Bien qu�il ait redonn� au CRB le go�t des titres en d�crochant la coupe d�Alg�rie, Mohamed Henkouche se retrouve sur la sellette en ce d�but de saison. Il est vrai que les Rouge et Blanc pointent seulement � la neuvi�me place apr�s sept journ�es et n�arrivent plus � gagner. Pourtant, face � l�orage qui gronde, le coach belouizdadi est plut�t serein, lui qui en a vu d�autres et qui a toujours su se faire appr�cier. Le Soir d�Alg�rie : D�but mitig� du CRB dans ce championnat. Vous vous attendiez � ce parcours ? Mohamed Henkouche : Je ne suis pas du tout d�accord avec vous quand vous parlez de d�but mitig�. Mais par rapport � la superbe fin de saison �coul�e, vous n��tes pas repartis sur les m�mes bases ? A ce jour, le seul match qui nous est rest� en travers de la gorge, c�est celui de la premi�re journ�e � Oran face au MCO. Et pourquoi ? Parce qu�on menait par un but � z�ro et quand la lumi�re a diminu� d�intensit� � cause de projecteurs d�fectueux, on a encaiss� trois buts pour ne pas dire quatre. C�est ce jour-l� que vous aviez d�clar� que vous aviez jou� sous la lumi�re de bougies. Pas terrible comme excuse ? Mais on gagnait par un but et on avait rat� le K.-O. pour tuer le match. Ensuite, mes joueurs n�ont pas pu s�adapter � la diminution de la lumi�re, et on a encaiss� quatre buts. Par ailleurs, quand vous avez une seule lampe, elle est bien plus �blouissante pour l��il que lorsque ce sont 24 ampoules qui �clairent. Quel bilan dressez-vous aujourd�hui ? Moi, je dirai que c�est un bilan positif. Il ne faut pas oublier que l�on a eu quatre matches � l�ext�rieur. On a ramen� des nuls de S�tif face au champion en titre et de Batna o� il n�est jamais facile de s�imposer. On a remport� nos deux matches au stade du 20- Ao�t. Donc, c�est positif d�autant plus que le Chabab ne constitue plus une �quipe surprise comme la saison derni�re. En tant que d�tenteur de la coupe d�Alg�rie, on va �tre attendu partout. Le football pendant le mois de Ramadan, c�est dur ? Non ce n�est pas dur. La pratique du football n�a jamais �t� incompatible avec le mois sacr� de Ramadan, que ce soit en plein jour ou en nocturne. Pourtant, il y a un joueur du MCO qui a d�clar� que c��tait criminel de le faire �voluer � 16 heures en plein mois de Ramadan ? Oui, mais ce joueur n�a pas fait les �tudes que j�ai suivies. D�ailleurs, en 1996, alors que j��tais le coach du MCO justement, j�avais dit aux joueurs de travailler plus pendant le mois de Ramadan. Tout le monde avait tiqu� � l��poque. Mais on avait poursuivi selon ma m�thode et � la fin de la saison, on avait gagn� la coupe d�Alg�rie. Pour vous, le Ramadan n�est pas incompatible avec le sport de haut niveau ? Non pas du tout. D�ailleurs, lors d�un regroupement r�cemment, on nous a pass� un film de la Fifa qui le confirme. Je crois que le seul changement c�est l��tat psychologique. Quand un joueur pense qu�il n�a pas d��nergie du fait qu�il n�a pas bu et n�a pas mang�, cela diminue son rendement alors qu�en fait, sa capacit� �nerg�tique est intacte. Lors des s�ances d�entra�nement, on vous a vu tirer des coups francs remarquablement et jongler. C�est pour �pater vos joueurs ? �Mazalet el baraka�. Non, plus s�rieusement, cela prouve que la technique ne dispara�t pas mais en fait, j�ai toujours pris soin de mon corps que j�entretiens r�guli�rement. Le long tunnel du stade du 20-Ao�t qui m�ne des vestiaires au terrain ne vous rappelle-t-il pas celui de Bordeaux o� vous avez �volu� ? Oui, c�est vrai, vous l�avez remarqu�. Effectivement, le tunnel � Bordeaux est l�un des plus longs d�Europe. Revenons au Chabab. Quel est votre objectif cette saison ? L�objectif est de faire au moins comme la saison derni�re, c�est-�-dire d�crocher un titre, pourquoi pas la coupe � nouveau et se classer � une meilleure place en championnat du fait que l�on s�est bien renforc�s � l�intersaison. Etes-vous satisfait des nouvelles recrues ? Oui, on avait des insuffisances sur le plan offensif et on a ramen� des attaquants. Je crois que l��quipe actuelle est plus �quilibr�e que celle de la saison derni�re. Que pensez-vous de Slimani, le transfuge de Ch�raga, dont on dit beaucoup de bien ? C�est un gar�on qui a de l�avenir. Il a un fort potentiel m�me s�il lui arrive de rater parfois des occasions. Certains pensent qu�il pourrait �tre le futur avant-centre de la s�lection. C�est exag�r�, non ? Non, ce n�est pas exag�r�. Il a des potentialit�s pour cela mais maintenant, il ne faut pas lui demander la lune. Sofiane Youn�s rel�ve d�une blessure. Il vous a manqu� ? Oui, il nous a manqu�. C�est un joueur dont on conna�t les capacit�s offensives avec ses d�bordements sur les ailes et c�est un handicap de ne pas pouvoir l�aligner. Mais une �quipe digne de ce nom ne doit pas compter uniquement sur un seul �l�ment et je crois que l�on a su pallier son absence. Quel est le probl�me avec Ma�ziz qui ne joue pas ? Je n�ai aucun probl�me avec Ma�ziz ni avec personne d�autre. Si je dois donner un avis l�-dessus, je dirais que Ma�ziz est un gar�on plein de qualit�s et de ressources. Pour moi, c�est le futur arri�re central du CRB pour de longues ann�es. Maintenant, je dirais aux gens qui s�occupent de lui de pr�s ou de loin, de le laisser tranquille et de lui permettre de g�rer sa carri�re. Mais pour �tre le futur d�fenseur central, il faudrait qu�il le prouve sur le terrain ? Moi, je crois en ce joueur et je lui fais confiance mais si on veut qu�il progresse, il faut qu�on le laisse tranquille et c�est un appel que je fais. Il doit y aller doucement et il ne faut pas qu�il br�le les �tapes. Apr�s sept journ�es de championnat, sept entra�neurs ont �t� d�j� limog�s. Qu�est-ce que cela vous inspire ? Malheureusement, en Alg�rie on n�a pas encore compris que l�entra�neur doit �tre jug� sur son travail et non pas sur les r�sultats techniques. Un coach ce n�est pas quelqu�un qui est bon quand il gagne et un mauvais technicien quand il perd. Un entra�neur c�est de la p�dagogie, une mani�re de travailler, une lecture du jeu, un discours, bref, tout un ensemble. Or, les gens qui nous encadrent ne sont pas des connaisseurs et pour �viter les probl�mes, ils ont trouv� le fusible id�al. D�ailleurs, il est rare qu�une �quipe qui change de coach au cours de la saison devienne championne d�Alg�rie. Alors que vous ayez remport� la coupe d�Alg�rie, vou �tes sur la sellette... Oui, parce que nos responsables sont � la merci de la rue. Quand les supporters disent qu�un entra�neur doit partir, le pr�sident ne peut que s�ex�cuter. C�est triste d�en �tre arriv� l�, mais c�est la r�alit� alg�rienne. En ce qui me concerne, si demain je dois quitter le Chabab, je le ferais avec la conscience tranquille et le sens d�avoir apport� la joie � ce club. Michel Platini, le pr�sident de l�UEFA, est contre la vid�o. Et vous, quel est votre avis ? Je suis d�accord avec Platini parce que c�est un ancien grand joueur international et il sait ce que c�est. Il veut humaniser le football et non pas le robotiser. Il a admis les deux arbitres suppl�mentaires qui resteront derri�re les buts et surveilleront les coups bas dans les dix-huit m�tres, mais il ne veut pas que le foot devienne une sorte de play-station. Le fait que Platini soit devenu le patron du foot europ�en est positif ou n�gatif ? C�est tr�s positif. Platini �tait mon adversaire quand il jouait � St-Etienne et que j��voluais � Bordeaux, mais aujourd�hui je suis d�accord avec ses id�es et je trouve que l�Alg�rie devait s�inspirer de cet exemple. Je souhaiterais que l�adjoint direct soit un bonhomme du football qui peut le conseiller dans ce contexte. Comme Mohamed Henkouche par exemple. Et pourquoi pas, m�me si Henkouche commence � se faire vieux. Songez-vous d�j� � la retraite ? Il n�y a pas longtemps, j�ai eu l�occasion de discuter avec le directeur technique de la Fifa. Mes coll�gues m'ont pr�sent� � lui comme �tant le doyen des entra�neurs alg�riens en activit�. Je lui ai alors pr�ciser que doyen voulait dire en fait le plus vieux et il m�a r�pondu �Monsieur, on n�est vieux que lorsqu�on n�est plus curieux�. Et vous �tes toujours tr�s curieux ? Oui, je vous le confirme et je constate que j�apprends tous les jours et tant que je suis debout sur un terrain, je continuerai. Cela veut dire que l�on n�est pas pr�s de se d�barrasser de vous ? Et non pas encore et vous allez encore me supporter longtemps !