Des dizaines de combattants des Forces d�mocratiques de lib�ration du Rwanda (FDLR) vivent en plein c�ur de Miriki, hameau perdu dans les montagnes du Nord-Kivu, dans l'est de la R�publique d�mocratique du Congo, au beau milieu de villageois paniqu�s � l'id�e d'une prochaine attaque des arm�es rwandaise et congolaise. �Si la guerre vient, nous allons mourir�, affirme le chef du village, Paluku Murandia, chemise � col deltaplane et casquette pouilleuse sur la t�te. �La population est tr�s inqui�te�, rench�rit le �chef de la police�, Mburugu Masemo, dont l'unique policier, tout de jean v�tu, monte la garde devant la paillote o� se rassemblent les chefs FDLR et quelques notables. Ennemis depuis 1996, Kinshasa et Kigali ont lanc� le 20 janvier dans l'est congolais une op�ration militaire conjointe sans pr�c�dent contre les FDLR, r�fugi�es dans cette partie du pays depuis le g�nocide de 1994 au Rwanda. Au moins 5 000 soldats rwandais ont p�n�tr� au Nord-Kivu et progressent depuis lors vers les sanctuaires des rebelles hutus, qui vivent tr�s souvent dans des zones recul�es, mais cohabitent avec les paysans. Les hostilit�s � venir alimentent la crainte d'importantes pertes civiles et d'un nouvel exode, dans une r�gion � l'histoire pleine de massacres, o� les d�plac�s de guerre se comptent aujourd'hui par centaines de milliers. �Les (soldats) rwandais vont nous tuer.� Miriki, peupl� de Nande, garde en m�moire la violente offensive rwandaise contre les camps de r�fugi�s hutus en 1996. Cette inqui�tude est encore plus vive dans les zones hutues rwandophones. Beaucoup de villageois craignent �galement d'�tre pris entre deux feux, ou de faire les frais du cynisme des FDLR. Officiellement, les rebelles hutus entretiennent de �tr�s bonnes relations avec la population� de Miriki, selon l'un de leurs chefs sur place, le major Kafa Bimanos. �Pour survivre, nous essayons de cultiver, faire de l'�levage, de l'agriculture...� �Ils font surtout le commerce du chanvre, intimident la population et lui imposent une multitude de taxes�, r�pond un instituteur. �A leur arriv�e, ils ont beaucoup d�rang�, viol� des femmes, tu� des innocents. La nuit surtout, ils se transforment en ennemis. Pour eux, la violence est automatique�, ajoute cette source. �La population souffre, elle est trait�e comme du b�tail, il faut accepter l�humiliation. � �Les gens sont fatigu�s des FDLR, mais ils n'ont pas le choix, ils doivent s'adapter�, r�sume un religieux. En fait, �la population est comme prise en otage et risque de servir de bouclier aux FDLR�, qui pourraient �tre tent�es de jouer la carte des pertes civiles, afin de discr�diter leurs ennemis aux yeux de la communaut� internationale. �Ils veulent que les villageois restent autour d'eux et les emp�chent de partir�, confie un chef coutumier, sans qu'il soit possible, en un bref passage dans le village, de confirmer ces accusations. �Les FDLR disent clairement � la population : nous sommes innocents, vous �tes innocents, vous allez mourir avec nous�, ajoute la m�me source. Ces interrogations sur le sort des civils rev�tent une importance toute particuli�re alors que la Mission de l'ONU en RDC (Monuc), dont l'un des principaux mandats est la protection des populations, tente de d�finir sa position sur l'offensive en cours. Selon plusieurs sources onusiennes, la Monuc �tudierait � sous certaines conditions � une �ventuelle participation � l'op�ration, notamment en soutien logistique aux FARDC (arm�e congolaise). �Nous attendons d'�tre inform�s des grandes lignes de l'op�ration. La Monuc pourra ensuite planifier et mieux d�finir son r�le afin de prot�ger au mieux les populations�, commente simplement le porteparole militaire, le lieutenant- colonel Jean-Paul Dietrich.