp�che de prononcer les mots fatidiques: le mariage �muta�, dont ils parlent, c'est la passe � 7 ou 8 dollars, telle que pratiqu�e dans le plus vieux m�tier du monde. Et c'est, sans doute, ce prix, incroyablement bas, de la jouissance, qui les g�ne aux entournures. Sortez donc vos calculettes ! A. H. (1) Au fait, allons-nous regretter Hamraoui Habib Chawki comme d'aucuns ont regrett� Zeroual ? Comme nous allons de mal en pis, la chose n'est pas impossible. (2) Il y a une dizaine d'ann�es, un confr�re avait fait suivre la signature de son point de vue, paru dans un hebdomadaire qui n'est plus, de la mention �ex-journaliste�. Je lui en avais fait la remarque estimant qu'il r�pudiait un peu trop vite sa profession. Je m'�tais tromp�: c'�tait un repli tactique, il est revenu parmi nous et �a va �tre difficile d'en faire un ex. (3) Je suis convaincu, pour ma part, qu'aussi bien les infiltr�s que les authentiques ont rivalis� d'ing�niosit� ensemble pour tondre le peu de laine que la France a laiss� pousser sur nos dos.