L'intensification des conflits et la sécheresse persistante dans plusieurs régions du monde ont fait grimper à 124 millions le nombre de personnes endurant des niveaux élevés d'insécurité alimentaire en 2017, a averti la FAO. Il s'agit d'une augmentation de 15%, soit 11 millions de plus que l'année précédente, d'après le rapport mondial sur «les crises alimentaires» publié par l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Union européenne. Au premier rang des pays touchés par une situation de faim «aiguë», figurent des pays engagés dans des conflits ou en situation de «grave insécurité», comme le Yémen, le nord du Nigéria, la RD Congo, le Soudan du Sud et le Myanmar. «La triste situation révélée par ce rapport montre le besoin urgent d'actions simultanées pour sauver des vies, améliorer les moyens d'existence et s'attaquer aux causes profondes des crises alimentaires», recommande le document. Les conflits, les catastrophes climatiques et d'autres facteurs contribuent souvent à des crises complexes qui ont des conséquences dévastatrices et durables sur les moyens d'existence des populations, selon la FAO. Les catastrophes climatiques, notamment la sécheresse, ont été les principaux déclencheurs de crises alimentaires dans 23 pays, dont les deux tiers en Afrique, et ont plongé quelque 39 millions de personnes dans l'insécurité alimentaire aiguë. Sur le continent africain d'ailleurs, l'impact de la sécheresse sur les cultures vivrières et le bétail augmentera aussi l'insécurité alimentaire dans les zones pastorales de la Somalie, le sud-est de l'Ethiopie, l'est du Kenya, ainsi que les pays d'Afrique de l'ouest et du Sahel, tels le Sénégal, le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie, et le Burkina Faso. Seul répit, en Afrique australe, une amélioration est prévue grâce à l'augmentation de la production céréalière en 2017 et à la baisse des prix des denrées alimentaires, prédit le rapport. «Les crises alimentaires vont probablement devenir de plus en plus complexes compte tenu des tendances actuelles et de leurs causes profondes, avec des effets dévastateurs sur la vie de millions de personnes», a estimé Neven Mimica, commissaire européen à la coopération internationale et au développement. C'est la raison pour laquelle, la FAO entend investir dans la sécurité alimentaire et les moyens d'existence lors des situations de conflit. «Cela sauve des vies, renforce la résilience et peut également contribuer au maintien de la paix», a insisté le directeur général de l'agence onusienne, José Graziano da Silva.