C�est aujourd�hui que prend fin le d�lai fix� par Al-Qa�da au Maghreb � �la France et au Mali� pour la satisfaction de ses exigences, � savoir la lib�ration de quatre de ses membres d�tenus au Mali contre celle de l�otage fran�ais, Pierre Camatte, qu�elle a enlev� fin novembre dernier en Mauritanie. L�organisation terroriste a enlev� le ressortissant fran�ais dans la nuit du 25 au 26 novembre dernier, dans la ville de Man�ka, dans le nord-est du Mali. Elle le fera savoir, d�abord dans un enregistrement vid�o � travers la cha�ne de t�l�vision satellitaire Al-Jazeera, puis par communiqu� �crit dat� du 7 d�cembre diffus� le lendemain sur Internet, en m�me temps que l�enl�vement, en Mauritanie, de trois ressortissants espagnols dont une femme, qui a eu lieu entre-temps, le 29 novembre. Ces deux enl�vements ont �t� suivis par un autre, en Mauritanie �galement. Celui d�un couple italien dont l��pouse est originaire du Burkina Faso, le 18 d�cembre, et qui sera revendiqu� la semaine suivante, le 26. Mais par rapport aux autres otages qu�elle s�questre, l�organisation terroriste n�a choisi de s�exprimer publiquement que sur le ressortissant fran�ais, alors que pour les autres, les seules informations qui circulent sont celles qui proviennent d�indiscr�tions de responsables politiques des pays d�origine des personnes enlev�es, recueillies par la presse. Elle a, en effet, pr�sent� dans un communiqu� dat� du 10 janvier dernier son �unique exigence� � la �France et au Mali� pour la lib�ration de l�otage fran�ais o� elle rend responsables les deux pays du sort qui lui sera r�serv� si quatre de ses membres emprisonn�s au Mali ne seraient pas lib�r�s dans un d�lai de vingt jours. En choisissant de �traiter� le cas du ressortissant fran�ais s�par�ment et en premier, l�organisation terroriste veut montrer que cet otage n�est pas comme les autres du fait de sa nationalit�. C�est en effet, la premi�re fois, depuis sa cr�ation, qu�elle s�est retrouv�e dans un face-�-face avec la France qu�elle n�a cess� de menacer express�ment jusque-l�, sans jamais se donner une r�elle occasion pour passer � l�action. La date butoir est arriv�e sans qu�il arrive rien � l�otage. Il n�a pas �t� ex�cut� comme elle le laissait craindre. La raison est que l��ch�ance est arriv�e sans que rien de ce qu�elle souhaitait ait eu lieu. Non pas en ce qui concerne son �unique exigence� qui n�est �videmment qu�un pr�texte. Mais il n�y a pas eu le toll� qu�elle attendait dans �l�opinion publique fran�aise et la famille de l�otage� qu�elle a appel�es dans le m�me communiqu� � �faire pression sur le gouvernement de Sarkozy� pour que la victime ne soit pas ex�cut�e, et qui sont rest�es tr�s discr�tes. Ayant �t� superbement ignor�e et n�ayant eu finalement en face d�elle que des �n�gociateurs� locaux du Mali, elle n�avait d�autres choix que de repousser l�ultimatum dans l�espoir de voir concr�tement la France �bouger�. Durant le nouveau d�lai de vingt jours qui expire aujourd�hui, ind�pendamment des tractations maliennes et les d�clarations officielles des autorit�s qui devaient pousser � l��optimisme� tout en restant ferme sur l��impossibilit� de lib�rer des prisonniers et se mettre � genoux devant des terroristes�, la France officielle n�est pas rest�e discr�te. Les deux d�placements �clairs � Bamako du ministre fran�ais des Affaires �trang�res, accompagn�, la deuxi�me fois, par un haut fonctionnaire de l�Elys�e, ont �t� en partie une premi�re r�ponse � l�attente de l�organisation terroriste qui tenait � voir la France �bouger� afin de para�tre peser encore quelque chose. Cette situation a quelque peu lib�r� Bamako, accus� jusque-l� de faire plus ou moins le jeu des terroristes et qui, pour la premi�re fois, s�est permis d�affirmer haut et fort qu��il n�est pas question de lib�rer des islamistes�. Il sait que le v�ritable enjeu pour AQMI, aujourd�hui, n�est ni dans la lib�ration de ses terroristes d�tenus au Mali, ni dans celle du ressortissant fran�ais mais dans sa survie. Totalement �cras�e en Alg�rie o� elle n�a pu commettre aucun acte terroriste d�envergure depuis juillet dernier, elle n�a pas eu, non plus, les moyens de se red�ployer dans les pays maghr�bins ni dans le Sahel. La Mauritanie s�est fortement mobilis�e contre ses embryons de groupes et le nord du Mali o� elle s�est concentr�e, parfois � plus de mille kilom�tres des objectifs strat�giques de la capitale, n�a d�importance que pour d��ventuels kidnappings de touristes �trangers dont elle ne peut se satisfaire sans perdre son �me et surtout sa cr�dibilit� vis-�-vis de son organisation de tutelle. La prise des otages qu�elle d�tient actuellement, depuis novembre dernier, lui a permis une survie m�diatique ces derniers mois dont elle essayera de tirer profit en la prolongeant au maximum pendant qu�elle pr�pare les conditions de son red�ploiement. Son avenir, d�sormais, est dans la r�action des pays d�origine des personnes enlev�es ou qui le seront et celle du Mali qui, chaque fois, en a fait les frais jusque-l�, � son corps d�fendant dans un premier temps, mais qui saura refuser de ne pas passer pour complice. Laisser ind�finiment le nord du territoire entre les mains de l�organisation terroriste n�est rien d�autre qu�une bombe � retardement � la fois contre le Mali et les autres pays du Sahel.