A la fleur de l��ge, des jeunes Alg�riens fuient par felouques et radeaux de fortune leur pays o� il ne fait pas bon vivre. C�est qu�ils �touffent grave dans ce coin du globe, vingt et un ans apr�s que des jeunes de leur �ge eurent lib�r�, dans une violente r�volte, leur trop-plein de frustrations et, par leur sang vers�, permis pour un temps l��closion de quelques bourgeons de libert�. Une r�volution inaboutie, le 5 Octobre 1988 ? Incontestable. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - La situation dans le pays ne s�est pas fondamentalement am�lior�e avec d�filement inexorable des ans depuis que des jeunes ont brav� le tout-respressif du Front de lib�ration nationale (FLN), le parti-Etat. La mis�re, telle une grang�re, se m�tastase dangereusement � l�ombre d�une �conomie voulue de march� mais qui reste encore de bazar. Le ch�mage, n�en d�plaise � ceux qui ont pour charge de soigner la statistique en la mati�re, accable toujours. Le champ des libert�s est drastiquement r�tr�ci. L�ouverture politique et m�diatique, le plus pr�cieux acquis d�Octobre 1988, est obstru�e par le maintien de l��tat d�urgence. La remise en cause du principe de l�alternance au pouvoir � travers la suppression de la limitation � deux des mandats pr�sidentiels, a replac� le pays dans une situation quelque peu semblable � celle qui pr�valait avant la r�volte juv�nile d�Octobre 1988. La seule diff�rence, peut-�tre, est que l�Alg�rien ne vit pas les p�nuries en tout genre et de tout ordre au quotidien mais ulc�r� par son pouvoir d�achat consid�rablement d�grad�. Les couches laborieuses sont indistinctement �prouv�es par la vie on�reuse. C�est pour toutes ces raisons que la harga, cette p�rilleuse et clandestine travers�e de la M�diterran�e, est devenue un v�ritable ph�nom�ne de soci�t�. C�est pour toutes ces raisons que, aussi, les enseignants, tous paliers confondus, ont d�cid� de faire du 5 octobre 2009 une journ�e de gr�ve et de protestation. L�Intersyndicale de l�enseignement compte, ce jour, faire entendre sa voix et souligner sa mobilisation. Son action pourrait fort bien faire des �mules parmi le reste des entit�s professionnelles, tant le malaise est partout. Profond, au point o� l�observateur averti et quidam partagent le constat de ce que les ingr�dients pour une explosion sociale sont r�unis. Paradoxalement, comme en 1988, c�est du c�t� de l�enseignement que gronde la protestation. On sait que, il y a vingt ans, tout partit de la gr�ve des lyc�ens dans l�Alg�rois. Le mouvement, on s�en souvient, a fait tache d�huile. Il n�est peut-�tre pas valable de toujours attester que les m�mes causes produisent les m�mes effets mais consid�rant la d�liquescence sociale et politique qui mine le pays, la r�volte risque de sonner une nouvelle fois. Le d�cor politique n�est certes pas le m�me qu�en 1988 o� le parti unique r�gnait sans partage. Ce qui en a fait une soupape salvatrice. Le monopole de la d�cision politique et �conomique est toujours de mise. L�opposition politique survit tant bien que mal, elle qui vit de plus en plus g�n�e dans son action et dans son r�le. Pourquoi Octobre 1988 a produit tant de rat�es ? Peut-�tre que le ver �tait d�j� dans le fruit � cueillir. D�aucuns ont eu � affirmer que la r�volte juv�nile d�il y a vingt et un ans �tait tout sauf spontan�e. C�est pourquoi elle est rest�e une r�volution inaboutie.