Il enquille les records comme les buts. Dans l'ombre d'un Neymar fantasque et irritant, l'Anglais Harry Kane incarne dans cette Coupe du monde l'attaquant parfait, modeste, constant et d'une efficacité clinique. Contre la Colombie, il a marqué son troisième penalty de la compétition, pour son sixième but en tout, ce qui fait de lui le meilleur buteur actuel du tournoi, en toute décontraction. Depuis 1990, seul Ronaldo a fait mieux (huit buts en 2002), mais c'était sur l'ensemble d'une compétition. Or Kane, lui, n'a eu besoin que de trois matchs (Panama, Tunisie, Suisse, sachant qu'il était préservé contre la Belgique). Avec encore au moins quatre-vingt-dix minutes à jouer, contre la Suède en quarts de finale, voire 270 au minimum en cas de qualification (quarts, demi, et finale ou match de classement), le buteur de Tottenham peut aller encore plus haut. De toute façon, l' «ouragan» (hurricane, en anglais) en veut toujours plus. En passant, il a égalé le record de penalties transformés dans une même Coupe du monde (trois, comme le Bulgare Hristo Stoichkov en 1994) ; le record de buts inscrits par un Anglais dans une même édition (six comme Gary Lineker en 1986) ; et comme le relève la société de veille statistique OptaJean, il est devenu le premier joueur de Sa Majesté à marquer lors de six matchs consécutifs (depuis Tommy Lawton, en 1939.) Et puisqu'il est forcément plus difficile de perdre avec un tel attaquant, l'histoire retiendra qu'Harry Kane a également été le premier buteur de la première séance de tirs au but remportée par l'Angleterre en Coupe du monde, après trois échecs traumatisants en 1990, 1998 et 2006. Ebouriffant.