Les divergences flagrantes concernant le programme balistique iranien, que les pays de l'Europe souhaitent restreindre, sous pression de Washington, opposent le continent à l'Iran. Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a rencontré hier son homologue iranien Mohammad Javad Zarif puis le président de la République islamique d'Iran Hassan Rohani. Le président français a dénoncé le programme balistique de l'Iran. Téhéran a riposté en notant qu'il est souverain dans la production de missiles et qu'il n'est pas négociable. Le ton a été donné lors de l'entretien initial avec Ali Shamkhani, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, hier. «Notre programme concernant les missiles ne menace aucun pays», a-t-il fermement dit à Jean-Yves le Drian. Le haut responsable a estimé que les signataires européens du fameux accord sur le nucléaire iranien avaient tort de «faire des concessions» au chef d'Etat américain, Donald Trump. Le chef de la diplomatie française tente d'obtenir de l'Iran des engagements à modérer son programme balistique, en vue de sauver l'accord international signé en 2015 par l'Iran, l'Europe, Washington, la Russie, la Chine et trois pays européens, dont Washington menace de sortir. Les restrictions demandées ne sont pas du goût des Iraniens. La France est le premier des trois pays européens signataires de l'accord à tenter de venir résoudre la crise en se rendant sur le sol iranien. En cas d'échec de la négociation, le président américain a menacé de revenir sur la suspension des sanctions contre l'Iran. Le président français Emmanuel Macron tente d'imposer à l'Iran l'annulation de son programme balistique, condition exprimée par Washington. Le ministre iranien des Affaires Etrangères a accusé les pays de l'Union de ne pas avoir tenu leurs engagements bancaires, et en raison de ce manquement, de ne pas être autorisés à fixer de conditions à l'Iran, le pays qui a entièrement appliqué ses engagements, dit-il. Le ministre français Jean-Yves Le Drian n'avait pas modéré ses propos vis-à-vis de l'Iran. Le 27 février, lors d'une conférence de presse à Moscou, il avait dit au sujet de l'arsenal militaire iranien : Nous considérons que les ambitions capacitaires en matière de missiles balistiques de l'Iran sont très préoccupantes et contraires à la résolution 2 231 des Nations unies. La résolution 2 231 du Conseil de sécurité de l'ONU n'interdit pas le programme balistique iranien. Quelques heures précédant l'arrivée du ministre français des Affaires Etrangères en Iran, le Quai d'Orsay a publié un texte dans lequel il accuse l'Iran d'armer les Houthis. Pourtant, la France est un pays qui n'a pas hésité à armer l'Arabie saoudite qui dirige une coalition arabe accusé de crimes de guerre contre le Yémen. Le contre-amiral Chamkhani a dénoncé l'Europe pour avoir fermé les yeux sur les souffrances du peuple yéménite. Il a accusé l'Europe de se taire quand des crimes de guerres sont perpetrés par l'Arabie saoudite.