Le développement de l'économie numérique pourrait devenir un levier de croissance pour les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord et contribuer à accroître les gains de productivité dans cette région, a estimé l'économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Mena, Rabah Arezki. Dans un entretien accordé à l'APS à la veille de la tenue à Alger d'une conférence régionale de haut niveau sur l'innovation et l'économie numérique, Rabah Arezki, revient sur les «balbutiements de cette économie» dans les pays de la région qui pourraient devenir dans un avenir proche, si les conditions s'y prêtent, des superstars technologiques à l'instar de l'Inde. L'économiste en chef précise que la région Mena qui pâtit dans l'ensemble d'un ralentissement économique, «devrait réfléchir à d'autres sources de croissance» et il se trouve que les nouvelles technologies de l'information et de la communication pourraient être ce moteur en mesure de doper les économies de la région. «Miser sur l'industrie est devenu beaucoup plus difficile avec l'émergence de la Chine comme puissance industrielle» qui capte le gros des investissements, constate cet économiste, qui explique que les services pourraient constituer un tremplin pour une croissance à long terme de la région. Le potentiel est là : une jeunesse formée qui a la capacité de développer des projets dans le e-commerce et l'économie de l'internet. Pour participer à l'essor de l'économie digitale, les pays de la région auront besoin d'améliorer trois aspects importants, à savoir l'accompagnement financier des porteurs de projets, la régulation et l'apprentissage, résume M. Arezki. Et d'ajouter que «la mise en relation des porteurs de projets avec les entreprises qui financent ces initiatives s'avère d'une importance cruciale. Les plateformes en ligne pourraient favoriser ce rapprochement». Il s'agit «d'appareiller l'offre et la demande d'emploi en ligne de sorte que ces jeunes innovateurs puissent trouver des entrepreneurs intéressés par le financement de leurs projets», explique ce responsable de la BM. A la Banque mondiale «les données nous indiquent qu'avec ces microentreprises, la création d'emploi sera plus importante», relève cet associé non résident du prestigieux Think Tank américain Brooking Institution et de l'université d'Oxford. La régulation devrait jouer, par ailleurs, un rôle de catalyseur en la matière, estime M. Arezki. Aussi, il est essentiel pour les régulateurs de comprendre ces écosystèmes car il s'agit de nouvelles technologies qui nécessitent des politiques adaptées, souligne l'économiste en chef. Encore faut-il souligner que pour faciliter l'émergence des start-ups et le développement de tout cet écosystème, il est primordial en matière de régulation de concilier l'objectif de limiter les risques avec la nécessité de promouvoir l'innovation et la compétitivité, enchaine-t-il. La Banque mondiale pourrait dans ce cadre aider les pays de la région à comprendre ces écosystèmes, à accroître cette économie de l'apprentissage et à promouvoir la qualité des services dans certains domaines, relève M. Arezki. Les pays de la région doivent également préparer la jeunesse à ce nouvel environnement. La refonte de l'apprentissage devient une nécessité pour adapter les systèmes éducatifs aux besoins du marché et de l'économie de savoir, soutient l'économiste. C'est «la refonte de la façon, dont on éduque, c'est aussi accorder plus d'importance aux sciences et aux mathématiques et à tout ce qui peut soutenir l'économie de l'innovation», note-t-il. L'Inde, où le développement des Tic est devenu un levier de croissance, représente un modèle en la matière, et pourrait servir d'expérience pour les pays de la région afin d'en tirer les enseignements. Les organisateurs de la conférence d'Alger annoncent la participation de plusieurs responsables de Start-ups qui ont réussi à révolutionner le marché dans la région. Parmi les participants, figure Mudassir Sheikha, directeur général de Careem, une application de mise en relation entre conducteurs et passagers, devenue concurrente de l'américain Uber. La conférence verra également la participation de Riad Hartani, cofondateur de Xona Partners et Ivalley.Co. Ce chercheur algérien basé à la Sillicone Valley est aussi consultant sur le projet Alger Smart City.