La wilaya de Bordj Bou Arréridj compte trois martyrs parmi les victimes du crash de l'avion militaire qui est tombé mercredi près de l'aéroport militaire de Blida. La mort de ces martyrs a provoqué une douleur immense pas seulement pour ceux qui les ont connus, mais aussi pour toute la population qui n'a pas manqué d'essayer de réconforter les familles des victimes, même si ces dernières ont exprimé un courage exceptionnel, indiquant que leurs enfants sont décédés pour l'Algérie. Pourtant, leurs conditions sont modestes. Leurs grades aussi. Mais ce qui les animait ainsi que leurs parents, c'est cet amour pour le pays qui les pousse à le servir très loin de leurs domiciles. Le père de l'un des martyrs, Nabil Kherbachi, qui habite à El Mehirn à l'ouest de Bordj Bou Arréridj, raconte que son fils qui a rejoint l'armée il y a cinq ans a refusé la recherche d'un autre métier que celui de soldat. Depuis qu'il était enfant, il voulait être militaire, a-t-il indiqué, en rappelant que ce dernier était heureux de revenir à la caserne où il servait comme caporal. Célibataire, ce jeune homme de 26 avait promis de revenir lors d'une autre permission pour choisir une femme. Mais le destin en a voulu autrement. Ziani Mohamed El Amine, dit Fatah, avait eu la chance de se marier. Ce caporal originaire de la commune de Bellimour, au sud-est de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, a même une fille âgé de 9 mois qu'il a pu voir avant de mourir. Avant de prendre l'avion, il a appelé pour en informer ses parents. C'est sans surprise que son père a su qu'il faisait partie des morts dès qu'il a su la nouvelle à la télévision. Ce qui le soulage, c'est qu'il est mort pour l'Algérie. Il demande à Dieu qu'il remercie de lui a avoir permis de le voir avant qu'il ne meure de l'accepter dans son vaste paradis, lui et ses camarades. Fehima Abdelhaq, natif du village de Chfa, qui dépend de la commune de Khelil, au nord-est de la wilaya, ne devait pas faire partie des passagers du vol. C'est lundi que cet incorporé dans l'armée à Tindouf ainsi que tous ses camarades devait rejoindre son bataillon. Mais le destin, encore lui, n'a pas été de cet avis. Un soldat d'une autre wilaya lui a demandé de retarder pour qu'ils puissent être ensemble. Mais c'est avec la mort qu'ils avaient rendez-vous. Tous ces enfants de l'Algérie où qu'ils habitent étaient un exemple pour les jeunes vivants en choisissant de sacrifier leur temps et leur énergie pour sécuriser les frontières à des milliers de kilomètres de leurs familles. Certains d'entre eux comme Nabil Kherbache et Abdelhaq Fehima ont même placé le bonheur de leurs concitoyens avant le leur en restant célibataires. Même lors des permissions dont ils bénéficient, ils essaient de répandre la joie, comme le notent tous ceux qu'ils ont approchés, voisins ou amis. Morts, ils sont devenus des héros, à l'instar du commandant de l'avion qui a pensé d'abord à sauver les vies des habitants au sol avant la sienne ainsi que celles de l'équipage et des passagers. Ils sont devenus un modèle pour une jeunesse qui sait désormais que la grandeur n'est pas liée au grade ou à la fonction, mais au don de soi. C'est pour cela que les victimes du crash de l'avion resteront à jamais dans la mémoire populaire.