Le coup d'envoi du mois du patrimoine a été donné, comme d'habitude, le 18 avril dernier, et s'étalera donc sur un moi jusqu'au 18 mai prochain. Cette manifestation annuelle organisée par le ministère de la culture et ses nombreux offices est placée cette année sous la thématique «Mon patrimoine, mon devenir». Entre expositions, visites guidées, conférences et autres campagnes de sensibilisation, la célébration du Mois du patrimoine connaîtra cette année en Algérie plusieurs rendez-vous culturels. Et ce n'est pas moins de 20 villes qui profiteront de ce mois dédié au patrimoine national, permettant ainsi aux algériens de se familiariser et en apprendre davantage sur un patrimoine culturel dès plus riches. Ainsi, un peu partout en Algérie, les festivités ont été lancées le 18 avril dernier, avec pour chaque région, la mise en valeur de son patrimoine local. A Constantine, c'est l'héritage théâtral de la ville qui a été mis en avant à travers une grande exposition au théâtre Mohamed-Tahar Fergani. Intitulée Héritage théâtral de Constantine, l'exposition étale notamment les 40 ans d'expérience artistique du TRC, offrant une riche matière aux spécialistes et autres amateurs de l'histoire culturelle de la cité des ponts. L'exposition permet de découvrir les plus célèbres pièces produites par le TRC, en collaboration avec des associations culturelles, les accessoires et tenues des comédiens ainsi que le tableau de contrôle de l'éclairage datant de 1936, véritable curiosité pour les fans de l'histoire du théâtre. Depuis la pièce Hadha y'djib hadha, produite par le TRC au lendemain de la décentralisation de la gestion du théâtre et primée en 1983 en Tunisie en passant à Rih semasar, première pièce théâtrale télévisée, à Orssou edhib (Les noces d'un loup), meilleur spectacle du 5e festival de Carthage (Tunisie) et puis Nissaâ El Madina (Les femmes de la cité) de Chahinaz Neghouache qui a décroché deux prix au 4e festival national du théâtre féminin, le visiteur «voit» la génération exceptionnelle du théâtre qui a défilé sur les planches du TRC de la ville du Vieux rocher et a marqué l'histoire du théâtre algérien. Inauguré le 6 octobre 1883 et réalisé sur le modèle de l'opéra italien, le théâtre de Constantine dispose d'une salle de spectacle, d'une acoustique remarquable capable d'accueillir 450 spectateurs sur trois étages. Le TRC figure parmi les plus vieux d'Algérie et a été classé monument historique sur la liste des biens culturels le 17 mars 2010. Ailleurs, au sud du pays, à Adrar plus précisément, plus de 30 poètes ont pris part à la Khaima nationale de poésie populaire, débutant ainsi la célébration du mois du patrimoine en beauté et en tradition. A Béjaïa, honneur à la culture libyque et libyco-romaine Ailleurs encore, cette fois à Béjaïa, à l'est du pays, la célébration du mois du patrimoine a été marquée par la mise à l'honneur de la culture libyque et libyco-romaine (berbère ancienne). Le choix de la thématique semble avoir été forgé et imposé par les découvertes de stèles libyques à Béjaïa, mais aussi dans la wilaya voisine de Bordj Bou Arréridj dont le repérage a fourni une abondante matière d'étude, exploitée pour déterminer avec plus de lumière les structures sociales anciennes, notamment celles se rattachant aux époques préromaine et romaine. C'est un peu plus d'un demi-millénaire de vie libyque qui s'en trouve ainsi un peu éclairé. En cours d'inventaire, ces vestiges sont soumis à des études scientifiques approfondies, notamment celles se rapportant à leur conservation et à leur mise en valeur culturelle et patrimoniales. Ces stèles se présentent à la fois sous forme de pièces épigraphiques, figurées (scènes de chasse, iconographie de cavalier, etc.) qu'en relief isolé. Toutes ont été mises à jour non loin des sites romains les plus importants que compte la wilaya, à savoir Saldae (Béjaïa) et Tubusuptu (Tiklat-El Kseur) à 25 km à l'ouest de Béjaïa. D'autres sites historiques et patrimoniaux ont été aussi découverts dans les hauts versants de la vallée de la Soummam, à l'instar de celui de Melloussa (Sidi-Aich), Ikedjane (Tifra) ou encore Semaoun et Ighil Oumssed dont les vestiges traduisent des productions remarquables. Tous ces sites, au nombre de 14, ont été classifiés en fonction de leur datation approximative. Et beaucoup de pièces qu'ils renferment ont été romanisées par ailleurs. D'où la subtilité des recherches engagées, le souci étant d'éviter les confusions d'époque. Cette inauguration, présentée sous forme d'expositions photographiques, de compte rendu historique et de poteries anciennes, a été enrichie avec la projection d'un film documentaire sur le site romain de Tiklat, réalisé sous contrôle de l'archéologue français Jean pierre Laporte, qui en a fait plusieurs ouvrages, et d'une conférence-débat sur l'histoire de Béjaïa à travers les âges, depuis l'antiquité jusqu'à l'époque contemporaine, déroulée par Djamil Aissani.