S'il y a quelque chose de commun aux pays du Maghreb, ce sont, sous des formes vari�es, les interdits de toutes sortes. Au Maroc, plusieurs directeurs de journaux et des journalistes ont �t� condamn�s. Le 30 octobre, le tribunal de Casablanca a condamn� � un an de prison assorti d'une amende de 270 000 euros Taoufik Bouachrine, directeur du journal Akhbar al Youm, et son caricaturiste Khalid Gueddar, pour avoir publi� une caricature sur le mariage du prince Moulay Isma�l, cousin du roi Mohammed VI. Et le journal a �t� ferm� par les autorit�s. Une semaine auparavant, le 26 octobre, le directeur du journal Al Jarida al-Ouala, Ali Anouzla, �copait d'une peine d'un an avec sursis, et la journaliste Bouchra Eddou de 3 mois de prison, pour avoir publi� un article sur �la sant� du roi� ! Le 16 octobre, l'hebdomadaire Le Journal d�Ali Amaravait �t� condamn� en appel � une amende de 250 000 euros pour des faits remontant � 2006. Pire, la veille, le 15 octobre, Driss Chahtane, directeur de l'hebdomadaire Al-Micha�l, avait �t� condamn� � un an de prison ferme et �crou� � la prison de Sal�- Rabat pour plusieurs articles sur la sant� du roi. Deux de ses journalistes �copaient de trois mois de prison avec sursis. Et puis il y a ces jeunes du Mali (Mouvement alternatif pour les libert�s), pris � partie par tous les partis politiques marocains si�geant au Parlement pour atteinte � l'Islam, pour avoir os� bris� le tabou du je�ne du mois de ramadan ! Le 19 octobre, les deux co-fondatrices de ce mouvement unique dans le Maghreb et les pays arabes, Ibtissame Lachgar (34 ans) et Zineb El Rhazaoui (28 ans) sont refoul�es de l'a�roport de Casablanca : il leur est interdit de quitter le Maroc ! En Alg�rie, il y a eu l'affaire du livre Poutakhinede Mehdi al-Djezairi, vendu librement avant d'�tre interdit de vente. Avant cette affaire, le dernier livre de Mohamed Benchicou avait connu la m�me m�saventure. Boualem Sansal, Selim Bachi sont tout simplement interdits de diffusion. Ces interdictions, dont certaines sont assum�es publiquement par le pouvoir politique, s�ajoutent � celles touchant plus g�n�ralement le droit de gr�ve, de manifester ou d'association, sur fond de condamnations � des peines de prison ou d'amendes prononc�es contre des anonymes comme les �harraga�, les manifestants de Diar Echems, d'Oran ou de Annaba� Plus grave est la situation en Tunisie. Le journaliste et �crivain Toufik Ben Brik vient d'�tre victime d'une nouvelle cabale polici�re. Il �tait en stationnement dans sa 106, attendant sa fille Khadija (10 ans) qui sortait de l��cole. Soudain, sa voiture est percut�e par une R19 conduite par une femme. Au dire du journaliste, la dame l'interpelle en l'accusant de n'avoir pas fait attention. Ce � quoi Ben Brik r�pond qu'il n'est pas fautif vu qu�il n�a m�me pas mis la cl� de contact. Sous les yeux de sa fille, la femme l'accuse d'avoir embouti son v�hicule, tente � son tour de monter dans la 106, l'agrippe jusqu'� lui d�chirer la chemise, l'insulte et appelle la police. Au commissariat, on le fait asseoir, on le ligote et on l'abreuve d'insultes avant de l'inculper pour� coups et blessures ! Et le journaliste de se demander dans un article qu�il m�a adress� juste avant son incarc�ration : �comment d�jouer les pi�ges tordus par un r�gime tordu ? Un r�gime affubl� d'un faux nez. Un r�gime sans honneur, qui ne respecte pas la parole donn�e�. Autre cabale du r�gime tunisien : ayant appel� au boycott de l��lection pr�sidentielle, Hama Hammami, �poux de l'avocate et d�fenseur des droits de l'homme Radhia Nasraoui, est recherch� par la police, accus� d�avoir tabass� un homme ! Or, le 1er octobre, c�est H.Hamami, qui, de retour de Paris, �tait interpell� � l'a�roport de Tunis et�tabass� ! Alors, question : � quand une riposte citoyenne � l'�chelle du Maghreb contre ces atteintes qui se multiplient de mani�re intol�rable ?