�Je dois vous mettre en garde contre le � Ma�lem� alg�rien, votre fr�re� Il d�passe de beaucoup en avidit� et en m�chancet� le patron au chapeau qui vous a exploit�s autrefois. � En pronon�ant ces paroles, Houari Boumediene a eu comme un pressentiment de l�av�nement d�une �poque o� l��uvre qu�il a �difi�e avec une foi quasi religieuse et qu�il a cru survivre aux gouvernements et aux hommes, croulerait comme un ch�teau de cartes et les travailleurs qu�il a consacr�s fer de lance de ses r�volutions, r�duits � la mis�re� Nous voil� arriv�s en pleine �poque pressentie o�, en guise d��conomie lib�rale g�n�ratrice de bien-�tre, de droit de chacun et de d�mocratie, est instaur� un capitalisme f�odal caract�ris� par le �trabendo� en guise de commerce, d�un hold-up sur les biens en guise de partage �quitable des richesses du pays aux travailleurs et � tous et de tricherie en guise de relations sociales, le tout soutenu par une mafia politico-financi�re agissant au grand jour et dans l�impunit�. Le d�funt s�adressait aux travailleurs, parce qu�il savait que, face � un patronat arriviste et cupide, ils seront sans d�fense. La fameuse UGTA, perp�tuel syndicat de service sera la premi�re � choisir le nouveau syst�me. Ses patrons, qui ont �t� les plus z�l�s et les plus fanatiques � applaudir son �choix irr�versible�, sont aujourd�hui les m�mes, et les plus engag�s � soutenir l�autre choix irr�versible, celui de la cession des entreprises publiques au dinar symbolique, du blocage des salaires et de la lib�ration des prix. C�est le syst�me o� se reconnaissent maintenant tous les barons mercantilistes et faux compagnons de Boumediene, soucieux avant tout, hier comme aujourd�hui, de d�fendre leurs propres int�r�ts, leur carri�re politique et leur compte en banque. Devant cette situation aux cons�quences dramatiques, que doivent faire les travailleurs ? G�mir en silence et faire semblant de ne pas voir le danger ? Ce serait une solution pour avoir la paix. Mais si un A�ssat Idir pouvait parler, il dirait : �Luttez : les l�ches ne m�ritent pas de piti�.� (Adage populaire). Non seulement l�objet de crainte de Boumediene s�est largement r�alis�, mais il s�est r�alis� cons�quemment ce que ni ce dernier ni les h�ros du 1er-Novembre n�ont souhait� au peuple alg�rien : la division du peuple en classes distinctes et logiquement oppos�es. Classe aristocratique constitu�e de ceux qui se nomment (cadres de l�Etat), qualificatif sujet � caution, tant en mati�re de comp�tence que de connaissances acad�miques et de connaissances tout court. Tr�s souvent, nos cadres sont nomm�s sur recommandation venue d�en haut. D�ailleurs, l��tat d�liquescent du pays nous renseigne sur la fa�on dont celui-ci est g�r�. Et maintenant, ce sont les �lus du peuple qui ont choisi de se doter d�un statut en or avec une rente qui d�passe tout entendement (30 000 000 DA, soit le salaire de cinq professeurs de CHU ou d�universit�) Au train o� vont les choses, nous devons nous attendre � vivre l�institution d�une chambre des Lords et d�une chambre basse et entendre des noms comme Kaddour de la Grange ou Hama de la marmite� c�est aristocratique quoi ! Et nos �lus ne sont l� que pour vivoter entre Moretti et L�Aletti et bien s�r applaudir pour rester dans les all�es du pouvoir N�ont-ils pas applaudi quand ils avaient �t� qualifi�s de �chiatines� � Batna ?... Inclure dans cette cat�gorie, par l�attribution de rentres et autres privil�ges, la famille r�volutionnaire, est injuste et contre-nature, notamment quand on sait que le reste du peuple, les paysans, les travailleurs et m�me ceux qui ont h�berg�, nourri, cach� et soign� les moudjahidines � qui ils ont ouvert leurs gourbis, vivent toujours dans le besoin et dans les m�mes taudis d�autrefois, oubli�s. Ceci pour dire que la famille r�volutionnaire n�englobe pas seulement ceux qui d�tiennent l�attestation communale et les d�tenteurs de ce document ne sont pas tous de la famille r�volutionnaire. Tous les Alg�riens savent qu�officiellement, il y a au moins 10 000 faux moudjahidines (source minist�rielle) et selon d�autres sources (A�t Hamouda fils du chahid Amirouche), il y aurait au moins autant de faux chouhadas. Ceci pour la classe aristocratique dont la raison d��tre est l� encore la rentre. Et au bas de l��chelle, tr�s en bas, est class� le travailleur, classement qui ressemble un peu au tiers-Etat de l�Europe m�di�vale � la veille des ann�es 1789 et de la Russie tsariste � la veille de 1918. C�est incontestablement ceux qui suent, triment et produisent les richesses mat�rielles et culturelles du pays. Ce pays. Ce sont les ouvriers, les enseignants � tous les niveaux, les soignants de la base au sommet et les paysans qui obtenu une part des terres biens vacants. Ceux dont les droits sociaux, syndicaux, et simplement le droit de vivre dignement, se r�tr�cissent chaque jour. Il est, par ailleurs, curieux que les sociologues et les politologues du syst�me n�aient pas attir� son attention sur les dangers de ce classement et de donner en exemple l�Irak au moment crucial o�, la nation, au lieu de s�unir pour parer � l�invasion de son territoire � � deux reprises � a laiss� �l�aristocratie � sadamite seule face � l�ennemi. Une revanche que ne m�rite aucun peuple.