On le disait fini, usé par les luttes intestines et les déchirures, et surtout fourbu après la mort en décembre 2015 de son leader charismatique, Hocine Ait-Ahmed, le Front des forces socialistes vient de démontrer une nouvelle fois à l'occasion de ces élections locales qu'il est et reste la seule force politique en Kabylie. C'est sans grande surprise donc qu'il arrive, pour le cinquième mandat consécutif, en tête des partis et autres listes indépendantes en lice pour l'Assemblée populaire de wilaya dont il a pris 21 sièges, soit près de 49% des 43 mis en compétition, et 19 APC sur 52, dont il dirigera la présidence. Un score qui s'est amélioré de deux sièges à l'APW par rapport aux élections de 2012 à l'issue desquelles il n'en a pris que 19. Il n'aura désormais besoin que d'un seul siège pour décider confortablement avec une majorité absolue du destin de la wilaya de Béjaïa. Ce siège manquant, le FFS devra le prospecter auprès du FLN qui en a gagné 7. Il est exclu, de toute manière, que le FFS passe une alliance avec son frère ennemi le RCD qui arrive deuxième avec 10 sièges ou avec la liste «Ensemble construisons l'avenir» conduite par le maire de Tibane, Zahir Attouche, et composée de fondateurs de l'UDS, donc dissidents et ennemis jurés du FFS, de Karim Tabou, qui en raflé 5. Autre fait notable à signaler, c'est sans doute l'échec cuisant du RND, qui sera le grand absent de cette APW, puisqu'il a été tout simplement laminé. Grand absent, parce qu'il fut influent pendant le mandat écoulé en réussissant grâce à son alliance avec le FFS à se hisser jusqu'au sommet de la hiérarchie de l'APW avec une vice-présidence et une présidence de commission. Le parti d'Ahmed Ouyahia est en perte de vitesse flagrante au niveau de la wilaya de Béjaïa. La grogne de sa base avec les dirigeants du parti au niveau local pour leur choix des candidats s'est exprimée au grand jour déjà aux législatives, où le RND n'a obtenu qu'un seul et unique siège. Cette chute se confirme aujourd'hui pour le RND, avec seulement deux présidents d'APC élus sur un total de 52 communes. Ceci alors que le «parti de l'administration» a présenté 49 listes aux APC. Sur ce même registre, le RCD vient en deuxième position avec 13 maires, tandis que les indépendants dirigeront 9 municipalités, suivis par le FLN avec 4 maires. Le RND, Taj, le MPA et le PST ferment la course avec respectivement 2 présidents d'APC pour les trois premiers et un seul pour le PST, en la personne de Saddek Akrour, qui vient confirmer sa popularité dans sa commune de Barbacha qu'il avait déjà gérée entre 2007 et 2012. Au titre des grands centres municipaux, notons la fin de règne du FLN à l'APC de Béjaïa dont le perchoir est revenu au FFS. La population d'El-Kseur pour sa part a confié la gestion de la ville à l'ex-animateur des «arch» et initiateur de l'historique marche du 14 juin 2001, Ali Gherbi. A Tazmalt, on notera l'échec historique de l'inénarrable Smail Mira devant la liste «Espoir de Tazmalt» animée également par un ancien acteur du mouvement citoyen, Fatah Redjdal. Ce dernier dont la candidature a été invalidée par l'administration a réussi à manager sa liste qui a pris 11 sièges sur un total de 19 sièges à pourvoir. C'est la première fois depuis 1985 que Smail Mira perd la mairie qu'il dirige d'une main de fer. Il est «sorti» par la liste d'un jeune qui a mis à profit son aura auprès de la jeunesse dont il fut très proche de par son travail de cadre de la jeunesse avant son départ en France au lendemain du «printemps noir» de 2001 dont il fut un acteur de premier plan. S'agissant d'Akbou, Mouloud Salhi, figure emblématique du mouvement associatif local, s'empare du poste de président de l'APC après 20 ans de règne sans partage de Abderrahmane Bensebaa. Mouloud Salhi dirige pour rappel depuis une vingtaine d'années l'Etoile Culturelle d'Akbou, une association socioculturelle qui rayonne sur toute la wilaya de Béjaïa. Soulignons enfin qu'en raison du saccage des urnes par les partisans du FLN, le scrutin a été tout simplement annulé dans la commune de Boudjellil. Suspectant une fraude au profit du RND, les partisans de la liste du FLN ont mené une véritable expédition à travers les centres de vote de la commune dont ils ont saccagé toutes les urnes.