Les r�actions nombreuses suscit�es par certaines dispositions de la loi de finances compl�mentaire 2009 remettent � l�ordre du jour un d�bat s�rieux : celui du �syndrome hollandais�, c�est-�-dire celui des effets pervers d�une �conomie renti�re. D�bat autrement plus s�rieux que celui de savoir s�il faut maintenir ou revenir sur le Cr�doc comme seul mode de paiement de nos importations. Tous les observateurs de l��conomie alg�rienne ont pu constater que depuis le d�but des ann�es 2000, nos importations n�arr�tent pas d�augmenter et ont m�me explos� en 2008. Les plans de relance I, II et III ont incontestablement �r�veill� l��conomie nationale. Quoique puissent en penser les analystes orthodoxes, on est bien pass� de 3 points de croissance hors hydrocarbures � la fin des ann�es 1990 � 6,5 % en 2007 et 2008, et il est bon de rappeler qu�en 2006 (-2 %) et 2007 (-1 %), le secteur des hydrocarbures, dont le poids est consid�rable dans la croissance, a r�gress�. Ces plans de relance expliquent en grande partie cette augmentation des importations. Chacun peut le comprendre ais�ment. Mais l�analyse de la structure de ces importations r�v�le que les plans de relance ne sont pas seuls en cause et que le ph�nom�ne est plus sournois et v�hicule des effets qui peuvent s�av�rer catastrophiques pour notre �conomie. Explications Sept processus sont en �uvre qui expliquent la d�rive constat�e : 1) Au commencement, il y a le boum des ressources financi�res procur�es par des exportations d�hydrocarbures sur un march� mondial favorable. 2) Cette embellie financi�re a lieu en contexte national marqu� par l�ouverture commerciale, la d�protection et le relatif d�mant�lement tarifaire. 3) Une lib�ralisation financi�re, qui ne dit pas son nom, elle aussi rendue possible par le boum des ressources, est venue appuyer l�ouverture commerciale. Compte devises en partie transf�rables, march� parall�le de la devise largement tol�r� ont facilit� l�adoption par les autorit�s bancaires du pays des �transferts libres� et des importations �sans paiement� (entendez sans contribution de l�Etat) : vous vous procurez des devises et vous importez ce que vous voulez sous r�serve d�accomplir les formalit�s douani�res et d�avoir votre carte d�importateur. 4) Tous ces ph�nom�nes ont lieu dans un contexte �conomique national o� le moteur de la croissance est la consommation int�rieure, le march� int�rieur, stimul�s par la d�pense publique que permet la rente : hausse des investissements publics, hausse des salaires, hausse de la demande globale. 5) Le contexte institutionnel national n�est pas favorable � l�investissement de production et � l�activit� de production industrielle : il n�y a pas, par exemple, de loi d�investissement particuli�re favorable � l�investissement industriel. 6) Le climat des affaires est, on ne le sait que trop, tr�s mauvais en Alg�rie et le co�t des transactions tr�s �lev�. 7) Le boum des ressources a frein� les r�formes. Tout cela a abouti � un contexte �conomique alg�rien o� les activit�s de rente (importations, transports, commerce int�rieur), stimul�es par une demande int�rieure en pleine expansion, sont plus r�mun�ratrices que les activit�s de production. Et on retrouve ici un syndrome connu des �conomies renti�res o� le grand concurrent de l�entrepreneur est l�importateur : quand un pays en a les moyens (et c�est le cas de l�Alg�rie depuis dix ans), les incitations � produire sont moindres que les incitations � importer, et il se forme une classe puissante d�importateurs (on les a appel�s chez nous les �barons�... du fer, du ciment, de l'agroalimentaire, etc.) � laquelle viennent s�ajouter les �grappilleurs� commer�ants de la valise et autres petits importateurs qui alimentent le secteur informel, v�ritable plaie pour les petites entreprises nationales de production. L�Egypte, �conomie renti�re s�il en est (canal de Suez, revenus des �migr�s, p�trole, sites touristiques), a connu ce syndrome qui est � l�origine de l'effondrement de son industrie manufacturi�re durant les ann�es 1990 et le d�but des ann�es 2000. On voit bien que l�explosion des importations est bien un ph�nom�ne structurel, et leur encadrement, leur ma�trise ne d�pendent pas fondamentalement de leur seul mode de paiement : l�arr�t du transfert libre et l�obligation du Cr�doc ne sont qu�un caut�re sur une jambe de bois. Le probl�me est plus s�rieux et le ver est dans le fruit ! Que faire ? 1) La relance par la demande, politique conjoncturelle s�il en est, a atteint ses objectifs et en m�me temps ses limites. Poursuivre dans ce sens et continuer � consacrer toute la politique �conomique � la seule relance par la demande ne va plus produire que des effets pervers : importations massives, pressions inflationnistes, croissance �conomique insuffisante et co�teuse. 2) Il est temps � pr�sent de quitter les politiques conjoncturelles pour des politiques structurelles, des politiques qui agissent sur le syst�me �conomique national en profondeur et qui en changent les r�gles de fonctionnement. L�objectif est de casser la rigidit� de l�offre nationale, de l��largir par l�investissement de production en le facilitant pour tous ces promoteurs priv�s qui disposent de capitaux et aussi, pour beaucoup d�entre eux, de talent et de savoir-faire. Elargir l�offre nationale, c�est aussi am�liorer le climat des affaires pour toutes ces entreprises, petites et moyennes, qui rencontrent nombre de difficult�s dans la r�alisation de leurs m�tiers. Le r�le de l�Etat alg�rien est aujourd'hui plus que jamais d�aider les entreprises � produire davantage de biens et de services, de les aider � lever les freins fiscaux et r�glementaires qui entravent leur d�veloppement. Une politique de l�offre ne saurait se suffire de quelques dispositions fiscales ou de cr�dit arr�t�es dans une loi de finances compl�mentaire. Certes, il est utile d�all�ger la fiscalit� et autres charges obligatoires qui p�sent sur l�entreprise mais il faut aussi et dans le m�me temps : 1/ Aider � la mise � niveau de nos PME. 2/ Am�liorer la protection effective de l��conomie. 3/ Lutter contre l��conomie informelle et appliquer fermement notre loi sur la concurrence. 4/ R�former (enfin !) le syst�me bancaire pour le rendre plus � l��coute du financement des entreprises. 5/ Rendre le march� du travail moins rigide et y introduire de la flexibilit�. 6/ Am�liorer la performance du syst�me de formation. 7/ Faciliter l�acc�s des PME aux march�s publics en leur r�servant une part importante de ces march�s. 8/ Organiser la d�fense des PME en cr�ant une structure d��coute et de d�fense judiciaire sp�cialis�e dans leurs justes int�r�ts. Comme on peut le voir, l��conomie alg�rienne a besoin de passer � une nouvelle �tape de son organisation et de son d�veloppement. Il est incontestable que les plans de relance I, II et III ont �t� un choix judicieux et leur r�alisation pr�pare tr�s s�rieusement l��conomie � de forts taux de croissance. Mais ceux-ci ne sont pas automatiques. Il faut les fabriquer et c�est pr�cis�ment l�objet de ce projet global en faveur de l�entreprise. Lors des s�ances d�audition des ministres tenues pendant le mois de Ramadan 2008, le pr�sident Bouteflika avait demand� au ministre de la PME et, par son interm�diaire, au gouvernement, de pr�parer avant la fin d�cembre 2008 (estil pr�cis� dans le communiqu� compte rendu de l�audience), un programme global de soutien au d�veloppement de la PME, une sorte de �small business act�. Les entrepreneurs alg�riens l�attendent toujours.