Il y a 41 ans, l'Egypte et le monde de la chanson arabe perdaient un des plus grands chanteurs de tous les Temps. C'était Abdelhalim Hafez qu'on surnommait «El Ändalib El Asmar» ( le rossignol brun). Par Bari Stambouli Le 30 Mars 1977, Abdelhalim qui était l'un des plus grands chanteurs du monde quittait ce monde suite à une maladie qu'il avait contracté alors qu'il était enfant. Cette maladie n'avait pas dérangé l'artiste qui a brillé durant toute sa carrière en accumulant les succès. Les égyptiens rapportent qu'il y a eu autant de monde lors de son enterrement que ceux de Oum Kaltoum et Djamel Abdennasser. Dans les années 1960/1970, Abdelhalim Hafez n'était pas seulement l'idole des égyptiens, mais aussi des jeunes de tous les pays arabes dont les Algériens et Algériennes. L'émission : «Ma yetloubouhou El Moustamiôune» (dédicaces), que présentait l'irremplaçable animateur Djamel Khouidmi, était inondée par les lettres de jeunes filles demandant la diffusion des chansons de leur star préférée. Bien que les chansons de Guerouabi étaient très demandées, le record était tout de même battu par la vedette égyptienne. Même après sa mort et jusqu'à aujourd'hui, beaucoup de nostalgiques continuent de fredonner les chansons de Abdelhalim. Le jeune Egyptien issu d'un milieu très pauvre avait pu, grâce à sa belle voix et ses innovations, trouver une bonne place face à de vraies pyramides, telles que Oum Kaltoum, Farid El Atrache et Mohamed Abdelwahab. Si Oum Kaltoum, la plus grande chanteuse de tous les temps, n'aimait pas beaucoup Abdelhalim, qu'elle considérait peut-être comme un chanteur de variétés, Mohamed Abdelwahab l'a encouragé et lui a composé plusieurs chansons. Le moderniste Abdelhalim avait en fait suivi l'idée de Mohamed Abdelwahab, en introduisant de nouveaux instruments de musique au tarab, mais y a ajouté aussi sa façon de chanter et de se tenir sur scène. Il était le premier chanteur à se transformer pendant les pauses musicales en chef d'orchestre. Sur scène, il n'hésitait pas à parler et sourire au public, avec lequel il créait un dialogue amical dès son entrée sur scène. Comme les chanteurs de rock américains, il créait de l'ambiance dans la salle et ses fans tentaient souvent de monter sur scène. «El ândalib el asmar» (le rossignol brun), comme on le surnommait, avait su profiter de la présence des plus grands poètes et compositeurs, notamment Mohamed El Moudji, Baligh Hamdi et Nizar Qebbani. Grâce à ses chants patriotiques, tels que «Di Mes'oulya», il avait gagné la sympathie du président Gamal Abdel Nasser, devenu son ami. Au début des années 1970, Abdelhalim avait chanté devant le public algérois dans un stade de Bologhine archicomble. C'était au moment où tout Alger fredonnait «Zey El Haoua», «El Hilwa» et «Hobbek nar». D'autres succès viendront par la suite, notamment «Qariat El Fingan» (la voyante) dédiée à la seule femme qu'il a aimée et qu'il n'a pu prendre comme épouse. Suite au deuil qui a suivi la mort de sa dulcinée, l'artiste aurait décidé de ne jamais se marier. Certains rapportent qu'il s'était marié avec Faten Hamama sans officialiser son union. D'autres penseront que son célibat est dû à ses nombreuses maladies, notamment son asthme. Dans les années 1950, le rossignol avait déjà du succès en Algérie. Bien que ce succès soit éternel, il faut dire que les jeunes hommes algériens sans oublier notamment les femmes étaient épris de lui. Le café Abdelhalim A Belouizdad, il y avait un café où l'on passait tout le temps les disques du «Rossignol brun». Le café Abdelhalim, comme on l'avait baptisé, attirait tous les fans du chanteur égyptien. Les enfants du quartier se souviennent de ces jeunes qui venaient régulièrement écouter ses chansons en pleurant, pendant que d'autres tentaient d'écrire les textes pour les apprendre. Les fans de Abdelhalim se coiffaient comme lui et affichaient leur amour pour leur idole. L'émission «Elhane Oua Chabab», qui était animée par la chanteuse Seloua aux côtés du chef d'orchestre Matti Bachir, accueillait souvent des imitateurs de Abdelhalim. Certains d'entre eux, tels que le défunt Mohamed Rachedi, ont fini par trouver leur propre style et une place parmi nos meilleurs chanteurs de l'époque. Le passage à l'Olympia de Abdelhalim restera dans la mémoire du Tout-Paris. A cette occasion, Abdelhalim a réussi à ajouter son nom à ceux qui ont donné à la chanson arabe ses lettres de noblesse, après le passage de Oum Kaltoum et l'Algérien Aïssa El Djermouni, qui fut le premier arabe à chanter l'Olympia.