Si dans les langues algériennes le foie est le siège de l'amour, le c?ur, Iqelb ; uI (en berbère), est traditionnellement le siège du courage. Mais courage doit être pris, ici, au sens général de force morale, d'ardeur, d?énergie que l'on met dans une entreprise, voire de sérieux. Aussi, l?expression «?andu Iqalb» ; en berbère «yes'a uI» (il a du c?ur) prend, selon les situations, diverses significations : il a du c?ur à l'ouvrage, il n?a pas peur des difficultés, il est digne et a le sens de l'honneur. On est tenté de dire que le qelb (le mot est bien masculin) est le siège des sentiments virils, alors que le foie (le mot est féminin) est celui des sentiments féminins, mais les hommes n?ont pas l?apanage du «c?ur» ni les femmes celui du «foie» ; on dit aussi des femmes qu'«elles ont du c?ur» et des hommes qu'«ils ont du foie» ! Pour une fois que la langue ne se montre pas misogyne ! Mais revenons au c?ur et aux expressions qui lui sont associées : on dit avoir «le c?ur blanc» quand on est sans tache et sans reproche, on «écrase sur son c?ur» quand on doit faire quelque chose contre sa volonté, on «emmagasine dans son c?ur» quand on refoule ses sentiments, on «a le c?ur plein» quand on a le c?ur oppressé, qu?on est en colère ou qu?on souffre de nostalgie... Une évolution importante dans la symbolique du c?ur, que nous avons déjà signalée à propos du foie : le c?ur a tendance, à côté des associations traditionnelles, à représenter aussi l?amour. Avec la chanson sentimentale, il devient même à la place du foie, le siège de l?amour !