La Kabylie a célébré hier le 35e anniversaire de la mort du chanteur Slimane Azem, décédé le 28 janvier 1983 et enterré à Moissac, dans le sud-ouest de la France. L'association culturelle Ighrane d'Agouni Gueghrane, village natal de Slimane Azem, dans la daïra des Ouadhias, à une quarantaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, a eu l'insigne honneur de célébrer l'événement de la mort de son enfant prodige Slimane Azem durant deux jours, hier et aujourd'hui, avec au menu un programme riche et varié. L'hommage, qui sera selon les organisateurs, un avant-goût, de la célébration du centenaire de la naissance de l'artiste, prévue en septembre prochain, a débuté hier matin par le dépôt d'une gerbe de fleurs dans la maison qui a vu naitre l'artiste il y'a presque un siècle, le 19 septembre 1918, suivi de prises de parole du président de l'association Ighrane, d'élus locaux et de proches de l'artiste. A cet effet, Djouher Azem, cousine de Da Slimane, a tenu à remercier tous les présents à cette commémoration non sans afficher son bonheur et celui de toute la famille de l'artiste de voir «les nuages se dissiper enfin dans le ciel de Da Slimane», un artiste qui n'a pas cessé de chanter son attachement au pays et qui a fini, contre son gré, enterré loin de la terre de ses ancêtres, en raison de l'ostracisme affiché à son égard par le pouvoir algérien de l'époque. Un programme varié La commémoration de l'anniversaire de la mort de Slimane Azem a été marquée également par la programmation d'activités sportives et culturelles, avec notamment des séances d'exhibitions en sports de combats exécutées par des champions de la région, ainsi qu'une remise des prix aux vainqueurs du tour de cyclisme organisée à cet effet. Les organisateurs qui ont choisi la célébration de cet anniversaire durant le week-end afin de permettre à un maximum de citoyens d'y assister, n'ont pas omis d'inclure au programme durant ces deux jours de commémoration, des activités culturelles liées notamment au théâtre et la poésie, deux domaines où excellait avec brio Slimane Azem. C'est ainsi que le public est convié à visiter une riche exposition réalisée par l'association Ighrane autour des sculptures en bois et en pierre, la robe kabyle avec tous ses modèles, des poteries de l'antiquité et moderne, des objets de collection en relation avec la guerre de libération nationale, des livres, des timbres, des cartes postales, des photos relatives à la cueillette des olives et aux beaux paysages kabyles, des pièces de monnaie... Durant ces deux journées dédiées à la célébration de la mort de Slimane Azem, les hôtes d'Agouni Gueghrane auront également l'agréable surprise de visiter un stand réservé à des voitures de collection d'une vingtaine de modèles différents, en plus d'une écurie réservée aux races de chevaux (pur-sang, berbère, arabe, anglais, polonais, berbéro-anglais). Un riche parcours Pour aujourd'hui, les organisateurs ont prévu une conférence autour de la vie et de l'œuvre de l'artiste animés par Arab Aknine, Ramdane Achab et Amar Zentar. Une occasion pour les présents, de découvrir les péripéties de la vie et de l'œuvre de celui qui avait mitraillé par sa voix le colonialisme français alors que la guerre d'Algérie battait son plein. D'ailleurs, selon de nombreux témoignages, certains poèmes de Slimane Azem à l'instar de «Ffegh ayajrad tamurt-iw» et «Ifghed waggur» vont lui valoir des déboires avec l'administration coloniale qui l'aurait d'ailleurs assigné à résidence en 1958. Né le 19 septembre 1918 à Agouni Gueghrane, Slimane Azem a rejoint la France en 1937. A Paris, il travailla comme aide-électricien au métro durant les années 1940. Une rude période de sa vie qui le marqua, et qui l'inspira dans plusieurs de ses chansons où il évoquait les conditions de vie des émigrés. Il enregistra son premier disque chez la célèbre compagnie Pathé-Marconi en 1951. Le succès rencontré avec ce premier disque intitulé «A Muh a Muh» ne cesse de grandir au fil du temps. Après une longue carrière et un succès grandissant, Slimane Azem fut le premier chanteur algérien à obtenir un disque d'Or en 1970, ce qui fera de lui l'un des chanteurs les plus écoutés en France, un pays où il a vécu en exil jusqu'à sa mort le 28 janvier 1983, dans la ville de Moissac, où il est enterré loin des siens.