Rien n'est en mesure de stopper les médecins résidents, en grève cyclique depuis le 14 novembre pour réclamer l'amélioration des conditions de travail, la révision du service civil dans sa forme actuelle et l'égalité concernant l'obligation du service militaire. La mobilisation ne faiblit pas. Bien au contraire, l'adhésion et la solidarité des résidents à travers tout le territoire national se renforcent de plus de plus. Hier, à l'occasion d'un rassemblement suivi d'une marche à l'intérieur du Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Bab El Oued, le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), a encore donné la preuve de sa force de mobilisation. Venus des trois wilayas du centre, Alger, Blida et Tizi-Ouzou, les résidents vêtus de leurs blouses blanches ont réitéré leur détermination à aller jusqu'au bout du mouvement pour la satisfaction de la plate-forme de revendications. Le slogan «Jusqu'au bout, jusqu'au bout, résidents toujours debout !», a été hautement scandé par quelques 2000 participants qui ont sillonné la cours du CHU. Le débrayage cyclique observé à travers tous les CHU du pays, avec «un suivi de plus de 90%», selon Dr Amine Naïli, délégué et membre du bureau national du Camra, entame, désormais, sa quatrième semaine. Dans une parfaite organisation, les médecins-résidents ont, pacifiquement, dénoncé le système de santé algérien et toutes ses failles, reprenant entre autres : «On n'a pas les moyens, dites le aux citoyens !», «SOS, résidents en détresse !» ou encore : «Respect ! dignité ! solidarité !». a la fin de l'action, un compte-rendu des démarches entreprises jusque-là vis-à-vis des autorités a été présenté par les délégués nationaux. Ainsi, en attendant les réponses du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mokhtar Hasbellaoui, le Camra a adressé deux demandes d'audience au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et au ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Tahar Hadjar. Mais, «sans suite jusqu'à présent», dénonce une dégluée qui appelle ses collègues «à rester solidaire, car c'est la seule force avec laquelle on pourra peser». «Notre mouvement a commencé avec un noyau. Aujourd'hui, il est dans le cœur des 10 000 résidents à travers le pays», a-t-elle martelé sous un bruit d'applaudissements. Un autre délégué lui succédant, dira qu'«à travers cette mobilisation, nous lançons un appel au ministre de tutelle pour lui faire entendre que nous n'allons pas reculer jusqu'à satisfaction de nos revendications». Un avertissement qui doit bien trouver sa résonnance chez le gouvernement, d'autant que le Camra avait déjà brandi la menace de recourir à une grève illimitée au cas où ses doléances ne sont pas prises en charge. Le professeur Hasbellaoui a, rappelle-t-on, demandé un délai de 15 jours lors de sa rencontre avec les représentants des résidents. «Nous allons reconduire la grève de deux jours, la semaine prochaine en attendant les réponses du ministre de la Santé qui devront intervenir juste après selon les délais», assure pour sa part, Dr Mohamed Taileb. Ce dernier revient, par ailleurs, sur le point relatif au service militaire duquel les médecins résidents sont exclus de toute dispense contrairement à tous les autres catégories de travailleurs. «Une vraie aberration qui ne dit pas son nom», dénonce-t-il, estimant que «nous sommes des algériens à part entière, et on n'a pas à payer le fait d'avoir choisi d'être médecins». Pour rappel, une délégation du Camra a été reçue, dimanche, au niveau de la Commission de la Santé, des Affaires sociales, du Travail et de la Formation professionnelle de l'Assemblée populaire nationale (APN), dans le cadre des consultations autour du projet de loi sur la santé. Les délégués ont exposé leurs revendications et d'après les premières impressions, il semblerait que les députés soient plutôt favorables à une révision du service civil, mais qu'il reste juste à trouver la formule adéquate pour apporter des changements sans toucher au droit des citoyens aux soins. Une commission mixte mise en place Le ministère de la Santé, de la Population de la Réforme hospitalière a annoncé, hier, la mise en place d'une commission mixte santé-enseignement supérieur pour étudier tous les points de revendications de médecins résidents. «Conformément aux engagements pris en matière de prise en charge effective des revendications exprimées suite à l'audience accordée par le Professeur Mokhtar Hasbellaoui, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, aux représentants des résidents en sciences médicales, il a été décidé la mise en place d'une commission mixte santé-enseignement supérieur pour étudier tous les points de revendication en rapport avec la pédagogie et les conditions de déroulement du résidanat à l'effet de leur trouver des réponses adaptées et pertinentes», a indiqué, hier, un communiqué envoyé à notre rédaction. Les médecins résidents ont entamé, hier, leur quatrième semaine de protestation en organisant un rassemblement au CHU de Bab El Oued à Alger. Une présence de médecins résidents venus des établissements de santé d'Alger et des wilayas du centre comme Tizi-Ouzou et Blida, a été enregistrée sur place.