Le président de la section pénale du tribunal de Bir Mourad Rais a prononcé, jeudi soir, la remise en liberté des journalistes Abdou Semmar et Merouan Boudiab, poursuivis pour «diffamation, menace et atteinte à la vie privée», tout en demandant la poursuite de l'instruction concernant leur affaire. Cette audience, qui a duré près de six heures, a été marquée par la présence de journalistes et d'un nombre important de blouses noires, où plus de 20 avocats se sont portés volontaires pour défendre les deux journalistes, qui ont été placés en détention préventive depuis deux semaines, alors que trois avocats ont représenté les deux plaignants qui se sont constitués partie civile, en l'occurrence le wali d'Alger et le PDG du groupe Ennahar. Le président de l'audience a confronté les deux journalistes pour les charges retenues contre eux, à savoir «diffamation, menace et atteinte à la vie privée» à travers la publication de correspondances officielles relatives à un dossier de foncier, en ce qui concerne la plainte introduite par le wali d'Alger, et la publication de déclarations tenues par une activiste politique, en ce qui concerne la plainte introduite par le PDG du groupe Ennahar. Lors de son audition par le président de l'audience, le journaliste Abdou Semmar a affirmé qu'il exerçait le métier de journaliste «depuis dix ans» et que les articles qu'il publie ne contiennent «aucune diffamation ou atteinte à la vie privée», expliquant que «son travail consiste uniquement à rapporter les déclarations ou la reprise de documents officiels». Pour leur part, les avocats de la partie civile ont rejeté «les justifications» avancées par les accusés, affirmant que «l'insulte et l'injure des personnes ne devrait pas être justifiées sous prétexte de la liberté d'expression». Les avocats de la partie civile ont sollicité, dans leurs plaidoiries, de condamner les accusés à verser 50 millions DA pour le dossier du wali d'Alger et 2 millions DA pour le dossier du directeur d'Ennahar. La défense des accusés a demandé, pour sa part, l'acquittement et la relaxe des journalistes, avançant la «nullité de l'action pour vices de forme, tant dans le PV de l'enquête que dans les procédures». Le parquet général près le tribunal de Bir Mourad Raïs avait requis auparavant, un an de prison ferme à l'encontre des journalistes. La procureure de la République a également demandé une enquête complémentaire dans cette affaire, dans laquelle le wali d'Alger et le président du Groupe Ennahar se sont constitués partie civile en introduisant, les 23 et 24 octobre dernier, une plainte contre les journalistes en charge du site électronique Algériepart pour diffusion d'articles contenant «diffamations, menaces et atteinte à la vie privée».