Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, prendra part aujourd'hui avec les autres partenaires du Pacte national économique et social de croissance, à la cérémonie de signature de la Charte relative au Partenariat Public-Privé, a indiqué un communiqué des services du Premier ministre. Cette cérémonie, qui se déroulera au siège de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), verra également la participation des organisations patronales publiques et privées concernées. Pour rappel, après la mise en place de la Tripartite en 1991, le gouvernement, l'UGTA et le Patronat avaient signé en février 2014 le Pacte national économique et social de croissance avec comme objectifs notamment l'accélération du processus des réformes économiques, le développement industriel, l'amélioration du climat des affaires, la protection sociale et l'amélioration du pouvoir d'achat. Le Partenariat public-privé (PPP) est une démarche consistant à mobiliser des ressources financières pour la réalisation de projets d'infrastructures publiques, provenant d'opérateurs privés ou publics, algériens principalement, qui bénéficieront des revenus générés par l'exploitation de ces infrastructures. Le PPP est un nouveau type de contrat à long terme sur lequel mise l'Algérie pour réaliser ses futurs projets d'infrastructures. «La charte qui devrait être signée par le FCE et le gouvernement n'a pas pour vocation d'obliger les entreprises publiques à privilégier le partenariat avec les opérateurs privés, mais entend plutôt leur assurer une sorte de couverture gouvernementale les encourageant à aller de l'avant sans hésiter, lorsqu'une entreprise privée leur semble être un partenaire intéressant», avait souligné une source du FCE. C'est lors de la troisième édition de l'université du FCE que ce pacte avait été évoqué par le patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, rencontre à laquelle a assisté le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Une loi régissant cette forme de partenariat est même suggérée pour assurer la transparence et la protection des opérateurs. Lors de précédentes rencontres organisées par le FCE sur le sujet, il était question de renforcer la contribution du secteur privé dans les réalisations économiques au vu de ses capacités de financement. En fait, cette charte sera signée dans un contexte de crise financière engendrée par la chute des prix du pétrole. Pour juguler la crise, les différents partenaires vont tenter d'explorer des alternatives au financement budgétaire des infrastructures économiques et d'appeler le capital privé au secours des entreprises publiques qui devraient connaître d'énormes difficultés de financement dans les mois et années à venir. Interrogé par le site spécialisé Maghreb Emergent, le professeur en management à HEC Montréal Taieb Hafsi estime que cette initiative est une aventure sans lendemain : «L'Etat ne peut pas fonctionner avec le privé. Le problème avec le PPP est que l'Etat se retrouve coincé, obligé d'appliquer des règles qui sont les règles générales de l'Etat, ce qui est incompatible avec le marché. Cela ne marche pas et ne marchera pas». Selon lui, le PPP, fétichisé par le patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd est absolument contraire aux lois du marché. Pour sa part, l'économiste Samir Bellal explique qu'aujourd'hui, «on parle de PPP car l'Etat n'a plus les moyens financiers pour lancer des projets d'équipement à offrir au capital privé». Et de souligner: «Notre Etat n'est pas institutionnellement armé pour s'engager dans ce type d'entreprises, et si par malheur il décide de s'y engager, c'est toute la collectivité, sur une ou deux générations, qui en payera le prix».