Après la démission surprise de Ali Laskri, membre de l'Instance présidentielle (IP) du parti, créant une situation de crise sans précédent, le Front des forces socialistes vit au rythme d'une guerre de positionnement à la veille d'une session du Conseil national, ouverte à tous les scénarios. Le choc causé par le retrait du député de Boumerdès et membre du présidium, ôtant à ce dernier composé désormais de deux membres uniquement toute qualité, a créé la panique au sein du noyau qui détient les commandes au FFS, autrefois désigné comme «le cabinet noir». Selon des sources fiables, des réunions quotidiennes se tiennent au niveau du siège national, en présence de membres du comité d'éthique, dont l'objectif est de chercher les moyens à même d'éviter la tenue du congrès extraordinaire. En effet, un tel rendez-vous comme souhaité par Ali Laskri dans son message de démission adressé aux militants «est synonyme de l'enterrement à jamais du cabinet noir». Le clan des Baloul, le chef du groupe parlementaire, Chafa Bouaiche en plus de la députée et conseillère Salima Ghezali, serait, d'après nos sources, «en passe de commettre un coup de force quitte à violer les statuts du parti» dans le seul souci de survivre à cette nouvelle donne. Risque d'un coup de force La session du conseil national prévue les 16 et 17 février s'annonce houleuse dans la mesure où Ali Laskri expliquera dans le détail les raisons de sa démission. Après quoi, les membres de cette instance souveraine constateront que l'IP réduite à deux membres (Aziz Baloul et Mohand Amokrane Cherifi) n'a plus de raison d'exister, et chargeront le premier secrétaire national de préparer le congrès extraordinaire. C'est le scénario que le clan veut à tout prix éviter. Leur option, explique un membre du CN, «est de mettre fin aux fonctions de Mohamed Hadj Djilani, seul habilité à prendre des décisions vis-à-vis de la loi». Djilani, qui n'est pas un homme facilement contrôlable, serait donc leur première cible afin de faire échouer la suite qui découlera de la démission de Laskri. Mais statutairement, le Premier secrétaire ne peut être remplacé du moment qu'il n'y a plus de présidium habilité à prendre cette décision. «Ils sont pris de panique», affirme notre source qui «craint le pire» pour le FFS au cas où ceux qu'il qualifie d'«aventuriers» venaient à violer les statuts en empêchant la tenue du congrès extraordinaire. La base veut le changement Il y a lieu de préciser sur ce plan que la composante des congressistes reste la même que celle du 5e congrès ordinaire tenu en 2013, à l'exception des militants ou cadres exclus du parti qui ne pourront assister. D'où la méfiance des adversaires d'Ali Laskri, convaincus qu'ils n'auront aucune chance de maintenir leur mainmise sur le parti. D'ailleurs, «la base militante est en faveur du changement», indiquent nos sources, expliquant que «le marasme remonte à plusieurs mois déjà», alors que la démission de Laskri est venue comme «l'occasion qu'il ne faut pas rater». Ce qui est sûr, c'est que si congrès extraordinaire il y a, «une nouvelle Instance présidentielle sera élue» d'après les mêmes sources et tout semble évident que ceux qui ont, durant des années, concentré la prise de décision entre leurs mains en dehors des instances, n'auront plus de pouvoir. Salima Ghezali qui n'a pas participé au 5e congrès ne pourra même pas assister aux travaux. La famille Aït Ahmed adopte la neutralité Acculés et contraints d'épuiser toutes les cartes, les adversaires d'Ali Laskri ont tenté une dernière chance avec la famille du défunt chef charismatique du parti, Hocine Aït Ahmed. Selon nos sources, «ils ont pris attache avec Jugurtha Aït Ahmed pour tenter une médiation et intervenir pour empêcher la tenue du congrès extraordinaire», sous prétexte que le parti a besoin de stabilité politique et devra continuer à fonctionner malgré tout avec les instances actuelles. Ce que le concerné a catégoriquement refusé, adoptant une position de «neutralité» dans cette affaire. C'est dire, enfin, que le FFS traverse actuellement une période difficile qui menace son unité, et ce, deux ans seulement après la disparition de son fondateur. Hier, le secrétariat national a tenu une réunion sous la présidence de Mohamed Hadj Djilani, consacrée à l'étude de ces nouveaux rebondissements.