À moins d'un mois de la célébration de l'Aïd El Adha, les prix du mouton ont pris une envolée atteignant les 55.000DA et les pouvoirs publics ne peuvent rien faire pour réguler ce marché. Le ministre de l'Agriculture, Abdelkader Bouazgui l'a clairement signifié hier, lors d'une conférence animée au siège de la wilaya d'Alger, à l'issue d'une tournée effectuée au niveau de plusieurs exploitations agricoles. «C'est la règle de l'offre et de la demande qui détermine et fixe les prix du bétail destiné à la vente, à l'occasion de l'Aïd el Adha», a-t-il souligné, avant d'ajouter : «Le ministère de l'Agriculture ne peut pas intervenir sur le prix du mouton». «Le rôle de l'Etat se limite à offrir des points de vente et assurer un encadrement sur le plan sanitaire», a-t-il avancé. A cet effet, des équipes de vétérinaires travailleront au niveau des abattoirs et des points de vente, afin de s'enquérir de la santé du bétail. «Les vétérinaires vont également travailler les jours de l'Aïd afin d'être à l'écoute du citoyen», a-t-il ajouté. Lors de sa dernière visite dans la wilaya de Laghouat, les éleveurs du bétail avaient déjà annoncé la couleur. Les moutons seront hors de prix. «Le prix du mouton est à partir de 45.000DA», avait clairement déclaré un éleveur au ministre Bouazgui, sans que ce dernier ne réagisse. Les vendeurs et revendeurs mettent en avant le prix du fourrage et la cherté du transport pour justifier cette envolée. La vérité est que c'est devenu un rituel en Algérie : à l'approche de l'Aïd, les prix du bétail deviennent exorbitants. L'aliment du bétail que l'on n'arrive toujours pas à produire en quantités suffisantes en Algérie coûte trop cher, mais les prix sont subventionnés par l'Etat. La spéculation contribue également à cette hausse des prix, en raison de l'absence d'un marché régi et régulé par un réseau professionnel contrôlé. Plusieurs citoyens redoutent la putréfaction de la viande du sacrifice, comme cela été le cas en 2016 et en 2017. Autre sujet abordé par le ministre, la fièvre aphteuse qui a fait son apparition dans certaines wilayas. «Cette maladie a touché dix wilayas, dont cinq où ont été recensés 178 cas de vaches contaminées et traitées», selon lui. Bouazgui a tout bonnement minimisé la situation. Il a parlé de certaines mesures prises par les services de son département visant à stopper la propagation de cette maladie, selon lui, «maîtrisée» au niveau national. Plusieurs mesures ont été prises par son département, dont il citera l'arrêt de l'importation de bétail bovin et l'interdiction de déplacement de ces bêtes d'une wilaya à une autre. Il est question aussi de déploiement d'équipes de vétérinaires à travers le territoire national pour surveiller ces animaux. «Nous suivons au quotidien l'évolution de la situation», a-t-il noté, précisant qu'une vaccination systématique sera effectuée pour l'ensemble du cheptel bovin. Finaliser les contrats de concession Concernant l'investissement dans le secteur agricole, pouvant être une alternative à l'économie du pétrole, le ministre de l'Agriculture a appelé à la nécessité de régler définitivement le dossier des concessions agricoles avant fin 2018 pour conforter les agriculteurs et encourager les investissements dans le secteur. Concernant la wilaya d'Alger, «8.954 dossiers de concession ont été déposés par 8.900 exploitants agricoles au niveau de l'Office national des terres agricoles de la direction de la wilaya d'Alger», selon les chiffres présentés par des responsables de cet organisme. Jusqu'à ce jour, 6.046 dossiers ont été acceptés, tandis que 5.983 cahiers de charge ont été signés. Il dira également que l'Etat n'a pas cessé d'accompagner les investisseurs dans le domaine de l'agriculture, affirmant que 2 millions d'hectares ont été octroyés aux investisseurs. Pour ce qui est de la production agricole à Alger, le ministre estime qu'elle doit être encouragée. «Elle ne contribue qu'à hauteur de 2% à la production nationale», a-t-il noté, appelant les agriculteurs à utiliser les moyens innovants en terme d'irrigation afin de permettre d'élargir la superficie de terre irriguée.