Au moins 18 policiers afghans ont été tués dans une embuscade au retour d'une opération armée contre des insurgés dans la province paisible du Badakhshan (nord-est), a indiqué vendredi le ministère afghan de l'Intérieur. "Treize autres policiers ont été blessés dans cette attaque terroriste" perpétrée mercredi dans cette province reculée, frontalière de la Chine, a déploré vendredi le ministère dans un communiqué. Les forces de police afghanes avaient tué et blessé de nombreux insurgés lors de leur opération dans le district local de Warduj, s'est toutefois félicité le ministère. Les rebelles afghans concentrent leurs attaques dans le sud du pays, mais parviennent aussi à perpétrer des attentats dans des régions plus au nord. Les talibans avaient tué en mars dernier 17 soldats afghans qu'ils avaient capturés dans le même district de Warduj du Badakhshan, l'une des provinces les plus calmes du pays. Plus tôt cette semaine, les talibans avaient assassiné le chef de la commission électorale de Kunduz, une autre province septentrionale, peu après l'ouverture des candidatures à la succession de Hamid Karzaï pour la présidentielle d'avril. Cette élection doit marquer la première transition démocratique en Afghanistan, de surcroît dans un contexte d'incertitudes alimenté par le retrait prévu fin 2014 des soldats de l'Otan qui ont déjà transféré l'essentiel de la sécurité du pays aux forces afghanes. Depuis que l'Otan leur a passé le relais de la sécurité, les 350.000 membres des forces afghanes, policiers comme militaires, sont en première ligne face à l'insurrection des talibans. Selon le département américain de la Défense, environ 400 membres des forces de sécurité afghanes sont tués chaque mois à travers le pays, une évaluation qui n'a toutefois pas été confirmée par le gouvernement de Kaboul. Ces attaques n'épargnent pas les femmes qui représentent un peu plus de 1% des 157.000 officiers de police du pays. Des hommes armés avaient d'ailleurs abattu plus tôt cette semaine la femme la plus gradée de la police du Helmand (sud-ouest), un fief taliban situé près de la frontière avec le Pakistan. A l'approche du retrait des forces de l'Otan et de la présidentielle, le pouvoir à Kaboul tente de convaincre les talibans d'entamer des pourparlers de paix dans l'espoir de stabiliser le pays et d'ainsi éviter un retour à la guerre civile. Mais ces derniers refusent de discuter directement avec le président Karzaï qu'ils considèrent comme une "marionnette" des Etats-Unis. Les talibans ont aussi annoncé un boycott de la présidentielle.