On rencontre sur les trottoirs de la l�avenue Houari-Boumediene et dans certaines rues et ruelles du c�t� des 500-Logements, les 1008, ex-villages agricoles au nord et � l�est de la wilaya de Bordj-Bou-Arr�ridj, toutes sortes d�allum�s qui transitent pour l�ab�me. Les fumeurs de hash mondains ne sont que la partie visible de l�iceberg. D�s que la nuit tombe, la rue n�est plus un lieu public, mais un champ d�op�ration qui d�bouche fatalement sur la violence. �a drague ferme : on n�gocie de la voiture au trottoir. Les fausses blondes et vraies largu�es hurlent � l�adresse des jeunes qui sont tout sauf ruraux. Bordjiens de banlieue. Elles s��gosillent sans se soucier de la foule. Je t�ai d�j� donn� 2 000 DA ce matin, laisse-moi. S�ensuit une cataracte d�injures obsc�nes. Elles ont toutes des noms d�emprunt servant � camoufler une identit� vacillante. Elles s�appellent Lydia, Lynda, Loubna� Rien qu�� les regarder, on devine qu�elles ne sont pas prostitu�es de m�tier. Habill�es tr�s simplement, pas maquill�es, visiblement toxicomanes, elles ont une attitude beaucoup plus discr�te et ne correspondant pas aux canons de la beaut� recherch�e. C�est carr�ment une question de pauvret�. Ce sont des jeunes femmes qui vendent leur corps et qui n�ont d�atout dans cette soci�t� � la d�rive que leur charme dans ce march� terrifiant et impitoyable du sexe et de l�argent. Ce sont pour la plupart des jeunes filles de 18 � 26 ans, sans parler aussi de la prostitution juv�nile des 14 et 16 ans. Elles sombrent dans la musique de cheb Mami, Khaled et autres chanteurs, qui exaltent encore leur d�ch�ance, que le sort et les malheurs d�une vie incertaine ont jet�es en p�ture aux affres du plus vieux m�tier du monde. Recal�es du syst�me �ducatif, sans qualification professionnelle, sans argent, le plus souvent un enfant � charge qu�un p�re ingrat a abandonn� � une soci�t� sans �me et sans scrupules, le regard triste et d�tach�, exil�es de l��panouissement et vivant la honte d�une dignit� perdue, elles sont l� � marchander leur corps � jamais souill� pour ne pas crever de faim. Des �clandestins� jouant le r�le de transporteur pour �la balade de sens� se transforment parfois en protecteurs de ces laiss�es-pour-compte qu�un client impoli pourrait agresser. N�est-ce pas l� la naissance d�un r�seau de souteneurs avant d�arriver � une v�ritable organisation de prox�n�tisme. Les passants qui empruntent les rues des 500-Logements, les 1008, la rue du Stade du c�t� de la Cnep que l�on appelle Mounia, se pressent par peur de l�assimilation et se plaignent tellement ces lieux sont devenus inf�mes et infr�quentables. Pourtant, la police s'acquitte r�guli�rement de son travail en verbalisant souvent ces �clandestins� et en chassant ces femmes prostitu�es. Cependant, ces derni�res reviennent chaque jour � la charge. Lorsque la ville dort, des lieux nocturnes s�ouvrent � ce march� de la mis�re et de la d�ch�ance humaine, des cabarets, des espaces improvis�s et des habitations transform�es par leurs propri�taires en maisons de d�bauche, de beuveries et de rencontres �hard�. Des personnes esseul�es, des cadres en mal d'aventures passag�res et des gens � l�escarcelle remplie, gros commer�ants, maquignons viennent chercher aupr�s des �belles de nuit� le bonheur �ph�m�re. Il est aujourd�hui surprenant de voir ce ph�nom�ne de la prostitution sauvage �chapper � tout contr�le sanitaire, ouvrir la voie � tous les fl�aux sociaux : maladies sexuellement transmissibles... Devant l�absence d�une couverture sanitaire, sociale et �conomique, ces femmes sont en l�gitime d�fense � leur corps d�fendant.