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L'enjeu du rapport entre les Gens du Livre
GUERRE OU PAIX DANS LE MONDE?
Publié dans L'Expression le 11 - 09 - 2008

Musulmans et chrétiens forment la majorité de l'humanité. Ne pas dialoguer, c'est contredire nos sources de vie et nos modèles.
Le pape Benoît XVI avait choqué les musulmans et même des chrétiens lors de son discours de Ratisbonne en septembre 2006. Fait exceptionnel, il a présenté ses regrets face aux protestations. Et après l'avoir lié à celui de la culture, il rétablit en 2007 le «Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux» auquel le pape Jean-Paul II tenait tant. Il ne cesse de défendre la situation de détresse des migrants et de dénoncer la violence aveugle et le nihilisme qui mettent en péril l'humanité. Il multiplie les gestes en faveur du dialogue et de la coexistence. L'Eglise a une part de responsabilité dans le désenchantement et la prolifération du sentiment antireligieux en Occident. Cependant, le Vatican est une force morale et diplomatique mondiale sur qui il faut compter. D'autant qu'avec ce souverain pontife, le débat reste possible. Depuis novembre 2006, après ma rencontre en tête à tête, à la veille de son voyage en Turquie, où il fut reçu dignement, avec ce moment d'émotion qu'il a vécu dans la Mosquée d'Istanbul, le sens du dialogue continue à progresser, malgré les appréhensions nées au début de son pontificat de par son profil dit de «conservateur».
L'entente, une obligation
Nous avons pour devoir de communiquer, surtout que l'Islam est méconnu. En novembre prochain, une délégation de notre groupe des «138» théologiens musulmans initiateurs de la lettre Venez à une Parole commune, qui fait allusion au «Logos» que personne ne peut confisquer, le rencontrera au Vatican pour la première réunion du Forum mondial islamo-catholique. La visite du roi d'Arabie au Vatican et la tenue à Madrid de la Conférence interreligieuse à l'initiative du «Gardien des Lieux Saints», La Mecque et Médine, sont un autre signe de la prise de conscience que notre devenir est lié. Musulmans et chrétiens forment la majorité de l'humanité. Ne pas dialoguer, s'ignorer, ou s'inscrire dans le suicidaire «choc des civilisations», c'est contredire nos sources de vie et nos modèles, pour les chrétiens, l'Evangile, Jésus, et pour les musulmans, le Coran, le Prophète. Avec le Pape et tous les sages on affirme que la christianophobie, l'antisémitisme et l'islamophobie sont inadmissibles. Sans l'entente entre les religions, le monde risque de perdurer dans l'instabilité.
Le dialogue interreligieux met en contact des croyants qui cherchent à se comprendre, sans relativisme, ni syncrétisme, pour apprendre à vivre ensemble. La relation interreligieuse met en tension dialogue et témoignage. Pour les chrétiens, Jésus demeure «l'incarnation du Verbe de Dieu, le seul sauveur de l'humanité». Pour les musulmans, cela est contraire au principe de base, car Dieu est l'Unique, le très Haut et le très Proche, Celui à qui rien ne ressemble, Qui dit à une chose «soit» et elle «est». Il a révélé la religion à tous ses prophètes, d'Adam l'Archétype de l'humanité, à Mohammed, Sceau et Prince des envoyés.
Cette différence radicale entre Islam et Christianisme n'empêche pas de reconnaître les nombreux points d'accord et de réfléchir sur les divergences comme richesses. Les croyants vivent par des voies distinctes une conviction qui les rassemble, celle de l'existence du Dieu Créateur.
Les croyants sont en chemin dans un monde fondé sur la diversité. Chacun croit détenir la part parfaite, et l'Islam est pour nous la religion vraie, mais nul n'a le monopole de la vérité. C'est là un mystère: voilà la vision raisonnable du croyant qui ne se ferme pas sur lui-même.
Le temps est un des facteurs qui devrait nous apprendre à respecter la différence. L'histoire du Salut continue, y compris après la fin des révélations. La durée abrahamique est elle-même un cycle dans le cycle adamique. Chacun de nous a sa lecture de cette histoire. Le Prophète de l'Islam, le bien-aimé de Dieu, l'Homme universel, rassemble en sa noble personne les qualités de tous les envoyés, d'Adam à Jésus, et a toujours respecté le droit à la différence. L'Islam annonce le retour à la Tradition primordiale, la religion adamique, foncière et projette dans l'avenir. Il se présente comme rappel et accomplissement, et comme Parole de la phase finale de l'histoire.
Ce rapport entre les deux grandes religions mérite attention. Dialoguer afin, non pas de rêver ou de consoler les gens, mais de réduire l'écart entre théories et pratiques respectives et donner l'exemple afin que la religion soit une chance et non point une menace pour les sociétés. Il s'agit de l'émulation pour le sens des responsabilités et la justice. Les extrémismes de tous bords, ce qui se passe en Palestine et les risques de déshumanisation de notre époque faustienne, sont des défis communs. Il ne s'agit pas de créer un front, même s'il n'y a rien d'illégitime de travailler à des positions communes à partir de nos socles, mais de forger partout des êtres ouverts et non point fermés. Le souverain pontife, qui effectue un voyage officiel pastoral en France ce 12 septembre, saluera des personnalités musulmanes représentatives du culte à l' occasion de sa conférence sur «Foi et culture». Nous le soutiendrons toutes les fois qu'il aura à rapprocher l'humanité et à dénoncer les injustices. Nous pouvons ne pas être d'accord avec certaines paroles ou actes s'ils nous semblent éloignés de nos principes et espérances.
En retour, nous sommes attentifs aux questionnements et critiques si certaines de nos paroles et certains de nos actes paraissent s'éloigner des attentes des peuples. Nous savons que la fraternité est à ce prix: l'acceptation du débat afin de tenter de dépasser la crise de notre temps. La politique du Vatican se vérifiera en particulier à l'aune de la question de Jérusalem et de la Palestine et de son opposition à la logique folle du choc des civilisations.
Des préjugés qui durent
Depuis la fin de la guerre froide, l'islamophobie est le nouveau mal de notre époque, même si les préjugés datent depuis 1500 ans. Les dérives d'inauthentiques musulmans sont manipulées et amplifiées. D'un autre côté, une des causes politiques contemporaines, qui perturbent gravement la relation entre l'Islam et l'Occident, existe depuis soixante ans: le problème israélo-arabe et la situation d'El-Quds, Jérusalem. Pourtant, les choses sont évidentes. Israël est un Etat dont la politique est l'occupation, la discrimination ethnique et religieuse.
Le fumeux et prétendu «Choc des civilisations» est l'aboutissement d'une lecture biaisée de l'histoire ancienne entre les deux mondes. Mais, il est aujourd'hui le résultat d'une injustice commise par l'Occident vu le sentiment de culpabilité après l'innommable de la Seconde Guerre mondiale et la longue histoire occidentale de l'antisémitisme, qui aboutit à créer un Etat, et de soutenir sa politique malgré toutes les résistances qu'il rencontrait, sans oeuvrer à la création effective de son pendant l'Etat palestinien. Les tensions, les guerres et les haines de tous côtés que cette situation provoque, ont pour résultat de répandre des réactions irrationnelles. Les intégrismes et les archaïsmes du monde arabe, sont aussi des réactions irréfléchies face au tremblement de terre de l'injustice.
Des Occidentaux, y compris des intellectuels, ont des difficultés à analyser objectivement cette question, alors qu'il s'agit de favoriser le vivre ensemble entre deux peuples, juif et arabe, sur la base du droit, et non pas de pratiquer la politique du deux poids, deux mesures. Ils ne voient pas qu'en soutenant de manière quasi inconditionnelle la politique de colonies d'Israël, l'Occident fragilise sa propre position et nourrit l'extrémisme. Les extrémismes sionistes et arabes sont le reflet d'un certain Occident. Celui-ci les a produits. Les rares intellectuels occidentaux, qui s'élèvent contre cette situation, sont abusivement accusés d'antisémitisme. Aujourd'hui, prévaut un discours qui insulte l'intelligence et qui exige de soutenir la politique d'Israël en refusant de voir son caractère colonial, répressif et raciste.
Le peuple palestinien vit en ce moment, de surcroit en plein mois béni de Ramadhan, la pire situation humanitaire de son histoire. Sans le règlement définitif de cette question, des guerres et violences sous des formes multiples vont continuer à défaire l'Orient, à alimenter la peur «volontaire» de l'Occident et à faire diversion. Pourtant, la majorité des citoyens chrétiens, juifs et musulmans veulent vivre en paix, même si la propagande prétend le contraire. Le monde subit une violence de désinformation sans précédent.
Des intellectuels occidentaux, juifs et chrétiens ou humanistes, objectifs, et qui se rendent compte de cette violence ne sont pas entendus. D'autres sont incapables de comprendre ce tableau et une des causes majeures de la violence en terre d'Orient. Certains, avec lucidité et courage, osent affirmer que «les Occidentaux ne se comprennent plus eux-mêmes. La machine mentale occidentale est déficiente....Elle sème les identités comme elle briserait une vitre en millions de morceaux. Chacun se retrouvant seul sur son îlot identitaire, excluant tous les autres et exclu par eux.» Cette logique d'exclusion ne paraît pas avoir de fin, tant les institutions internationales semblent en avoir perdu le contrôle. Les intellectuels occidentaux, en dialogue avec leurs collègues du Sud, doivent repenser les fondements des impasses et les mécanismes mentaux défaillants, en essayant de comprendre, déconstruire et maitriser les dérives, au lieu de se laisser porter par l'arrogance et le triomphalisme technologique, ou de se laisser museler par la propagande.
De l'Occident, en particulier de l'Europe, aux acquis si prodigieux, on attend une attitude responsable et pionnière et non point la fuite en avant et des promesses jamais tenues.
Les Gens du Livre ont pour responsabilité de rechercher une nouvelle civilisation universelle qui fait défaut et de transformer le monde et non point le détruire.
(*) Philosophe, professeur en relations internationales.
www.mustapha-cherif.net


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