Lorsqu�Obama promet de livrer �bataille aux banques�, il n�a plus de chance de r�ussir qu�en mati�re de r�forme du syst�me de sant� destin� � extraire du seuil de pauvret� quelques dizaines de millions de citoyens am�ricains. Ici, les all�gations et pr�jug�s de socialisme se dissipent au profit des dogmes : on n�est plus � la marge, on est dans le c�ur du syst�me. Le pr�sident �tatsunien entend faire voter d�ici le printemps une loi qui contr�le la prise de risque, de m�me que la taille des �tablissements financiers. Il dispose pour cela des faveurs d�une opinion publique exasp�r�e par les bonus de Wall Street et leurs profits gigantesques. L�homme de la rue est, selon tous les sondages, outr� par l�annonce du retour des primes de plusieurs millions, y compris dans des banques qui ont �t� sauv�es par les fonds publics et l�argent pr�t� par la R�serve f�d�rale � un taux proche de z�ro (en vertu du principe injustice, qui permet � certains d��tre too big to fail (�trop grand pour faire faillite�), et qui r�alisent � nouveau des b�n�fices impressionnants. �Lorsque se produisent des crises, ce sont tous les contribuables � pas seulement ceux qui ont perdu leur maison et leur travail � la suite de la crise des subprimes � qui doivent en assumer le co�t�, alors que �les actionnaires et collaborateurs des �tablissements financiers b�n�ficient, eux, de tous les avantages d�s que l'�conomie se redresse�. C�est le raisonnement de l�Am�ricain moyen qui conteste ainsi une situation qui privatise les b�n�fices et mutualise les pertes. Dans le collimateur : Goldman Sachs, dont les profits pour le quatri�me trimestre 2009 approchent 5 milliards de dollars. Le banquier a provisionn� 16,2 milliards pour distribuer des gratifications � son personnel au titre de l�exercice 2009. Devant autant d�abus, Obama n�a aucune peine � susciter de l�adh�sion pour son projet de taxation d�une cinquantaine de grandes banques. Avec un tel ascendant psychologique, il peut att�nuer la donne, � d�faut de la modifier. Le timing de la r�forme financi�re est fix� : une semaine apr�s avoir pr�sent� �la taxe Obama� pour r�cup�rer la totalit� des fonds publics utilis�s pour stabiliser le syst�me financier, la Maison- Blanche annonce les �r�gles Volcker�, inspir�es par l'ancien pr�sident de la R�serve f�d�rale qui revient aux affaires publiques en qualit� de conseiller en titre et, bien entendu, fer de lance de cette derni�re initiative. Ce sont les banques d'investissement qui ont le plus � craindre de la r�forme financi�re. Elles qui portent une part importante des liquidit�s circulant sur les march�s financiers. Pour le moment, leur argument tient � une seule pi�ce : le �d�pe�age� risque de d�stabiliser les volumes d'activit� de l'industrie boursi�re, et aussi une perte de valeur des soci�t�s dont la vie d�pend en grande partie de l'intensit� des �changes financiers. Au titre des r�formes figure, en effet, la fin des pratiques des banques de se servir de l�argent des d�posants pour des op�rations sp�culatives � haut risque, comme des fonds sp�culatifs et des fonds d�investissement, qui ont particip� � la r�cession dans laquelle le monde a plong�. Quelles r�gles veut leur imposer Obama ? Il veut d�abord leur interdire de sp�culer sur les march�s pour compte propre, que ce soit avec leur argent ou les positions de leurs clients. Ces grandes banques, qui comme Goldman Sachs et JP Morgan, ont adopt� le statut de banque de d�p�t pour b�n�ficier de l�assurance gouvernementale, prennent des risques avec l�argent cens� garantir leur solvabilit�. Elles devront donc opter : si elles continuent � sp�culer pour leur compte, elles ne pourront plus revendiquer la garantie d�un Etat qui refuse d�sormais d��tre �pris en otage� et qui, par cons�quent, leur impose de perdre du poids, de se d�lester de leur banque de d�p�t. Si, en revanche, elles veulent continuer � jouir de la garantie gouvernementale, elles devront cesser de miser leurs fonds propres dans des fonds sp�culatifs, des actions non cot�es et autres montages ou activit�s � haut risque. Les banques de d�p�t ne peuvent donc pas exercer des activit�s de banque d�affaires. Un �ventuel retour � une s�paration entre banque de d�p�t et banque d'investissement, comme c��tait le cas avant la d�r�glementation n�olib�rale, provoque chez les investisseurs la crainte d'une brusque diminution de la liquidit�. Les milieux syndicaux ont pour leur part, et pour la premi�re fois, ouvertement exprim� leur soutien au pr�sident am�ricain et invit� �tous les gouvernements � tenir t�te aux banques�. De Bruxelles, la CSI � qui revendique 175 millions de travailleuses et de travailleurs au travers de 311 organisations nationales de 155 pays et territoires � qualifie d��tape essentielle l�intention de Barack Obama de �faire de la restructuration des banques l�un des �l�ments- cl�s d�une r�forme r�glementaire compl�te du secteur financier�. La CSI y voit �la bonne direction et une position que d�autres gouvernements devraient s�empresser d�imiter en adoptant des lois similaires�. �Alors que des dizaines de millions de personnes perdent leur emploi, ces m�mes banquiers et financiers, dont l�avidit� et l�arrogance ont empoisonn� l��conomie mondiale, se sont remis � jouer � ce jeu dangereux de la roulette financi�re. Aucunement int�ress�s d�aider � r�soudre la crise, ils ne pensent qu�� se remplir les poches gr�ce � des primes encore plus �lev�es qu�auparavant. Il faut que cela cesse et les autres gouvernements, � l�instar de la d�termination affich�e par le pr�sident Obama, doivent �galement s�attaquer rapidement � ce probl�me�, a d�clar� Guy Ryder, secr�taire g�n�ral de la CSI. L�organisation syndicale attend notamment de l�Union europ�enne qu�elle agisse �rapidement et en phase avec les plans am�ricains � pour �viter une sorte de concurrence d�loyale qui donnerait aux banquiers �r�gul�s� l�occasion de se tourner vers d�autres juridictions pour profiter d�une r�glementation qui leur soit plus favorable. �Nous avons besoin d�un cadre r�glementaire clair et coh�rent au niveau international afin de s�assurer que les pratiques bancaires servent � l'�conomie r�elle. Il faut �galement qu�une imposition sur les transactions financi�res en vue de r�duire la sp�culation et de fournir des fonds qui permettront de couvrir les frais de la crise et de cr�er des emplois durables et d�cents, de m�me que le d�veloppement fassent partie int�grante des mesures�, a annonc� John Evans, secr�taire g�n�ral de la Commission syndicale consultative aupr�s de l'OCDE. Les critiques �savantes� de la taxation des bonus des banquiers avancent que ces derniers ne sont en aucun cas la cause � l'origine de la crise et craignent qu�au lieu d��viter les prises de risque, elle ne pousse les traders � en prendre davantage. En effet, anticipant que l�application de la taxe r�duirait son bonus, pour avoir au moins toujours le m�me bonus r�el (net de la taxe), le trader devra prendre plus de risque. La preuve : la seule annonce de cette taxe a d�j� pouss� plusieurs soci�t�s financi�res � augmenter les salaires fixes de leurs employ�s. Selon une �tude internationale aupr�s de 42 banques, 65 % d'entre elles ont augment� les salaires de base, et 83 % ont diminu� la part des bonus dans les r�mun�rations. Les m�mes critiques sugg�rent de remettre la responsabilit� au c�ur du syst�me. A cet effet, la sanction de la faillite et l�abolition de toute mesure de sauvetage restent la source d�une gestion responsable puisqu'elle consiste � remplacer l��quipe dirigeante et vendre les activit�s de la banque � de meilleurs gestionnaires. Une sorte de capitalisme responsable et parfait. Si le malheur des uns fait le bonheur des autres, c�est aupr�s des Asiatiques qu�il a �lu domicile : la crise financi�re a acc�l�r� le glissement du pouvoir de l�Ouest vers eux. Hirotaka Takeuchi, de l'Universit� Hitotsubashi du Japon, qui participait au dernier Forum �conomique mondial (WEF) de Davos, en est �absolument � convaincu. R�agissant � un sondage de la BBC dans lequel 60% des personnes interrog�es jugent que la crise �conomique et financi�re est responsable de ce changement, il eut ce commentaire sans appel. �Ils ont tout � fait raison. Le terrain principal est aujourd'hui l'Asie. Le volume du commerce que le Japon a avec la Chine a atteint 48,5 %. C'est la r�alit� et c'est aussi l'avenir. Si vous incluez l'Inde, cela va devenir le principal terrain de jeu pour nous�, a-t-il d�clar�.