Les deux parties se disputant le contrôle de l'appareil du Front des forces socialistes (FFS), ont trouvé la bonne formule qui aura évité l'implosion. Mais, est-ce la fin de la crise pour le parti ? La décision des membres du conseil national du FFS, réunis en session extraordinaire ce week-end à l'hôtel Riadh de Sidi Fredj, de convoquer un congrès extraordinaire pour le 20 avril prochain, avec comme seul ordre du jour de compléter l'Instance présidentielle, est révélatrice d'un compromis de coulisses. Et pour cause, rien dans les statuts du parti adoptés à l'occasion du cinquième congrès tenu en 2013, ne justifie une telle solution. L'article 48 est clair. Il stipule que «si le nombre des membres de l'instance présidentielle est réduit à moins de trois (3), un Congrès extraordinaire est convoqué pour élire une nouvelle IP». Cette dernière, toujours selon les mêmes statuts (Art 46), «est composée de cinq (5) membres élus par le Congrès national sur liste fermée au scrutin majoritaire à deux tours». C'est dire que l'option de «compléter l'IP» en y rajoutant deux nouveaux membres en plus de Mohand Amokrane Chérifi, Aziz Baloul et Ali Laskri qui est donc maintenu malgré sa démission, «est une violation on ne peut plus clair des statuts», commente un membre du Conseil national. «La démocratie aurait voulu que les textes adoptés par les congressistes soient respectés à la lettre car il y va de la crédibilité de la notion du militant», estime-t-il encore. Dans la résolution du parti publiée à l'issue du rendez-vous du week- end, on remarquera bien que la phrase «avec une liste consensuelle de 5 membres comprenant les membres de l'Instance présidentielle actuelle, habilitée à convoquer le Congrès national ordinaire», a été introduite pour justifier la décision de compléter l'IP, «en application de l'article 48». Pourtant, pour notre source, les jeux restent ouverts jusqu'au 20 avril. On a reporté la crise, certes, mais ce n'est pas pour autant que certains cadres que l'on désigne sous le qualificatif du «Cabinet noir» crient victoire en parlant de «solution consensuelle». Souveraineté En effet, le prochain Congrès extraordinaire reste souverain. «Le conseil national n'est pas et ne peut jamais être plus souverain que le congrès», fera remarquer notre source qui précise qu'une fois les congressistes de 2013 réunis une seconde fois, «ils auront toute la latitude de choisir une liste fermée de cinq membres formant la nouvelle IP». Et cela ne suppose pas forcément que les membres actuels resteront. Le compromis dégagé vendredi dernier se limite, de ce fait, à une simple «stratégie de Com» pour dépasser la crise et permettre au parti de rester présent sur la scène politique. Pour les partisans de l'application de la légalité et des statuts, «c'est une bataille gagnée» que d'arracher l'organisation d'un congrès extraordinaire, face à un clan qui ne veut rien lâcher, quitte à mener le parti à la dérive. D'ailleurs, d'énormes pressions ont été exercées sur le fils de Hocine Aït Ahmed, pour qu'il prenne position, au moment même où le conseil national se tenait. Jugurtha Aït Ahmed : «le discrédit» ! «Il n'y a pour moi rien d'extraordinaire à espérer la tenue, dans la sérénité, d'un Congrès ordinaire du FFS», a écrit, dans un poste qu'il a vite supprimé sur facebook, Jugurtha Aït Ahmed. Un congrès extraordinaire, a-t-il ajouté, est de s'engager «sur le chemin de la précipitation, dictée par l'émotion revancharde». Une position qui lui a valu des critiques et «un véritable lynchage sur les réseaux sociaux», affirme notre source, rappelant que dans un premier temps «Jugurtha, contacté par Aziz Baloul, avait refusé d'impliquer la famille Aït Ahmed dans cette affaire». Quoi qu'il en soit, l'actuelle IP ne décidera de rien durant la période qui sépare le parti de son rendez-vous du 20 avril. Le seul maître à bord au FFS demeure le Premier secrétaire national, Mohamed Hadj Djilani, qui veillera à ce que la préparation du congrès extraordinaire se fasse dans les règles. Rodé au syndicalisme, Djilani ne semble pas si facile à manier comme tentaient de le faire croire certains observateurs.