Aïn Defla, qui accueille les 5es Journées nationales de la poésie populaire et de la chanson bédouie, depuis dimanche à Djelida, est connue pour ses habitants qui tiennent aux traditions et à la protection du patrimoine, notamment la musique et la poésie melhoun. De nobreuses troupes venues de 16 wilayas d'Algérie participent à cette manifestation. La cérémonie d'ouverture de ces journées organisées par la direction de la culture d'Aïn Defla a coïncidé avec la commémoration du 57e anniversaire des manifestations du 11 Décembre 1960. La première soirée s'est déroulée au complexe sportif de proximité (CSP) de la ville, en présence des autorités locales et d'un public nombreux. Il est à rappeler que la wilaya d'Aïn Defla et les villes du Centre et de l'Ouest du pays sont connues depuis longtemps pour leur amour de la chanson bedouie, et les mélomanes écoutent et gardent toujours les enregistrements d'anciens grands chanteurs tels que Cheikh Mohamed Lattafi, Cheikh El Meliani ou Cheikh Ahmed Palikao. Indémodable bedoui Il faut dire que comme tous les styles, la chanson bedouie ne se démode pas et l'on compte encore des chanteurs et musiciens qui continuent à se produire régulièrement et ont même leurs fans. Si à Alger ou dans les grandes villes, on ne connaît que quelques noms tels qu'El Boumerdassi ou des défunts Khelifi Ahmed et Cheikh Djilali Ain Tédles, dans les villages du Centre du pays, il y a d'autres artistes qui enregistrent et écoulent bien leurs CD. En tous cas, ils se font bien applaudir lors des fêtes familiales. Lors de la journée d'inuguration de cette manifestation, le public a bien montré son intérêt en écoutant les vers en melhoun déclamés par les poètes Aouda Belarbi de Mostaganem, Kacem Chikhaoui de Tissemsilt, Lahmar Mohamed et Cheikh Chamarikh d'Aïn Defla. Durant ces journées consacrées à la poésie melhoun et la chanson populaire, les organisateurs ont prévu des rencontres – débats où on parlera de l'hisoire de la poésie populaire et de la chanson bedouie et des myens de les sauvegarder. Ces rencontres qui se tiendront à la bibliotheque verront la participation d'universitaires et de spécialistes du domaine dont des poètes. La soirée de clôture de ces journées doivent se tenir à la maison de la culture Emir Abdellkader de la ville d'Ain Defla. Pour rappel, la poésie melhoun est destinée surtout pour être chantée dans les styles bedoui, sahraoui, chaâbi et moderne. Le melhoun n'est pas appelé ainsi, car il se met en musique comme on le croit, mais parce qu'il contient des fautes de grammaire (lahn) et diffère de la poésie classique du point de vue de la mesure (wezn). Le melhoun pur diffère aussi du bedoui car sa rime ne change pas jusqu' à la fin du poème alors que celle du bedoui change comme dans le mouwachah et le zadjel. Le melhoun tient son origine des mowachahate et du zedjel ainsi que de la poésie de la Djahilia comme le prouvent certains vers de Sidi Saïd El Mendassi, l'un des pionniers de ce genre aux côtés de Cheikh El Kelai et Hadj Khaled. Sidi Boumediene Chouâib qui est parti de Bédjaïa vers Tlemcen a été l'un des premiers poètes classiques avec Ibn Mouâti à écrire des poèmes en melhoun. Il faut noter qu'Ibn Mouâti est l'auteur de la Elfia (la grammaire arabe en 1000 vers). Vu que ces styles (melhoun et bedoui) sont très proches, les poètes n'avaient pas de difficultés à passer d'un genre à un autre.