S'il fallait désigner un grand perdant à Béjaïa à l'issue des élections locales qui viennent d'avoir lieu, ce serait bien le RND qui s'est effacé de l'APW et n'a obtenu que 3 APC. Son allié dans la coalition présidentielle, le FLN, est à peine mieux loti avec 4 APC, totalisant 121 élus, contre 68 pour le premier. Les partis du pouvoir y laissent des plumes, dont celles du RND ont volé à la suite d'une campagne peu envieuse (affaire Amellou, entre autres). En revanche, le RCD (132 élus) est le parti à qui ce scrutin a profité le plus, en dehors du maintien du FFS dans sa position de première force politique dans la wilaya qui prend de l'écart avec ses 241 élus qui pèseront lourdement dans la sénatoriale. Si le FFS a gardé ses 19 APC, le RCD en a gagné 3 de plus par rapport à sa moisson des locales de 2012 pour comptabiliser cette fois-ci 12 APC. C'est ce que nous pouvons relever des résultats définitifs que nous n'avons pu obtenir auprès du tribunal que vers 9h hier après une nuit blanche d'une très longue attente. Le RCD s'est notamment distingué dans les communes de la Soummam, surtout dans l'ancienne daïra de Sidi Aich (Sidi Aich, Fenaia, Akfadou, El Flaye, Beni Maouche, Tinebdar, Adekar, Chemini). Il n'a triomphé par contre que dans quatre communes de la côte est (Melbou, Boukhelifa, Aokas et Taskeriout), tout comme d'ailleurs le FFS (Souk El Tenine, Tichy, Darguina et Ait Smail). La bonne étoile du Front des forces socialistes a surtout brillé dans le ciel de la vallée (Chellata, Tamokra, Timezrit, Semaoun, Ighram, Ighil Ali, Toudja, Sidi Ayad, Beni Djellil, Seddouk, Ait Rzine, Souk Oufella, Tibane, Beni Ksila). Mais le fait marquant pour le FFS est incontestablement la récupération de l'APC de Béjaïa, avec 11 sièges, en déclassant le FLN et son malheureux candidat, Hamid Merouani, le maire sortant, qui a payé cash les frais de sa gestion décriée des affaires de la commune. C'est presque la débâcle pour le désormais ex-P/APC qui a été repoussé vers la troisième place par la liste indépendante menée par le Dr Mohamed Mansouri, DG du CHU d'Oran, qui a récolté plus de voix bien qu'ayant été crédité du même nombre de sièges (8). Le RCD, absent de l'APC du chef-lieu de wilaya depuis 2012, revient avec 3 sièges, se repositionnant au même niveau que la liste indépendante parrainée par l'UDS. Le parti non agréé de Karim Tabbou sera désormais visible au niveau de l'APW, où il a réussi à faire élire cinq de ses militants, tous des ex-militants du FFS. Il y a fort à parier que ses élus grossiront les rangs de l'opposition aux côtés des dix nouveaux élus du RCD. Et tout plaide pour que la composante de la nouvelle APW ne donne aucun autre choix aux 21 nouveaux élus du FFS que de reconduire la traditionnelle alliance avec le FLN pour pouvoir s'assurer une majorité confortable. Pour jouir de cette majorité, il manque au FFS un seul siège qu'il n'est pas possible, cette fois-ci, de négocier auprès du RND. Le nouveau mandat de l'Assemblée populaire de wilaya imposera encore une fois un jeu d'équilibres politiques qui se feront sur une corde raide et fragilement dans une APW qui a intéressé moins d'électeurs que pour les APC (37,58% de participation contre 44,38%). La même situation sera vécue par de nombreuses APC où les majorités absolues se font rares. L'exception nous vient de Tazmalt, où les indépendants se sont adjugés 11 sièges sur les 19 possibles, écrasant le maire-candidat Smail Mira (3 sièges), sous les couleurs du MPA. A Feraoun, c'est une liste indépendante qui est majoritaire avec 9 sièges sur 15. En totalisant 149 élus, les indépendants sont la deuxième force politique dans la wilaya. A Tamokra, c'est le FFS qui est à l'aise avec ses 8 sièges, comme il l'est à Ighram (7), Ighil Ali (8), Beni Ksila (7) et le sont des indépendants à Mcisna (9), le RND à Amalou (7) et à Tizi n' Berbère (10), et le FLN à Tala Hamza (9). Les gagnants dans les 42 APC restantes n'auront pas les coudées franches sans le jeu d'alliances, y compris à Akbou, où la liste de Mouloud Salhi, qui donne de la visibilité à l'alliance Taj (avec désormais 41 élus dans la wilaya), est passée avec 7 sièges sur les 23 que compte l'APC. La cohabitation se fera avec cinq partis de la même façon qu'elle le sera pour le RCD à Aokas, à Tamridjt pour le RND et à Oued Ghir pour le MPA. Mohand Sadek Akrour revient aux commandes de l'Apc, la seule aux couleurs du PST, avec 6 sièges, forcé cette fois-ci au coude à coude avec le FFS qui a autant de sièges, contre la moitié pour le RCD. La plus éclatée des composantes communales est, incontestablement, celle de l'Apc d'El Kseur, où pas moins de sept entités s'y retrouvent, dont trois listes indépendantes d'où est issu le président de l'APC. Ali Gherbi, l'ancien délégué du mouvement citoyen, puisque c'est désormais lui le nouveau maire de la commune, aura fort à faire.