C'est la nuit. Le brouhaha diurne s'estompe. Le silence s'installe. Toutes les cha�nes TV se d�cha�nent en un flot continu d'images h�t�roclites qui s'infiltrent � travers l'incalculable nombre d'orbites, p�les r�cepteurs de pr�dilection de ces hypnotiseurs modernes imparables. Un homme peaufine les derniers pr�paratifs. Bandes musicales choisies avec go�t, curseurs r�gl�s, micros plac�s, v�rifi�s. Un direct sur les ondes est fin pr�t. Bip ! Bip ! Bip ! La station annonce son identit�. Un flash des nouvelles du jour et fin. Jingle. Un blanc tr�s bref puis des profondeurs de la nuit, un g�n�rique de r�ve, perce le silence. Des oreilles attentives �coutent. A partir de son modeste studio, dont la lourde porte est d�j� verrouill�e, le r�alisateur Djamel Eddine Hazourli communique avec son �quipe, derri�re la vitre qui s�pare la r�gie. Cin�rama, �ni�me �mission radiophonique sur le cin�ma, est lanc�e pour deux heures de concurrence � la t�l�vision. Avec une voix chaude, l�g�rement grave, vraie, loin de la sophistication forc�e de ceux qui veulent s'�couter, un ton amical, un d�bit fluide. Hazourli pose les nouvelles questions sur le cin�ma national et international. D�taille les th�mes du jour et annonce ses invit�s ou les intervenants aux auditeurs nombreux qui ont d�j� fait le choix entre les t�l�s et leur �mission pr�f�r�e. Cin�rama est notre le Masque et la plume, c�l�bre �mission sur le cin�ma, le th��tre et la musique de France Inter. La musique g�n�rique est captivante, propice � une �mission nocturne qui draine un grand nombre d'auditeurs fid�les, des femmes et surtout des handicap�s (il faut conna�tre l'�mouvante histoire de la jeune fille handicap�e qui accepte d'�tre op�r�e seulement apr�s avoir �cout� Cin�rama. Son m�decin en est fan aussi) pour qui l'�mission est un espace accueillant leur donnant de la force et de l'espoir mais surtout du r�ve, car Djamel leur parle d'un art merveilleux, le cin�ma. Hazourli a l'oreille musicale, il fredonne de belles musiques de film. Il a des id�es et de l'humour (il faut suivre �la vieille femme � la hache�, une tartine locale qui hante l'h�tel, terrorisant les cin�astes invit�s au festival les Nuits de Collo de Belabed, qui revient apr�s 12 �ditions). Djamel a surtout du courage. Il n�h�sita pas � couvrir, avec des mordus du cin�ma, un festival durant les ann�es 90, au pied du massif de Collo o� pullulaient les terroristes, juste apr�s un terrible attentat, � partir du bel h�tel Bougaroun. Longue vie � Cin�rama et � son r�alisateur Hazourli.