La journée mondiale de l'environnement qui coïncide avec le 05 juin, met le doigt sur plusieurs questions qui fâchent, des questions liées à l'environnement constamment pollué par tant d'agents dont le plastique. C'est le développement économique qui est souvent pointé du doigt par les instances internationales qui tentent de promouvoir un développement raisonné respectueux de la planète. Cette année, c'est la pollution par le plastique sur laquelle est mis le focus. La Direction de l'environnement de wilaya de Tizi Ouzou, région qui compte parmi les plus insalubres du pays avec une pollution qui bouffe tous les espaces, a célébré donc hier cette journée au niveau de la Maison de l'environnement avec la participation de chercheurs universitaires, d'associations écologiques, d'entreprises de récupération et de traitement de déchets de comités de villages, dont celui de Tiferdoud, dans la commune d'Abi Youcef qui a décroché l'année dernière le prix Rabah Aïssat du villages le plus propre etc, des dispositifs d'aide à l'emploi (Angem, Cnac et Ansej) etc. Outre les expositions, la journée a été marquée surtout par une série de communications qui ont porté sur la question environnementale, la récupération des déchets, le compostage comme ultime solution devant ce phénomène qui prend des proportions inouïes. La wilaya de Tizi Ouzou produit, faut-il le signaler, quelques 40 000 de plastique (3000 à 5000 st recyclées), 25 000 à 30 000 tonnes papier/600 000 tonnes en Algérie (100 000 seulement sont recyclées), 5000 à 8000 tonnes de métaux dans la wilaya de Tizi Ouzou et 4000 tonnes de verre dont une infime partie seulement est récupéré et recyclée. A l'occasion de cette journée, des prix symboliques ont été remis à certains villages ayant décroché le prix Rabah Aïssat, comme Iguersafène (Idjer), aux femmes du village Tiferdoud pour leur apport dans la protection de l'environnement, au village Sahel dans la commue de Bouzeguène et au Dr Arezki Hammoum, Master en gestion des déchets solides et enseignant à la Faculté de Biologie, l'université de Tizi Ouzou grand défenseur du compostage et du tri sélectif des déchets qui devait présenter une communication sous le thème : «Schéma sur une gestion durable et participative des déchets ménagers et assimilés dans la commune de Bouzguène.» Le cas de Bouzeguène En matière de traitement de déchets, de récupération, de tri et de compostage, la commune de Bouzeguène reste l'exemple à suivre au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. Face à la prolifération des déchets ménagers à cause de leur mauvaise gestion ou de leur non gestion qui constitue un problème majeur pour l'environnement et la santé publique dans cette région montagneuse et les multiples problèmes que rencontre l'administration pour mettre en œuvre le programme de réalisation des CET, qui sont faut-il le rappeler inadaptés, Dr Arezki Hammoum s'est attelé à mettre en place un schéma qu'il présenté il y a quelques temps à ce propos. Le projet a consisté à mettre en place, dans le village de Taourirt, commune de Bouzeguene, un schéma pour gérer ces déchets durablement, localement et avec la participation des habitants. Concrètement cela a consisté à ouvrir un centre de tri des déchets pour «composter sur place les déchets organiques», «stocker les déchets recyclables en vue de leur transformation», «incinérer les déchets ultimes non recyclables et non compostables». Le village Taourirt, comme e tenu le souligner Dr Hammaoum, compte 2000 habitants (300 ménages) dont 1500 habitants dans le village (250 ménages). Il est géré par un comité très actif avec le soutien de plusieurs associations (association environnement : la colline verte, association culturelle, association de femmes...). Ce village produit 300 kg de déchets ménagers/jour dont 60 % déchets organiques, 20 % de déchets recyclables (plastiques, papiers, métaux, verre), 20 % de déchets non organiques et non recyclable. Le village dispose d'un centre de tri installé au milieu du village. Il est d'une superficie de 120 m2 et dispose d'une clôture et d'un portail pour réglementer l'accès et éviter que le site se transforme, à moyen long/ terme en décharge sauvage. A l'intérieur du centre de tri sont disposés 6 composteurs, différents bacs de tri, pour le plastique, les métaux, le verre. S'agissant de la collecte, les habitants ramènent leurs déchets pré-triés dans 3 sacs : dans le 1er sac, les déchets organiques, dans le 2e sac, les déchets recyclables et dans le3e sac, les déchets non organiques et non recyclables, déchets ultimes qui ne peuvent ni être recyclés ni être compostés. Les déchets organiques sont mis dans les composeurs, les déchets recyclables sont triés puis mis dans les différents bacs de tri. Le plastique est commercialisé à 25DA/Kg. Les déchets non organiques et non recyclables sont incinérés sur place. Ces déchets vont être à court terme acheminés vers un centre de traitement des déchets par incinération, indique Dr Hammoum. . Que d'avantages Toujours selon le projet présenté par cet enseignant universitaire, la gestion durable des déchets, comme c'est le cas au niveau du village Taourirt, abouti à une réduction des quantités de déchets par valorisation de 80 % de ceux-ci et cela permettrais de créer de l'activité et des emplois autour de cette valorisation, la réduction des quantités de déchets à gérer (à collecter, à traiter,...). Cette gestion participative conduit les producteurs des déchets à ramener eux-mêmes leurs déchets et aucun service de collecte collective avec un véhicule n'est organisé. Le coût du schéma est insignifiant : l'investissement est de seulement 250 00 DA et coût de fonctionnement est de 10 000 DA/mois. Il est permet aussi la disponibilité de l'espace (terrain) au niveau des villages, ce qui est loin d'être le cas au niveau des communes. Parmi les contraintes, Dr Hammoum avertira que schéma ne peut pas être réussi dans un village non organisé, qu'il ne peut pas être réussi sans campagne de sensibilisation intense et permanente. Il avertira aussi sur le fait qu'une gestion des déchets en vrac est coûteuse pour un seul village d'où la nécessité de mettre en place un réseau de villages. En conclusion, il écrira que les déchets générés en Algérie sont valorisables à 80% et doivent être considérés comme un gisement. Pour ce faire, il y a un changement à opérer dans la société civile et les autorités pour mettre en place des mécanismes de valorisation de ces déchets, générer des revenus et crées des emplois. Il ajoutera que le tri en amont par les producteurs (les habitants) de déchets est un préalable à tout traitement de valorisation. Les déchets générés en Algérie contiennent en effet 60 % de matière organique, cela fait qu'ils présentent une humidité souvent très élevée, ce qui rend quasiment impossible de traiter ou trier ces déchets à l'état brut et nécessite de créer des coopératives de petites entreprises pour assurer le transport et la transformation des ces déchets.