Les voyages : - forment la jeunesse (le voyageur a d�pass� la trentaine), - rapprochent les peuples (ils sont en conflit permanent), - permettent aux uns et aux autres de vivre ensemble (les familles sont disloqu�es), - facilitent l'�change des id�es utiles � l'humanit� enti�re (parfois dans un seul sens). C'est ce que croyait, dur comme fer, Djaghbala Djemii, qui foula, pour la premi�re fois, le parterre luisant (dont le rev�tement est un d�riv� du p�trole, liquide noir, visqueux, m�moire de la terre, pr�sent maintenant partout et m�me dans la composition de nos m�dicaments et... de nos g�nes. G�n�rateur d'�nergie et de richesses ici, de guerre et de mis�re ailleurs) du gigantesque a�roport de Neverlikeyourhome, miroir aux alouettes qui vont se br�ler les ailes na�vement. Il se pla�a dans une file, face au guichet n� 7. On le somma de se diriger illico presto vers le guichet n�13-1. L�, une fouille minutieuse, d�sobligeante, avilissante commen�a. Le policier redoubla d��nergie. Les bretelles l�ch�rent. Et ce qui devait arriver arriva, Djemii d�clina son intime identit�, en toute innocence, sans ambages. Cet �effeuillage� amusa la file du guichet n�7 et fit quelques heureu( x)ses, qui le photographi�rent. Mais parmi eux, heureusement, un vieux couple, � l'adresse des contr�leurs parano�aques : - vous n'avez pas honte ! L'aventure ne fait que commencer pour Djemii, qui r�cup�ra in extremis son sac �ventr� qui a subi des �palpations�. On l'engouffra dans un appareil (passage dangereux peut-�tre pour la sant�), monolithe en acier noir, surmont� d'un �il m�canique terrifiant qui scrute les passagers. A sa sortie dans Neverlikeyourhome, Djemii toussa. Il ne trouva pas de travail. Encaissa pas mal de remarques. Enfin, en vue d'une possible int�gration, il d�cida de se teindre les cheveux (en souvenir du film corrosif et hilarant d'Ettore Scola Pain et chocolatqu'il avait vu au bled.). Se paya une casquette et des lunettes noires qu'il chaussa jusqu'� sa mort. Il devint Jack Balajimy. Mais on lui rappela � chaque occasion qu'il n'est pas un �blond v�ritable�. Il toussa encore et encore, puis rentra au pays pour mourir d'une �trange maladie, quelques ann�es apr�s en Djaghbala Djemii. Sur sa tombe, t�moins d'une am�re exp�rience, ses lunettes noires.