Fort de sa dernière offensive, le chef rebelle Laurent Nkunda, interrogé dans son fief de Kichanga (est de la RDC), veut obliger le gouvernement de Kinshasa à ouvrir des négociations directes avec lui, menaçant dans le cas contraire de "le chasser du pouvoir". "Nous voulons une négociation directe avec le gouvernement (de Kinshasa). J'attends la réponse. C'est leur choix de refuser ces négociations avec nous. Mais nous allons les pousser à avoir ces négociations, sinon les faire partir du pouvoir", a affirmé dimanche à un groupe de journalistes le général déchu tutsi congolais Laurent Nkunda. Tenue militaire, béret vert et lunettes fines, sans grade apparent, Laurent Nkunda a donné une conférence de presse dimanche après-midi dans son fief de Kichanga, une zone reculée de la province du Nord-Kivu sans couverture téléphonique et située à environ 80 km au nord-ouest de la capitale provinciale Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). "Si rien n'est fait, nous allons forcer ce gouvernement à quitter le pouvoir, a prévenu M. Nkunda. Nous sommes déjà à l'entrée de Goma. Mes troupes infiltrées étaient (mercredi) à l'aéroport de Goma. Je leur ai dit de s'arrêter parce que j'ai vu la souffrance de mes frères de Goma, entretenue par les FARDC (Forces armées de RDC) qui fuyaient les affrontements." Mercredi soir, au terme d'une offensive éclair qui l'a mené jusqu'aux portes de Goma et a jeté des dizaines de milliers de personnes sur les routes, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Nkunda a proclamé un "cessez-le-feu unilatéral", qui a été globalement respecté depuis. Le chef rebelle avait pris brièvement en juin 2004 la ville de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, frontalière de celle du Nord-Kivu. Il refuse de négocier avec le gouvernement congolais dans le cadre du processus de paix engagé depuis la signature d'un accord de paix, le 23 janvier à Goma, impliquant tous les groupes congolais dans les Kivu. "Le programme Amani ne nous convient plus", a dit Laurent Nkunda, qui n'avait pas signé en personne l'accord de Goma. Le gouvernement entend lui négocier avec le CNDP dans ce cadre, c'est-à-dire avec tous les groupes congolais opérant dans les Kivu, mais refuse une discussion en tête à tête avec la seule rébellion de Nkunda. Le chef rebelle s'est montré plus évasif sur ses revendications, assurant pêle-mêle vouloir le "rétablissement de la sécurité" avec la "traque des FDLR" (Forces démocratiques de libération du Rwanda, rebelles hutus rwandais), "la mise en place d'une armée nationale républicaine", une plus grande transparence dans des contrats miniers et la mise en place d'une forme de fédéralisme à l'échelle nationale. L'ex-général de l'armée congolaise a une nouvelle fois démenti recevoir le soutien de l'armée rwandaise, comme l'en accuse régulièrement le pouvoir central à Kinshasa. R. I./Agences