L'actualité des atteintes contre la liberté de la presse est jalonnée de péripéties dont les journalistes en paient en premier les frais. La dernière actualité en date concerne le Maroc et au sujet duquel 31 membres de l'IFEX et 24 organisations ont condamné l'offensive contre la liberté de la presse dans ce pays et qui s'est traduite par « les arrestations et le harcèlement incessant contre les journalistes et la presse indépendante ». Dans un communiqué rendu public le 23 du mois en cours, l'IFEX qui est un réseau international de défense de la liberté d'expression, appelle « le gouvernement marocain à cesser sa campagne contre la liberté de la presse, la plus violente qu'ait connu le royaume depuis l'accession du souverain Mohammed VI au pouvoir en 1999 ». Et d'étayer son jugement par l'interdiction de publication au début du mois d'août dernier de l'hebdomadaire indépendant francophone Tel Quel et sa version arabophone Nichane, et ce, pour avoir publié un sondage « sur la gouvernance de Mohammed VI, jugé outrageant pour le souverain et contraire aux bonnes mœurs ». Le ministère marocain de l'Intérieur a procédé à la fermeture des locaux du quotidien indépendant arabophone Akhbar Al Youm sans décision de justice. Taoufik Bouachrine, directeur de la publication et le caricaturiste Khaled Keddar ont été poursuivis en justice à la suite de la publication d'une caricature qui constitue, selon le ministère de l'Intérieur, « une atteinte au respect dû à un membre de la famille royale ». Le 15 octobre de l'année en cours, le tribunal de première instance de Rabat a prononcé une condamnation d'une année de prison ferme contre Driss Chahtane, directeur de l'hebdomadaire arabophone Al Michaâl. Le motif qui a mené à cette sentence a été la publication d'articles touchant à la santé du roi Mohammed VI. Le directeur d'Al Michaâl a été arrêté suite à l'énoncé du verdict, sans même attendre la procédure d'appel. Deux journalistes, ont été condamnés à des peines de trois mois de prison avec sursis et à verser une amende de 5000 dirhams soit près de 700 dollars. Ali Anouzla, directeur du quotidien Al Jarida Al Oula et la journaliste Bouchera Edaou du même journal, ont été traduits à leur tour en justice le 26 octobre pour publication de fausses informations concernant la santé du souverain alaouite. « Ces procès qui ciblent, essentiellement, la presse indépendante, constituent une régression grave de la liberté de la presse au Maroc », indique le communiqué de l'IFEX qui a été signé par plusieurs organisations internationales.