Hommage � un grand homme d�c�d� dans le silence et l�indiff�rence des autorit�s Bouhara Salah n�est plus, depuis le 1er d�cembre dernier. Il a rendu l��me � son Cr�ateur, apr�s avoir �t� alit� plus d�un mois. La subite et fatale maladie qui le rongeait a eu raison de lui. Salah, Si Mourad pour ses compagnons d�armes, a r�sist� courageusement devant sa maladie qui s�est r�pandue vite dans son fr�le corps. A la souffrance et � la douleur, il �tait d�j� habitu�, puisqu�il avait support� la torture des soldats fran�ais en se gardant d�avouer le moindre d�tail de ses activit�s r�volutionnaires. Il s�est abstenu de moucharder ses compagnons au prix d�une mort certaine � laquelle il a miraculeusement �chapp�, non sans s�quelles. N� le 20/9/1929 � Harbil, dans la wilaya de S�tif (Petite- Kabylie), son d�c�s est survenu � l��ge de 80 ans. Bouhara Salah est p�re de 10 enfants, 3 gar�ons et 7 filles. Ses d�buts pour la cause nationale, il les a fait dans les rangs du PPAMTLD, ensuite au FLN. A la Redoute o� il habitait, le nationalisme �tait une �cole agissante o� le d�funt Didouche Mourad ainsi que le regrett� Debih Ch�rif l�ont grandement ancr�. Naturellement, Si Mourad, Salah Bouhara, s�est abreuv� de cette source in�puisable. Son choix �tait vite fait, son camp aussi. Il a choisi de prendre les armes contre l�occupant, parce qu�il �tait convaincu que la politique avait atteint ses limites. AAlger, aux c�t�s de Yacef Sa�di et Bouchafa Mokhtar, il s�emploie � organiser des attentats qui ont r�ussi � soustraire les Fran�ais � leur qui�tude. Suite � ces attentats, notamment l�incendie des garages Valentin, le couvre-feu fut instaur� dans la capitale. Arr�t�, puis jug� et emprisonn� � Barberousse, � El-Harrach et � Saint-Leu (Bethioua). Bouhara Salah a r�ussi � s��chapper de la prison de cette derni�re, en compagnie du disparu Ada Ben Aouda, dit commandant Si Zaghloul. Convalescent, mais il a pr�f�r� continuer la guerre que de se reposer. Aussit�t dehors, il int�gra un commando que dirigeait feu Mossadek. A Arzew, jusque-l� paisible, ses bombes font parler de la R�volution. Apr�s ce forfait commis contre les colonisateurs fran�ais, Si Salah prendra la direction du maquis oranais pour y rester jusqu�� l�ind�pendance. De l�officier qu�il �tait, le voil� au sein de la premi�re Assembl�e populaire nationale (APN). Il est d�put� de la nation et membre de la f�d�ration FLN d�Alger. Non approbateur du coup de force de 1965, il quitta l�APN avec les rares d�put�s qui ont refus� de valider le Conseil de la r�volution. Depuis et jusqu�� sa mort, il a v�cu en marge de la politique et du pouvoir. La politique comme pratiqu�e, car �tait synonyme d�all�geance et de beaucoup de compromis, ne l�int�ressait point. Lui qui a tout connu, la politique dans la clandestinit� (PPA-MTLD), le fida (bataille d�Alger), la prison et l��vasion, le maquis et la d�putation. C��tait un v�ritable moudjahid et rares ceux qui ont eu un parcours comme le sien. Il n�a jamais rien demand�, m�me malade il a pr�f�r� se soigner de ses propres deniers. Il a v�cu noble, et c�est dans la noblesse qu�il est d�c�d�. Il a v�cu dans la modestie, mais c�est dans la grandeur qu�il a rendu l��me. Tous les hauts grades que certains ont astucieusement usurp�s au nom d�une r�volution qu�ils n�ont pas faite ou qu�ils ont rejoint sous la contrainte ou par malice le laissaient indiff�rent. Pour lui, �le Bon Dieu voyait tout et savait reconna�tre les faux des vrais�. �D�ailleurs, t�t ou tard on se rencontrera chez le Bon Dieu et chacun sera responsable de ses actes�, disait-il. Salah Bouhara a rejoint son �ternel compagnon mardi dernier� avec un courage de vrai r�sistant. Il a voulu rendre l��me chez lui, au sein de sa famille qui l�aimait chaleureusement, comme lui aussi l�aimait. Salah Bouhara n�est plus. Ce grand homme est parti dans le silence avalant la douleur pour ne pas affoler les siens. Si l�on n��tait pas croyant, on aurait dit que c�est dommage qu�une telle personnalit� parte comme �a� �A Dieu nous appartenons et � Dieu Lui retournerons. � Repose en paix si Salah, nous sommes fiers de toi, fiers de ton parcours et saches que nous t�aimons. L� o� tu es, tu dois avoir entendu que Djamila Bouhired s�est r�volt�e contre l�indiff�rence des autorit�s � l��gard des moudjahidine. Elle aussi est malade. Saches que l�indiff�rence adopt�e � ton �gard par tes anciens compagnons et celle des autorit�s n�est en fait que l�aveu d�une peur et d�une crainte : celle des vrais h�ros. En effet, les vrais h�ros font peur� Tout ce que tu m�as dit sur la R�volution et ses faussaires, je le garde et je m�emploierai � l��crire, mais surtout � l�enseigner � ces g�n�rations qu�on veut flouer avec des histoires non r�elles o� la fiction l�emporte grandement. C�est l� ma parole, parole d�un Chaoui...