Proposer un film de Charles Chaplin est le plus beau cadeau de fin d'ann�e, triste, difficile et oppressante. Une ann�e des peuples sacrifi�s (combien d'Irakiens, d'Afghans, de Tch�tch�nes, de Palestiniens et d'autres ignor�s...� comptabiliser, � raison de 100 morts par jour ?) Encore une ann�e aux promesses inachev�es, mal tenues. Une lueur d'espoir cependant, Les Lumi�res de la ville de Charles Chaplin. Une �uvre forte, marquante de l'histoire du cin�ma. Un personnage unique et universel : Charlot, avec sa d�marche particuli�re et son costume ad�quat (comme celui de Zorro, une autre l�gende du cin�ma, toujours vivante). Une canne tordue, arme efficace, d�clenchant des gags en cascades. Un chapeau melon (qu'il manie avec dext�rit�) ne tenant jamais sur sa t�te. Des souliers avachis tourn�s vers l'ext�rieur, corrigeant pas mal de m�chants. Charlot est un personnage plan�taire. Il a fait rire aux larmes le monde entier sans distinction de race, de religion ou de statut social et il continue de le faire avec �l�gance. Charlot est un perturbateur, il d�r�gle les syst�mes (et les situations) et leur imprime sa logique (destructrice parfois gr�ce � ses gags ing�nieux). C'est un personnage comique et dynamique qui cr�e la vie et... l'anarchie constructive. Durant notre enfance, apr�s chaque projection de ses films, on criait �Charlot h'kem oual ou tarlou� avec joie, oubliant les affres de la guerre. Charlot est un personnage qui a effac� l'identit� de l'acteur, comme Boubegra et l'inspecteur Tahar chez le spectateur alg�rien. Les Lumi�res de la ville est une histoire d'amour entre une fleuriste aveugle et un ch�meur g�n�reux qui fait tout (�boueur, boxeur d'un jour, la prison..., une avalanche de gags, une trouvaille cin�matographique, le riche d�gris� oubliant et l'amiti� et l'altruisme.) pour la gu�rir de sa c�cit�. Le d�nouement du film est d'une intense �motion. Un moment fort du film qui bascule du registre comique au tragique quand la fleuriste reconna�t enfin son sauveur bien aim�, en touchant simplement sa main. Une fin sublime : - Charlot : �Vous voyez maintenant ?� - la fille : �Oui, je vois� Fondu au noir et fin (unique). Curieusement, ce sont les plans de fin de chacun de ses films d�sopilants que nous retenons cach�s au fond de notre m�moire : - Sur un chemin, Charlot seul ou accompagn�, dandinant vers l'horizon . Nous sommes aux portes d'une nouvelle ann�e durant laquelle les oiseaux ne chanteront plus peut-�tre, mais gardons l'espoir d'un nouvel horizon depuis lequel Charlot, heureux, nous fera signe de sa canne tordue ou d'un coup de chapeau.